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Il y a 42 ans les légionnaires du 2e REP de Calvi sautaient sur Kolwezi


Jean-Paul-Lottier le Mercredi 20 Mai 2020 à 11:10

Il y a 42 ans, le 19 mai 1978, le 2e Régiment Etranger de Parachutistes de Calvi sautait en deux vagues sur Kolwezi avec pour mission de sauver des européens et zaïrois pris en otages par des rebelles Katangais. Cette opération surprise baptisée "Bonite" aura une répercussion internationale. 2 800 ressortissants ont été libérés par les légionnaires qui ont fait preuve de bravoure. Deux anciens de Kolwezi, aujourd'hui retournés à la vie civile témoignent.



Départ de la base aérienne de Solenzara Photos DR
Départ de la base aérienne de Solenzara Photos DR

Il y a 42 ans que le 2e REP de Calvi sautait sur Kolwezi au Zaïre (aujourd'hui Republique Démocratique du Congo) pour libérer des otages européens retenus dans la ville minière de Kolwezi par des rebelles katangais.
Une  opération décidée par le Président de la République de l'époque Valery Giscard d'Estaing, à la demande du Président zaïrois Mobutu Sese Sekp.
Cette opération d'envergure avait pour objectif de sécuriser la ville aux mains des rebelles katangais du Front de Libération du Congo décidés à renverser le pouvoir en place et de libérer les Européens piégés sur place.
Une opération menée en un éclair par les légionnaires parachutistes qui ont quitté leur casernement de Calvi pour la base aérienne de Solenzara où des avions d'UTA attendaient pour décoller.
Cette opération surprise baptisée Bonite a été couronnée de succès avec 2 800 ressortissants  libérés par les légionnaires qui ont fait preuve d'une grande bravoure. Une opération au cours de laquelle 250 rebelles ont été tués et où 5 légionnaires sont morts au combat. .
Parmi les anciens qui ont sauté sur Kolwezi, nous avons pu contacter Jean Rodet-Loew, ancien Major qui a quitté le régiment pour une retraite bien mérité. Il raconte:

" Voilà effectivement effectivement 42 ans qui nous sépare de cette aventure. Depuis le retour du Tchad en 1970, le REP se préparait pour la prochaine opération dont on ne savait ni la date ni le lieu ni l'heure. Tout le monde s'entraînait en Balagne et en Corse en priorité pour être prêt le jour fatidique. Le 17 mai 1978 l'alarme sonne tout le monde pense à un exercice où bien une alerte au feu... Non c'est le déclenchement de l'alerte Guépard. Ça court partout même si c'est un exercice. Mais là c'est vrai tout le monde rentre au camp Raffalii les stagiaires sont rappelés. A minuit la sirène retentit et là c'est parti direction la base aérienne de «  Zara », où le colonel Erulin,ancien chef de Corps surnommé "le sphynx" nous annonce la mission au Zaire"  commente t-il avec passion, avant de poursuivre:

"Nous avions mis en pratique ce que nous avions appris à l'entraînement en Corse

"  Là tout va très vite les avions décollent direction Kinshasa. Arrivé sur place c'est un peu le "bololo" avec  des avions en panne et il y en a pas assez donc,  il y aura deux  vagues. Pour ma part je serai dans la 2ème. Après moultes  changement nous embarquons dans un avion de ligne l avec des civils,  direction un autre aéroport plus proche de Kolwezi. Arrivé à Kamina c'est encore le brin pas de moyens pour débarquer donc se seront les pompiers qui viendront avec leurs échelles. Super l'organisation. Enfin nous nous équipons et embarquons pour le saut de nuit sur cette terre inconnue.
Au sol tout va bien, je suis assis en face du Lieutenant colonel Lqrzul adjoint du colonel Gras l'AD de Kynshasa. Contact avec le colonel Erulin qui donne l'ordre d'annuler le largage de nuit par sécurité et le reporté au lendemain matin. Posé Kamina nuit très courte au cul des avions réveil très tôt. Puis décollage de nuit arrivé sur la DZ le soleil se lève juste. Pas d'inspection par les largueurs chacun inspecté celui qui est devant. Tout va très vite le vert la porte et une descente très rapide. Au sol un seul souci retrouver les copains pour moi ce sera mon chef de groupe le caporal-chef  Benoît. La section se regroupe très vite, comme lors des entraînements à Calvi et Borgo. Deux blessés le leg 1cl Becker et le caporal Munoz et une gaine qui a fait tapis donc un mortier détruit. On n'en retrouvera vite plusieurs sur le terrain. Puis quelques heures après le premier véritable accrochage où l'on tire nos premiers obus une soixantaine et l'assaut de la 2 e Cie pour coiffer le tout. Nous avons juste mis en pratique ce que l'on avait appris à l'entraînement. Tout y était avec aussi l'appréhension et les risques toujours possibles avec un ennemi qui fuyait. Nous aurons d'autres actions notamment au profit de la 4ème Cie. Au retour tout le monde savait ce que l'on faisait à la section mortiers 81mm de la Cie d'appui et d'éclairage". 

Hommage à nos morts et blessés dans cette opération "Bonite"

Même émotion pour le Sergent Jonathan Harris alors âgé de 27 ans, aujourd'hui retiré en Auvergne:
"" Le temps passe vite mais les souvenirs demeurent. Je faisais effectivement partie des légionnaires qui il y a  42 ans ont sauté sur Kolwezi, en deux vagues, (632 parachutistes du 2eme Régiment Étranger de Parachutistes) pour sauver une population prise en 'otage' et partiellement massacrée. 
Dans mes souvenirs, je me rappelle que mon tireur FM était fatigué et que j'ai donc pris la relève avec  la mitrailleuse
L'efficacité et l'audace de l’opération a sauvé des centaines de personnes et a rétabli la paix dans le secteur minier de la province de Shaba au Zaire (RDC). Mais, malgré la rapidité et le bon fonctionnement de notre 'assaut aérien' il y a eu beaucoup de victimes civiles, européennes pour la plupart. On n’oubliera jamais leurs souffrances, ni la souffrance des familles rescapées de cet enfer, leur mémoire brûlée à vif par des scènes d'atrocités et d'horreurs dont ils ont échappé.
Honneur et hommage aussi à nos morts et nos blessés pendant cette bataille baptisée ‘Opération Bonite’.