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Laurent Ballesta à Bastia : "Plonger sur les anneaux du Cap avec Thomas Pesquet, le Prince Albert et Gilles Simeoni"


La rédaction le Mercredi 3 Novembre 2021 à 15:53

Sacré meilleur photographe nature de l’année 2021 par la 57e édition du “Wildlife Photographer of the Year”, le plus prestigieux concours de photographie de nature au monde, Laurent Ballesta, sera au théâtre de Bastia ce 4 novembre.. Invité par le parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate, le célèbre explorateur reviendra sur l’expédition Gombessa 6 qui l'été dernier l'a plongé à 120 mètre de profondeur pour essayer de percer le mystère des surprenantes structures circulaires au large du Cap Corse

CNI l'a rencontré avant son arrivée en Corse



Laurent Ballesta ©Caroline Ballesta, Andromède Océanologie, GOMBESSA 5
Laurent Ballesta ©Caroline Ballesta, Andromède Océanologie, GOMBESSA 5

- Vos expéditions reposent sur trois valeurs emblématiques : un mystère scientifique, un défi de plongée et la promesse d’images inédites. Le secret des anneaux de corail du Cap Corse a-t-il été percé ?
- Je crois qu’on tient une belle hypothèse sur leur origine, en tout cas on a compris que c’est beaucoup plus vieux que ce qui avait été dit jusqu’à là. Ce qu’on peut dire c ‘est qu’ils datent de plus de 20 000 ans et qu’ils sont l’héritage de quelque chose d’encore plus vieux. C’est à dire que ce que l’on voit là c’est peut être quelque chose qui épouse la forme de quelque chose qui est en dessous. Il faut sans doute remonter au dernier âge glaciaire quand cette zone était à fleur d’eau, très probablement dans les lagunes, dans des zones très peu profondes. Mais je m’avance beaucoup car lors de l’expédition on a fait des carottages, des prélèvements et tout cela est parti dans 23 laboratoires en Europe et on attend les résultats pendant hiver ou au printemps . Mais c'est seulement quand tous ces résultats seront réunis que l'on pourra formuler une hypothèse définitive et que l'on pourra comprendre. 

- Etes-vous satisfaits de ces premiers résultats ?
- Effectuer des carottages à 120 mètre de profondeur a constitué une première : on avait prévu que l’on n’y arriverait pas, donc on est déjà satisfaits. Si on a réussi c'est aussi grâce à la collaboration avec la Marine Nationale qui nous a offert des moyens fantastiques pour pouvoir être au bon endroit et parfaitement positionnés. Rien que ça pour je suis satisfait car c’était la première fois qu’une mission était réalisée à une telle profondeur. 
 
- Quels sont les premiers résultats de la mission ? Vous avez eu les réponses que vous cherchiez ?
- La piste volcanique revient le plus souvent mais on est encore au stade de l’intuition.  Je pense qu'on aura des réponses plus claires à la fin de l’année 2022, j’ai même l’intention de recommencer l’été prochain car, en plus des anneaux, il y a aussi une faune et une flore extraordinaires qu’on a trouvé et découvert à 120 mètres de profondeur. 
Même si on obtenu de bons résultats on a été dérangés par des conditions climatiques très mauvaises ce qui a écourté notre mission. On avait 20 jours de mission y compris les 4 jours de décompression comme il faut faire en cas de plongée à saturation, sur les 16 jours qui restaient on a pu monter au Nord du Cap seulement 8 fois et pendant ces jours  on a du interrompre les explorations à deux reprises. Le paradoxe c’est donc que en si peu de temps on a réussi a ramener plein de nouvelles découverts surtout au niveau de la biodiversité.
 
- Les autres découvertes pendant les 20 jours à 120 mètres de profondeur ?
Une des motivations qui nous incité à y retourner c’est de continuer à creuser pour tenter de percer l’origine des anneaux mais aussi de continuer à observer, inventorier et illustrer la biodiversité de cette zone qui est magnifique. A toutes les plongées je suis revenu dans la station avec des découvertes, des créatures qui n’avaient été jamais illustrées vivantes jusqu’à là. Au  total 10 espèces vivantes jamais illustrées et deux espèces nouvelles qui sont en cours d’identification et plusieurs espèces rares ont été observées. Mais ça c’est normal et merveilleux, c'est un récif préservé...
 
