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40 ans de l'Université de Corse : Jacques-Henri Balbi deux fois président en l'espace de 10 ans

"A sa création on avait l’impression de participer à un processus collectif d’amélioration de la société insulaire"


Livia Santana le Lundi 25 Octobre 2021 à 20:21

Le 26 octobre 1981, après des années de lutte militantes, l'Université de Corse voit le jour à Corte. A la veille de son 40ème anniversaire, Jacques-Henri Balbi, président de la faculté à ses débuts revient sur les premières heures de l'Università à laquelle la majorité des Corses ne croyaient pourtant pas. Ce pionnier de l'Univerité, quii a été deux fois président, raconte.



Image illustration CNI
Image illustration CNI
Jacques-Henri Balbi, professeur de physique Bastiais en poste depuis une quinzaine d’années à la faculté de Franche-Comté a attendu impatiemment ce moment. En 1981, l’université de Corse ouvre ses portes à 711 étudiants et à 36 ans, l’enseignant-chercheur va, enfin, pouvoir rentrer chez lui. « Je travaillais dans une université avec un gros laboratoire qui marchait bien. Mais là-bas j’étais un parmi mille autres. A Corte, je savais que je pouvais apporter ma contribution; alors je guettais l’ouverture de la fac pour candidater. J’avais prévenu ma femme, que dès que l'Université verrait le jour, je rentrerai », se remémore le professeur émérite, maintenant âgé de 76 ans. 
 
Le professeur a toujours cru en l’université de Corse, quitte à parfois se confronter au scepticisme de la majorité de l’île. « Au début, seuls les Nationalistes allaient à l’université Pasquale Paoli. Il y avait une contradiction importante entre un mouvement militant très fort et une population qui présentait une certaine réserve face à sa création », se souvient-il. Lui y a toujours vu une véritable opportunité pour l’île et sa jeunesse. « Au-delà du côté historique et identitaire de l’Université de Paoli, je sentais la possibilité d’aller dans le sens du progrès. Économiquement, la Corse était peu viable, elle manquait d’un levier de développement, l’université incarnait cela, poursuit-il avant de confier, on avait l’impression de participer à un processus collectif d’amélioration de la société insulaire. »

Jacques-Henri Balbi, président de l'Université de Corse à partir de 1987
Jacques-Henri Balbi, président de l'Université de Corse à partir de 1987
Après six ans d’enseignement sur les bancs de la fac, en 1987 vient la consécration pour le Bastiais. Il succède à Jacques Brighelli à la présidence de l’università. A ce moment-là, il n’a qu’un rêve : favoriser une économie post-industrielle en formant les futurs cadres dans les filières proposées soit le droit, la capacité, l’enseignement 1er degré, les langues étrangères appliquées et les sciences. Fervent défenseur du progrès, il crée sous sa présidence le Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (CRIT). Jusqu’à la fin de son premier mandat en 1992, l’homme va promouvoir l’université.
En 1997, il succédera pour un second mandat à Antoine-François Bernardini. Seize ans se sont écoulés depuis l’ouverture de la fac et les mentalités ont déjà changé. « La société avait plutôt accepté l’université donc on a pu se focaliser sur la phase de construction de la recherche », explique Jacques-Henri Balbi. 
 
 
Un avenir dans l’innovation 
 
Quarante ans plus tard, on peut dire que le pari de l’ancien président et des autres pionniers de l’Università di Corsica est gagné. Les nationalistes en place, Gilles Simeoni, Nanette Maupertuis, Jean-Christophe Angelini, Jean-Guy Talamoni pour ne citer qu’eux, ont tous occupé les bancs de Corte. 
« Il a fallu 40 ans pour que les retombées de l’université soient notables. C’est long mais ça vaut la peine ». Même s’il a pris sa retraite en 2008, Jacques-Henri Balbi suit toujours attentivement l’activité de la fac.
Il tient d’ailleurs à saluer des initiatives comme le Fab Lab, qui porte des projets pour l’innovation. Aujourd’hui, sa présence à l’Université est devenue rare. Le professeur émérite est appelé pour des soutenances de thèse de la nouvelle génération.