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Bac 2023 en Corse. Jean-Philippe Agresti : "Tout est mis en œuvre pour que le Bac se tienne, ce lundi dans l’académie"


M.V. le Dimanche 19 Mars 2023 à 20:17

Le baccalauréat 2023 débute ce lundi 20 mars. Pour la première fois, les élèves de terminale passeront en mars les nouvelles épreuves de spécialité issues de la réforme de 2019, après trois ans de perturbation dues à la pandémie de Covid-19. A la veille de cette journée si importante pour près de 2 200 élèves de terminale, CNI a rencontré le recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, pour savoir si, dans l’académie, le bac aura-t-il bien lieu malgré les grèves contre la réforme des retraites. Et face aux menaces de grèves des surveillants pour les épreuves de spécialités, quelles mesures le ministre a-t-il prévu pour rassurer les étudiants ?



Jean-Philippe Agresti recteur de l'Académie de Corse
Jean-Philippe Agresti recteur de l'Académie de Corse
- Cette année, ce sera la première fois que les lycéens passeront les épreuves de spécialité en mars. Est-ce un gros enjeu pour la note finale et pour le dossier Parcoursup ?
- Juste un petit historique. Quand la réforme du Bac a été mise en œuvre, immédiatement derrière il y a eu la crise Covid. Alors ce n'est pas la première fois que des élèves passent les épreuves de spécialité, mais c'est la première fois qu'ils les passent en mars, c'est-à-dire à la date initialement prévue. Finalement, c'est la première année que nous avons un bac normal aux dates normales, telles qu'elles étaient prévues par la réforme. L'idée, c'est qu'il y ait une cohérence entre le choix des spécialités et le choix ensuite du parcours dans l'enseignement supérieur. Donc, le fait d'avoir ces épreuves en mars permet d'avoir des résultats en avril et de les intégrer à  Parcoursup, c'est-à-dire au moment où les responsables d’admission des formations post-bac des établissements d'enseignement supérieur commencent à regarder les dossiers et faire les choix. 

Qu'est-ce c'est qui change concrètement ? 
- Jusqu'à maintenant, comme il y avait concomitance entre l'admission dans l'enseignement supérieur et les résultats du bac, seulement le contrôle continu était pris en compte sur Parcoursup. Les équipes, qui regardent les dossiers des étudiants dans l'enseignement supérieur, ne pouvaient pas pleinement prendre en compte les notes de spécialité obtenues au bac. Cette année, pour la première fois, ces notes pourront être prises en compte. 

- La tenue de ces épreuves de spécialité en mars est décriée, par de nombreux syndicats d’enseignants estimant qu’elles arrivent trop tôt dans l’année et que les élèves n’ont pas eu suffisamment le temps d’assimiler le programme. Que répondez-vous à ces critiques ? 
- J'entends les critiques nationales, mais concernant l'académie de Corse, nous nous assurons toute l'année avec les enseignants, les chefs d'établissement, les inspecteurs d'académie et les inspecteurs pédagogiques, que les programmes avancent au rythme où ils doivent avancer. On a eu une année scolaire sereine, tous les enseignements ont eu lieu, tous les programmes ont été faits donc, pour l'académie de Corse, je peux affirmer que l'intégralité des programmes a été vue en cours. Nos élèves sont prêts.

- Ce nouveau calendrier a aussi été critiqué par les élèves qui se disent "pas prêts et ce, dans toutes les disciplines". Comment les rassurer ?
- Quand on a 16, 17 ou 18 ans, c'est normal de s'inquiéter pour son avenir, je crois qu'on l'a tous été. N'oublions pas non plus que pour beaucoup, c'est le premier vrai examen puisque cette génération a connu le Covid et c'est la première fois qu'elle est confrontée à un vrai examen. Je pense que cette formule du Bac, qui consiste d'abord à faire passer les épreuves de spécialité, prises en compte sur Parcoursup et ensuite passer le grand oral, puis l'épreuve de philosophie, étale dans le temps les épreuves et cela est très positif. D'abord, les élèves n'ont pas toutes les épreuves en même temps, ce système leur permet à la fois de préparer deux épreuves, puis de continuer leurs cours, de souffler, puis d'en préparer d'autres et de continuer à améliorer leur dossier par le contrôle continu. 

