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Le 15 août à Canale-di-Verde : une tradition de partage !


Jeanne Leboulleux-Leonelli le Mardi 16 Août 2022 à 17:37

Autrefois, à Canale-di-Verde, le 15 août après la messe, les familles se réunissaient pour entamer la charcuterie de l’année : celle que les villageois avaient faite en décembre et janvier, après la tumbera. « J’en ai gardé un souvenir magnifique, raconte le maire Jean-Charles Castellani. C’était un moment de partage, de convivialité ! ».
Les temps ont changé et la tradition a fini par tomber en désuétude. Qui fabrique encore son prisuttu au village ? Il y a peu, cependant, la municipalité a cherché à renouer avec cette coutume qui permet aux habitants de la commune, plaine et village, de se retrouver. « Cette année, c’est la troisième fois que nous l’organisons », explique le maire.



Messe et procession
En fin d’après-midi, la messe a ainsi été célébrée dans l’église Saint Martin devant une assistance si nombreuse que tous n’avaient pu trouver de place assise. Les Patrizie qui avaient chanté la messe l’an passé avaient fait l’unanimité – d’autant que l’excellente acoustique de l’édifice avait encore magnifié leurs voix. Mais très sollicitées, comme tous les ans, dans les villages de l’île pour le 15 août, elles n’avaient pu se rendre disponibles cette année. C’est donc la voix de la soprano Karen Lorenzani, accompagnée par le pianiste et compositeur Yves Garric, qui a séduit tous ceux qui avaient fait le déplacement – avec, notamment, un bel Ave Maria en espagnol.
 
La statue a retrouvé ses mains
A la fin de la messe, les plus courageux parmi les fidèles ont escaladé les ruelles du village vers A Tozza, cette petite place qui domine Canale, lieu de départ de la procession. La vue époustouflante que l’on découvre de ces hauteurs, valait l’effort de la montée. De-là,  on domine en effet toute la plaine, avec une belle perspective également sur le village, ses maisons de pierre, son cimetière et, tout à côté, son banc repeint récemment en rouge, à la suite des événements qui ont endeuillé L’Isula il y a trois ans. « Comme d’autres communes de l’île, nous avons voulu en faire un symbole contre la violence faite aux femmes », explique le maire.
 
C’est là-haut que les attendait la statue de Marie restaurée l’an passé. « Elle a retrouvé ses mains ! Une personne bénévole a bien voulu se charger de la réparation, précise le maire. Elle se reconnaîtra ! » La procession a fait le tour du village, la statue tenue à bout de bras par une demi-douzaine de porteurs que venaient parfois épauler quelques renforts : d’autant que la pluie, qui était tombée en déluge durant la messe, avait rendu périlleux le chemin.
 
De retour sur le parvis de l’église, le prêtre a procédé à la bénédiction des quatre points cardinaux, la statue pivotant tour à tour dans chacune de ces directions aux cris de « Evviva Maria ! ». Le traditionnel Dio Salvi – avec Dumè Mattei aux côtés de Karen Lorenzani – a clôturé la cérémonie religieuse.
 
Un moment de partage
Comme le Ciel semblait épargner le village – alors que, tout alentour, on entendait l’orage tonner - les habitants se sont retrouvés sur la place de l’église pour y passer la soirée.
Signe des temps, ce n’est plus la charcuterie de tout un chacun qui était mise en partage. La municipalité avait fait appel – comme pour le 11 novembre – au traiteur Pascal. Pizze, migliacci préparés en direct, et autres petits fours, offerts par la municipalité, permettaient à chacun de se restaurer. “Un collectif de trois musiciens”, comme l’a expliqué avec humour le guitariste Fanou Torracinta bien connu des amateurs de jazz, a accompagné cette soirée en musique, mêlant styles et langues pour le plus grand plaisir des habitants du village…
Un bon moment de convivialité à l’usu nustrale, comme on en souhaiterait d’avantage…

Un nouveau duo sur notre île…

Originaire de San Nicolao, le pianiste Yves Garric est né à Nice où il a suivi les cours du conservatoire, y décrochant un premier prix. Également premier prix de composition du CNR de Nice, il a exercé sur le continent avant de rentrer en Corse en 2008 pour y créer l’École de musique de Costa Verde.
Auteur de trois œuvres pour orchestre symphonique, il a réalisé des arrangements de mélodies traditionnelles corses à l’intention des plus jeunes, ainsi qu’un petit opéra pour enfants sur la base du conte de Pierre Gripari, La sorcière de la rue Mouffetard. Les chants de cet opéra sont écrits en français, mais les parties parlées ont été traduites en corse avec l’appui de l’ADECEC.
Il s’est récemment associé à la soprano Karen Lorenzani que les amateurs de chant lyrique ont déjà eu l’occasion d’entendre chanter sur notre île.