 
- Quel est la prochaine expédition, le prochain mystère que vous allez essayer de résoudre ?
- Je suis mono projet, pour l’instant je voudrais me donner les moyens de réussir à retourner en Corse l’été prochain pour les anneaux du Cap Corse mais aussi pour le projet autour de l’Ange de mer le long de la Côte Orientale qu'on a découvert il a deux ans. Mais je n’ai pas encore trouvé les moyens : la recherche ce n’est pas qu’une histoire d’envie... Mais on crée, néanmoins de l'enthousiasme autour de cette mission... Il y a par exemple une société américaine qui crée de petits sous-marins de poche en verre où on rentre à deux ou trois qui est prête à nous mettre à disposition deux ou trois de ses engins pour nous permettre de continuer les investigations. L'été dernier nous n'avons travaillé que sur une dizaine d’anneaux alors qu'il y en a plus de 1 000. Je pense que grâce au sous-marin on aurait une observation moins pointue mais on pourrait avoir une idée de l’ensemble. Ce serait peut-être, aussi, l’occasion d'y amener des personnalités de premier plan.

- Par exemple ?
- Thomas Pesquet qui a adoré notre mission. Il  n’est pas impossible si son agenda de cosmonaute le lui permet, qu'il plonge avec nous. Mais j’espère faire descendre Gilles Simeoni et,- pourquoi pas - le Prince Albert de Monaco qui a été un partenaire financier important pour la mission et aussi, bien sur, des scientifiques, des géologues parce que le mystère des anneaux n'est pas q'une affaire de biologiste comme  je suis.
 

- Biologiste, plongeur et photographe explorateur : comment vous définissez-vous ?
-
Je suis surtout curieux de nature. Je suis intéressé par le mystère : je veux comprendre et découvrir, notamment la notion de mystère du monde marin.

​- Qu'est-ce qu'on verra demain à Bastia ?
- A Bastia je viens montrer des images inédites de la mission. On va, en effet, les découvrir pour la première fois. Et c'est à ne rater sous aucun prétexte !
 

 

Rendez-vous ce jeudi 4 novembre au théâtre de Bastia

Ce Jeudi 4 novembre 2021 à 20h30, le célèbre plongeur explorateur sera l'invité du Parc pour offrir au public une plongée saisissante dans les profondeurs du Cap Corse, à la découverte de parcelles de vie jusque-là insoupçonnées. A travers de nombreux clichés inédits ramenés des profondeurs, la projection-conférence invitera le public à partager l’expérience de cette équipe d’aventuriers scientifiques pendant la campagne d’exploration sous-marine exceptionnelle qui s’est déroulée cet été au large du Cap Corse : Gombessa 6.

Cette campagne, qui a mobilisé d’importants moyens scientifiques et techniques, y compris l’affrètement d’un navire de la Marine Nationale, a permis d’explorer pour la première fois en plongée les zones crépusculaires des fonds marins du Cap Corse, entre 80 et 120 mètres de profondeur, et tenter de percer le mystère des atolls de coralligène, une formation unique en Méditerranée.

L'expedition Gombessa 6

Le 1er juillet dernier a marqué le lancement de Gombessa 6 "Mission Cap Corse" menée par Laurent Ballesta, chef d'expédition sous-marine, biologiste et photographe. Accompagné de trois autres aquanautes, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Roberto Rinaldi, ils se sont engagés dans une nouvelle expédition scientifique afin de percer le mystère des anneaux de corail découverts il y a dix ans dans le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate dans une zone de 4 km² entre 110 et 120 m de fond.  


Cette expédition utilise une technique d’accès au monde sous-marin tout à fait originale et développée il y a deux ans lors de l’expédition Gombessa 5 « Planète Méditerranée » : le mariage de la plongée à saturation avec la plongée autonome en recycleur qui permet des excursions libres sans paliers de décompression, ceux-ci étant effectués en une seule fois dans le caisson à la fin de la mission de 3 semaines. 
L’inconvénient ? Il faut respirer un mélange gazeux composé de 94 % d’hélium et 6 % d’oxygène et vivre à quatre dans une station bathyale, un caisson pressurisé de 5 m², maintenu en surface, dont les plongeurs sortent 1 à 2 fois par jour grâce à une tourelle ascenseur. 
Atolls de coralligène ©Laurent Ballesta Gombessa Expéditions
Atolls de coralligène ©Laurent Ballesta Gombessa Expéditions