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Dominique Mauny, LFI : « Nous voulons construire une véritable alternative à gauche »


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 18 Mai 2022 à 17:30

Dominique Mauny portera les couleurs de la Nouvelle Union Populaire (NUPES) de Jean-Luc Mélenchon dans la 1ère circonscription de Haute-Corse lors des élections législatives des 12 et 19 juin. Novice en la matière, Dominique Mauny veut incarner la branche populaire d'une politique qui parle à tous avec un objectif à moyen terme : replacer la gauche insulaire sur l'échiquier politique. Elle explique à Corse Net Infos qu'avec son suppléant, Karl Tomasi, elle veut replacer les urgences sociales et écologiques au centre du débat politique, en Corse comme au sein de l'Assemblée Nationale.



Dominique Mauny est novice en politique mais a tenu à s'engager face aux urgences sociales et écologiques. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Dominique Mauny est novice en politique mais a tenu à s'engager face aux urgences sociales et écologiques. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
 - Vous vous présentez comme une femme novice en politique, travaillant dans le milieu associatif. Pourquoi avoir sauté le pas et vous présenter à une élection ?
 - Je pense qu’il y a de telles urgences écologiques, sociales et politiques que chacun d’entre nous doit s’y intéresser et est légitime pour participer à la vie politique et à ces élections.

- Pourquoi le faire pour ce scrutin des législatives et pas un autre ?
- Nous serons présents dans les scrutins à venir. Simplement, nous avons créé, il n’y a pas très longtemps, un groupe d’action qui était un peu en sommeil en Haute-Corse et qui a été réactivé pour la campagne présidentielle. Nous n’étions qu’une dizaine, aujourd’hui nous explosons grâce à la centaine de militants actifs qui nous ont rejoints.

 - Cette élection revêt-elle un enjeu particulier ?
 - L’enjeu est d’avoir un député de plus pour représenter la NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) et d’acter une présence en Corse pour y refonder la gauche. Nous voulons construire une véritable alternative à gauche en y intégrant la question écologique, comme l’a fait la France Insoumise au niveau national.

 - Quels seront vos principaux thèmes de campagne ?
 - La question sociale bien entendu. La Corse est la région de France avec le taux de pauvreté le plus élevé, c’est donc un point essentiel. L’écologie évidemment, car nous entrons dans une ère d’incertitudes et de difficultés.

 - Au niveau national, l’Union populaire de Jean-Luc Mélenchon et les communistes du PCF se sont rassemblés avec d’autres partis de gauche sous la bannière NUPES. Pas en Corse. Qu’est-ce qui coince ?
- Et bien, je ne sais pas ! Pour l’instant, nous avons des contacts avec le parti communiste, mais nous n’avons pas abordé ces questions. Je pense que nous sommes très proches les uns des autres au niveau des valeurs et des idées. C’est un travail qu’il nous reste à faire comme avec d'autres formations politiques en Corse. Notre ambition est d’être le pôle de rassemblement de toutes les forces émancipatrices politiques corses comme a pu l'être la France Insoumise au niveau national.

 - Il se dit que le sujet de l’évolution institutionnelle de la Corse ne ferait pas consensus entre vos deux formations …
 - C’est probablement ce point-là qui pose problème ! Pour avoir un accord politique, il faut construire un socle commun suffisamment cohérent pour tous, et il n’y a pas de raison que nous n’y arrivions pas.

- Justement, que pensez-vous d’une autonomie pour la Corse ?
- Il faut donner plus de pouvoirs aux régions. Je souhaite qu’on puisse discuter de la sixième République car cette question d’autonomie y serait débattue. Cela pourrait apporter de l’apaisement dans un conflit entre la Corse et Paris qui dure et qui a meurtri l’île.

 - Une fois au Palais Bourbon, quelle serait votre posture ? La Corse avant tout, ou allez vous coller à la ligne de Jean-Luc Mélenchon ?
 - Il y a quand même des personnalités assez marquées au sein de la France Insoumise et chacun arrive à trouver sa place ! Un député a la liberté de vote et suit ses convictions. J’ai du mal à envisager les choses sous l’angle de la Corse d’abord. Évidemment que l’île a des spécificités à défendre, mais ses problèmes sont liés à ce qu’il se passe au niveau national. Se battre pour un SMIC à 1 500 euros et pour une bifurcation écologique nous concerne évidemment. Nous avons besoin de lois et de directions nationales pour avancer au niveau local.

 - Dans votre programme, vous vous attaquez à un problème majeur en Corse : la cherté de la vie et le prix des carburants. Comment comptez-vous faire baisser les prix ?
 - Nous avons rencontré le Collectif contre la cherté des carburants qui pointe la situation de monopole en Corse. Dans ce cas, il existe, dans le Code du commerce, une possibilité pour l’État de bloquer les prix.

- Baisser les taxes n’est pas une solution envisageable ?
- Le blocage des prix est plus adapté car il ne provoque pas une baisse des salaires, mais bien des dividendes. C’est quand même sur ce point que nous avons des réserves importantes.

 - Au 1er tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est arrivé 3ème avec plus de 13 % des voix en Corse, derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pensez-vous réussir à renverser la vapeur face au Rassemblement National ?
 - Bien sûr, car les valeurs de l’Extrême-droite sont très dangereuses ! Nous allons continuer de convaincre du bien-fondé de notre alternative pour le changement. Une alternative crédible, démocratique, écologique. Tout le contraire de ce que propose l’Extrême-droite !

 - Vous vous présentez dans un fief nationaliste où le candidat sortant, Michel Castellani, est considéré comme favori. Quel bilan dressez-vous de sa députation ?
- Les députés nationalistes ont bien travaillé au sein de l’hémicycle et ont fait avancer la cause de l’autonomie. Mais cette dernière doit aussi se faire dans le domaine alimentaire, énergétique, et il faut aussi aller sur le terrain, même si je trouve qu’ils ont fait un travail intéressant.

 - Sont-ils trop centrés sur la Corse pour vous ?
 - On pourrait dire ça oui !

 - Vous êtes accompagnée par votre suppléant Karl Tomasi. C’est la caution jeunesse de votre candidature ?
 - C’est tout sauf ça ! C’est un jeune très sincère et investi dans la politique. Ce qui me donne beaucoup d’énergie, c’est aussi toute cette jeunesse qui nous rejoint. Et c’est un bel espoir pour l’avenir.

Dominique Mauny et son suppléant Karl Tomasi espèrent porter haut les couleurs de l'Union Populaire de Jean-Luc Mélenchon. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Dominique Mauny et son suppléant Karl Tomasi espèrent porter haut les couleurs de l'Union Populaire de Jean-Luc Mélenchon. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti