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Lutte contre les pollutions marines : un exercice grandeur nature, "U Portu 2022", au large d'Imperia


La rédaction le Mardi 11 Octobre 2022 à 18:35

Durant deux jours, la préfecture maritime de la Méditerranée a collaboré, en compagnie des autorités et services monégasques, à l’exercice « RAMOGEPOL U Portu 2022 » organisé par le ministère de la Transition Ecologique italien au large d’Imperia. La zone d’application de ce plan de lutte, établi par les trois pays, s’étend de l’embouchure du grand Rhône à l’Ouest au feu de Capo d'Anzio à l’Est, et englobe la Sardaigne et la Corse.



Mise à l'eau du barrage flottant par le Jason (@Marine Nationale)
Mise à l'eau du barrage flottant par le Jason (@Marine Nationale)
Cet exercice qui s’est déroulé du 4 au 6 octobre dans les eaux territoriales italiennes, s’inscrit dans le cadre de l’accord tripartite RAMOGE (1) de prévention et de lutte contre les pollutions marines. Un plan opérationnel de lutte, baptisé « RAMOGEPOL », est dérivé de cet accord. Il a été signé en 1993 par les trois pays. Sa zone d’application s’étend de l’embouchure du Grand Rhône à l’ouest au feu de Capo d'Anzio à l’est, et englobe la Sardaigne et la Corse.
L’objectif de ce plan est de mutualiser les moyens de lutte anti-pollution et d’harmoniser les procédures opérationnelles dans le bassin méditerranéen. Afin de tester son efficacité, des exercices de simulation de lutte contre les pollutions accidentelles sont régulièrement organisés. Ces exercices « grandeur nature » permettent d’évaluer la réactivité des moyens mis en œuvre et d’apprécier l’interaction entre les organisations des trois pays. Ces expériences permettent de faire évoluer l’efficacité de cette coordination multilatérale.


Le scénario de l’exercice de cette année a impliqué un navire-citerne transportant de la soude caustique, en transit dans les eaux territoriales italiennes, au large de la côte ligure. À la suite d’une explosion à bord, une brèche dans la coque est constatée, endommageant un compartiment contenant du fioul et un autre contenant de la soude caustique transportée à l'état liquide. Cette explosion ne fait pas de blessés mais génère un déversement en mer de grandes quantités de fioul (estimé à 100 m3) et de soude caustique (estimé à 300 m3).


De nombreux moyens nautiques et aériens ont été engagés dans cet exercice, qui comprenait une phase de lutte en mer puis une partie à terre. Dans le cadre de cette collaboration, la préfecture maritime de la Méditerranée a déployé le bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA) Jason, dont l’une des missions principales est la lutte contre les pollutions maritimes, un avion de surveillance maritime Falcon 50 de la Marine nationale et la cellule anti-pollution de la base navale de Toulon, également spécialisée en la matière.



En France, la phase terrestre a également impliqué les communes de Menton et Roquebrune-Cap Martin qui ont profité de cet exercice pour activer leurs plans communaux de sauvegarde et mécaniser les procédures de sécurisation des ports et de protection du littoral.


En marge de l’exercice, une rencontre des représentants des parquets des trois Etats parties a été organisée. Cette première réunion de ce type depuis la création de l’accord RAMOGE portait sur la réponse judiciaire apportée en cas de détection de pollution volontaire. Elle a permis de très riches échanges sur les procédures judiciaires répressives italiennes, monégasques et françaises.
Cet exercice aura ainsi permis la mobilisation des différents moyens et la coordination de l’ensemble des acteurs, administrations et autorités impliqués. Le prochain entrainement aura lieu en 2023, cette fois-ci à l’initiative de la France qui en sera l’organisateur.


Cette coopération tripartite renforcée a prouvé toute son efficacité en situation réelle en 2018, lors de la collision entre l’Ulysse et le Virginia au large du Cap Corse pour laquelle l’accord RAMOGE avait été activé.
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(1)RAMOGE est un accord signé en 1976 entre la France, l’Italie et Monaco qui organise la prévention et la lutte contre les pollutions marines (il doit son nom aux premières syllabes des trois villes qui délimitaient initialement sa zone de compétence : Saint-RAphaël à l’Ouest, MOnaco et GEnes à l’Est).


L'équipage du Falcon 50 (@R. Bodier Marine Nationale)
L'équipage du Falcon 50 (@R. Bodier Marine Nationale)