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La passion du couteau artisanal corse avec le calvais Jonathan Albini


Jean-Paul-Lottier le Samedi 8 Août 2020 à 20:10

Nouvelle étape de "un métier, une passion" avec Jonathan Albini que nous avons suivi à Calvi dans ses ateliers lors de la réalisation d'un couteau artisanal traditionnel corse



Polissage de la lame du couteau (Reportage photos Eyefinity Prod / Kévin Guizol
Polissage de la lame du couteau (Reportage photos Eyefinity Prod / Kévin Guizol

C'est un passionné, un hyper doué. Ses mains se transforment en or lorsqu'il décide d'enfiler son tablier de cuir, de mettre ses lunettes de protection et de pénétrer dans l'atelier et la forge qui furent jadis les lieux de prédilection de son papa Jean-Marie, pas peu fier aujourd'hui de voir son fils Jonathan réaliser son rêve: devenir coutelier.
Le fait d'être autodidacte, Jonathan le revendique, il s'en sert même
" Tout petit j'étais attiré par l'atelier de mon père qui était très bricoleur et qui en qualité d'ancien armurier utilisait beaucoup la forge et l'enclume. Je ne pouvais m'empêcher d'utiliser les outils et à chaque fois il s'agaçait car je ne rangeait rien" précise d'un ton malicieux Jonathan Albini, devant son père qui aujourd'hui l'encourage à aller de l'avant, à exprimer son talent.
"J'ai réalisé et je réalise encore de nombreux objets avec des matériaux de récupération comme des meubles, vitrines lampes et autre, mais ma véritable passion, c'est bien celle de la fabrication de couteau artisanal fattu in case ".
En Corse, le couteau est le quotidien de tout un chacun. Dans les familles la  tradition veut même qu'un adolescent en reçoive un en cadeau, et qu'en échange il offre une  petite pièce!
Jonathan serait prêt à parler des heures et des heures de cette passion, mais ce qu'il veut avant tout c'est s'exprimer, montrer ce dont il est capable.
Nous avons donc décidé de le suivre du début à la fin dans la réalisation d'un couteau qu'il va réaliser de façon méticuleuse, respectant toutes les étapes d'une technique apprise sur le tas.
La matière première pour le manche il l'a démarche auprès des bergers du coin pour récupérer les cornes mais il travaille aussi le bois d'olivier qu'il aura au préalable séché deux mois. Pour la lame il avoue que sa matière de prédilection c'est la lame de ressort de camion. " C'est un très bon acier qui de plus se travaille très bien" ajoute notre coutelier avant de poursuivre: 
Certains travaillent d'abord le manche, personnellement je préfère me consacrer à la lame pour ensuite y adapter le manche. Je fait appel à son sens de créativité à mon émotion du moment , je n'utilise pratiquement pas de plans".
Le four est chauffé à bonne température. Ensuite, c'est à moi de jouer entre le feu et l'enclume. Je forge ma lame à une température qui varie de 850 à 950°. Une fois la forme que je souhaite lui donner, je passe à une autre phase très importante celle de la trempe dans une huile d'olive portée à 750-800° qui définit la couleur orange.  Cette phase est la plus importante, c'est elle qui donne la qualité..

Toutes ces matières réalisées, Jonathan passe à l'atelier et c'est là que la magie opère.
Le polissage de la lame intervient, il doit être précis et gradué pour éviter que la lame soit moins résistante à un endroit d'un autre. Le manche habille la lame. Perfectionniste jusqu'au bout, Jonathan n'est pas content de la forme donnée au manchon, sans hésiter il recommencera, toujours avec ce même calme et cette précision qui laisse admiratif
Casquette vissée sur la tête, Jonathan relâche la pression, la sueur est là, tout comme la sensation du devoir accompli.
Pour la confection à proprement dite de ce couteau, il aura fallu plus de quatre à Jonathan pour obtenir le résultat qu'il voulait.
Jean-Marie Albini a suivi le fiston et, loin de son regard  il n'est pas avare de compliments.
Oui la relève née d'une passion est bien là.
Chapeau l'artiste!