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Ces sportifs corses en route pour les JO Paris - Priscilla et Astride Gneto : "La Corse, on y a tout appris"


Livia Santana le Dimanche 26 Mars 2023 à 20:07

Depuis plusieurs années les sœurs Gneto originaires de Porto-Vecchio brillent sur les tatamis internationaux. Les deux judokates qu'une catégorie et 5 ans d'écart séparent, sont en bonne voie pour se qualifier aux JO de Paris en 2024.



Photo : ANH de France
Photo : ANH de France
Nées d’un père footballeur professionnel en sélection nationale de Côte d’Ivoire et d’une mère handballeuse professionnelle, également en sélection nationale de Côte d’Ivoire, Priscilla et  Gneto avaient tout pour devenir sportives de haut niveau. Loin des sports collectifs que leurs parents pratiquaient, c’est vers le judo que les deux sœurs se sont tournées. Pour Priscilla d’abord, la rencontre avec ce sport fut un heureux hasard. À l’âge de 11 ans, alors qu’elle jouait au handball à Porto-Vecchio, en grimpant les niveaux, l’équipe masculine ne pouvait plus accueillir de filles. « Je voulais faire du sport, de la compétition et la salle de hand se trouvait à côté du dojo, alors j’ai essayé le judo et j’ai tout de suite accroché », se remémore l’aînée.

Astride, cinq ans plus jeune que sa sœur, pratiquait au même âge l’athlétisme. « J’adorais ça, mais je trouvais que ça manquait de compétition », se souvient-elle. Comme sa sœur, c’est vers le Dojo club Porto-Vecchiais qu’elle jette son dévolu. À cinq ans d’intervalle, les sœurs font leur chemin. À l’adolescence, elles quittent le berceau familial pour le Pôle espoir d’Ajaccio, le Creps. Priscilla, qui a sauté une classe,  a son bac à 16 ans. Encore mineure, elle s’envole pour l’Institut national du Judo (INJ) avant d’intégrer à 18 ans, l’Institut national du sport, de l'expertise et de la performance plus connu sous le nom de l’Insep, ce lieu qui prépare les sportifs de haut niveau. Quatre ans plus tard, Astride la rejoint.

Photo : ANH de France
Photo : ANH de France
« On apprend à chuter et à se relever »

En 2012, un an et demi après son intégration à l’Insep et à seulement 19 ans, Priscilla Gneto participe aux JO de Londres. Là-bas, elle termine sur le podium et ramène une médaille de bronze à la France en moins de 52 kg. « C’est exceptionnel, j’étais très jeune et je ne me rendais pas compte de ce qu’il m’arrivait. Je le vivais comme si c’était une compétition comme les autres, mais quand on arrive là-bas on se rend compte que tout est décuplé.»

À cette époque, Astride évolue chez les cadets. Avec sa famille, elle suit de près les exploits de sa sœur. « Aujourd’hui, je me rends compte que le simple fait d’arriver aux Jeux c’est quelque chose d’énorme. Elle a parcouru un très beau chemin qui demande beaucoup de sacrifices », avoue la cadette.
Quatre ans plus tard, Priscilla part pour les Jeux de Rio dans une nouvelle catégorie, les moins de 57 kilos. Là, son parcours est bref puisqu’elle est disqualifiée au premier tour. Pendant 5 ans, elle s’entraîne pour Tokyo, mais n’est finalement pas retenue pour y participer. « Je l’ai vécu comme un échec, mais j’ai essayé de relativiser en me disant que j’avais déjà participé à deux olympiades et puis, dans notre sport, on apprend à chuter et à se relever. Il fallait vite effacer ce chapitre et se remettre en selle sachant que Paris allait arriver seulement trois ans plus tard. »

Photo : Laetitia Cabanne
Photo : Laetitia Cabanne
Les deux sœurs en lice pour les Jeux 

Pour Paris 2024, Astride Gneto rejoint sa sœur dans la course aux JO. En moins de 52 kg, la cadette ne fera pas d’ombre à sa sœur puisque 5 kilos les séparent. Depuis trois ans, la judokate excelle sur les podiums internationaux. Elle a notamment remporté en 2022, la médaille d’or au Grand Chelem D’Abu Dhabi et l’or aussi à celui de Tel-Aviv, ce qui l’a hissé au 8e rang du classement mondial. À moins de 500 jours du début des JO de Paris, Astride Gneto se dit : « Motivée », mais avoue qu’elle « évite de trop y penser, car avant les Jeux, il y a quand même pas mal de compétitions importantes, des championnats, des grands prix, de Grands Slams », qui, si elle obtient de bons résultats, lui permettront de pouvoir se qualifier pour Paris. Priscilla est d’accord avec sa sœur. Elle ajoute : « le niveau français des féminines est si élevé qu’il est difficile de se projeter sur une Olympiade. Il vaut mieux se projeter compétition après compétition ».

Si les deux sœurs veulent se concentrer sur les échéances à venir, c’est aussi parce que la fédération se basera sur la ranking liste qui lui permettra de choisir une judokate par catégorie de poids pour représenter la France aux JO.

La force des sœurs

Souvent comparées, les deux judokates de Porto-Vecchio ont fait de leur sororité une véritable force. « Cela fait 3 ans que Priscilla participe aux mêmes compétitions que moi,  c’est un vrai soulagement qu’elle soit auprès de moi. Elle comprend ce que je traverse et ça n’a pas de prix », confie Astride Gneto. Priscilla acquiesce : « C’est un soutien permanent, on sait quand il faut parler ou non, on agit assez instinctivement. Il faut dire qu’on s’entraîne ensemble, on vit ensemble… Je vais savoir quand elle a besoin d’espace, quand elle a besoin que je lui rentre dedans. On a pas de mal à se dire les choses. C’est une chance dans le monde dans lequel on est. »

Mais être sœur dans le même sport, sur les mêmes compétitions, c’est aussi parfois difficile à gérer. Au Grand Slam de Paris en février dernier, Astride termine 5e quand sa sœur, Priscilla, remporte l’or. « C’est vrai que ça a été un moment très difficile à gérer. Je ne dois pas sortir de ma compétition, mais en même temps, je vois ma sœur revenir très déçue de son combat. À ce moment-là, il faut que je reste concentrée à fond sur le mien… ma sœur c’est un peu mon tendon d’Achille parfois », raconte Priscilla Gneto.

La Corse comme pilier de leur vie

Leurs performances, Priscilla et Astride les dédient à leur club de formation de Porto-Vecchio, à leurs entraîneurs et au Pôle espoir. « C’est important de continuer à représenter la Corse du mieux qu’on peut. C’est là où on a tout appris, c’est le début de tout un parcours, c’est de là où on vient. C’est en partie grâce à la Corse qu’on en est là aujourd’hui », résume la cadette. Priscilla complète à son tour : « Notre famille et nos amis y sont, c’est notre bol d’air frais. C’est le début, c’est le pendant et ce sera la fin de ce qu’on va accomplir ».