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La grande criminalité, "un mal endémique" en Corse pour le préfet Pascal Lelarge


Julia Sereni le Mercredi 2 Février 2022 à 18:49

Les chiffres de la délinquance en Corse-du-Sud pour l’année 2021 sont tombés. Si le département connait une baisse de la petite et moyenne délinquance, la grande criminalité reste « un mal endémique », selon les mots du préfet de Corse Pascal Lelarge.



Le préfet de Corse Pascal Lelarge et le procureur de la République d’Ajaccio Nicolas Septe ont dévoilé le bilan de la délinquance en Corse-du-Sud pour l'année 2021. Photo : Julia Sereni
Le préfet de Corse Pascal Lelarge et le procureur de la République d’Ajaccio Nicolas Septe ont dévoilé le bilan de la délinquance en Corse-du-Sud pour l'année 2021. Photo : Julia Sereni
2021 aura été une année « atypique » à bien des égards. Et le paysage de la délinquance n'a pas fait exception. C’est en tout cas le bilan que dressent le préfet de Corse Pascal Lelarge et le procureur de la République d’Ajaccio Nicolas Septe. Les mesures de restrictions liées à la crise sanitaire ont eu, tout comme l’année précédente, « un impact direct sur les faits constatés ».

La petite et moyenne délinquance en baisse

« On a une diminution de la notion de petite et moyenne délinquance, mais cela cache une réalité très différente », analyse Nicolas Septe. Ainsi, concernant les atteintes aux biens, qui recouvrent le vol, l’escroquerie ou encore la dégradation, on constate une baisse de 7,4% par rapport à 2020. Les cambriolages ont également fortement diminué : 279 en 2021 contre 389 en 2020, soit une baisse de 28,3%. Un net recul qui s’explique, en partie, par « l’effet Covid », mais « pas que », selon le préfet.

Ce dernier dresse toutefois le constat d’une « société beaucoup plus violente au quotidien ». Pour preuve, les vols avec violences enregistrent une hausse « significative », puisque l’on passe de 20 faits en 2020 à 41 en 2021. De même, les atteintes à l’intégrité physique ont augmenté de 9,8%. « C’est une tendance un peu générale au plan national », commente Pascal Lelarge. « On a le sentiment que la société s’est ancrée dans cette violence et la Corse n’y échappe pas », confirme Nicolas Septe.

Les violences intra familiales stables

En augmentation durant les périodes de confinement, les violences intrafamiliales sont « stables » en 2021 en Corse-du-Sud… mais par rapport à 2020. « Il est donc difficile de dire si le mal est traité ou non, et j’aurais tendance à dire que cela doit être amélioré », indique le procureur.
 
Et pour ce faire, Nicolas Septe travaille à l’ouverture d’une unité médico-judiciaire à l’hôpital d’Ajaccio, destinée à réaliser les examens médico-légaux des personnes victimes de violences. Le calendrier est envisagé pour « le premier semestre 2022 ». L’objectif affiché est également de recruter un médecin légiste « au bénéfice de toute la Corse ».

Stupéfiants et armes, une activité toujours importante

Les « stups » mènent une activité « assez soutenue », selon le préfet. « Tout le monde s’y met, tous les services. » Un travail qui a permis de saisir, notamment, près de 130 kilogrammes de cannabis et 4 kilogrammes d’héroïne sur l’année. « Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », commente Pascal Lelarge. « Nous avons conscience que la consommation est importante et qu’elle constiue un ressort de la criminalité », analyse-t-il.
 
L’activité en termes d’armes est, elle aussi, très importante : 696 armes ont été saisies sur l’ensemble de l’île en 2021, contre 561 l’année précédente. « On a quand même un problème avec cette présence d’armes dont un grand nombre dites de poing, qui ne sont pas la propriété de tireurs sportifs », ironise le préfet.

La grande criminalité à la hausse

Statistiquement parlant, les attentats et tentatives d’attentats suivent une tendance à la hausse : 7 en 2021 contre 5 en 2020, pour un total de 11 faits sur la Corse entière. L’un d’entre eux, la tentative d’attentat à Capo di Feno, a été classifié en attentat terroriste, puisqu’il a été revendiqué.
 
Le préfet dénombre par ailleurs 6 homicides et 7 tentatives en Corse-du-Sud, contre 3 homicides et 5 tentatives en 2020. « Ce n’est pas le niveau que nous avons connu il y a plusieurs années mais cela reste une singularité et un niveau élevé », indique Pascal Lelarge. « C’est un mal endémique qui n’a pas disparu, les réseaux criminels restent présents », poursuit le préfet. Et pour cause, le représentant de l’État déplore une « difficulté à conduire les investigations, à recueillir les dépôts de plaintes ». Sur l’année, on compte 8 millions d’euros saisis en avoirs criminels sur toute la Corse.