- En ayant des épreuves si tôt dans l'année, n'y a-t-il pas le risque que les élèves lâchent un peu l'affaire ? 
- On oublie parfois que le baccalauréat est le premier diplôme de l'enseignement supérieur, donc ce sur quoi nous portons notre effort. C'est ce lien entre enseignement secondaire et enseignement supérieur avec ce qu'on appelle "le moins trois plus trois" , de la seconde à la troisième année de licence. Avec cette réforme, nous avons donc renforcé ce passage et les deux mois et demi, qui vont de mars après les épreuves de spécialité jusqu'à la mi-juin, permettent de compléter le programme et surtout de commencer à travailler dans un esprit d'enseignement supérieur. Pendant ces mois, le travail va consister à commencer à acculturer les jeunes à l'enseignement supérieur, ce à quoi ils vont être confrontés d'ici quelques mois. Et puis n'oublions pas qu'il y a quand même une épreuve de philosophie et le grand oral qui n'est pas totalement déconnecté des épreuves de spécialité, mais il y est adossé. L'élève, qui courrait le risque d'abandonner après les épreuves de spécialité, courrait le risque d'affaiblir son potentiel pour le grand oral. Evidemment, puisque c'est la première année qu'on passe le Bac dans ces conditions, à la fin de l'année, nous regarderons et nous tirerons le bilan de tout ce qui s'est passé.

- Malgré les menaces de grève contre la réforme des retraites, à votre avis, le Bac aura-t-il lieu ce lundi dans l'académie ? 
- Tout est mis en œuvre pour que le Bac se tienne, tout est organisé pour parer à toutes les difficultés en termes de nombre de surveillants et d'organisation d'accès aux établissements. Moi, j'ai confiance. Le droit de grève est un droit qui ne peut pas être contesté. Mais je connais aussi la responsabilité et l'engagement des équipes pédagogiques de l'académie. Ces enseignants, ces équipes ont préparé leurs élèves depuis la sixième et ils arrivent au bout d'un chemin que professeurs et élèves ont vécu ensemble. Et je sais que cette grande responsabilité, cet attachement à la réussite des élèves, feront que les épreuves se passeront bien et encore une fois, indépendamment de ce qui pourrait se passer par ailleurs ou indépendamment de la position de chacune et de chacun. Je sais que nos équipes sont responsables, je sais qu'elles sont attachées aux élèves et je crois que ce baccalauréat se passera dans la sérénité parce que nos enseignants ont fait un gros travail avec les élèves et ils seront fiers de les voir passer ces examens et réussir. 

- Cependant, face aux menaces de grèves des surveillants, le ministre a prévu trois mesures spéciales pour rassurer les étudiants. Lesquelles ? 
- Le Baccalauréat est un grand moment de la vie de notre nation. Tout le monde est mobilisé. Au niveau national, 536 000 familles sont concernées. Sur l'île, ce sont 2190 familles, plus les équipes enseignantes, qui vont vivre au rythme du Baccalauréat. Donc, nous mettons tout en place pour qu’il n'y ait pas un seul grain de sable dans la machine. Comme à comme à chaque Bac, nous sommes en posture "cellule de crise", c'est-à-dire que si, dans n'importe quel centre d'examen pour n'importe quelle raison, il y a un problème, il faut que dans la seconde nous puissions réagir. Nous nous donc sommes déjà organisés pour pallier toutes les éventualités. Mais effectivement, il y a quelques mesures supplémentaires : nous avons renforcé encore plus que d'habitude le nombre de surveillants. En cas de retard des candidats dû à des grèves de transports, les candidats pourront continuer à travailler après la fin officielle de l’épreuve.