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Haute-Corse – 2nde circonscription : Jean-Félix Acquaviva en pôle position pour le 2nd tour face à François-Xavier Ceccoli


Nicole Mari le Dimanche 12 Juin 2022 à 21:03

Si comme attendu, le député nationaliste sortant Jean-Félix Acquaviva arrive en tête dans la 2ème circonscription de Haute Corse pour ce 1er tour de l’élection législative en totalisant 33,46 % des suffrages, la surprise vient du très beau score de François-Xavier Ceccoli, candidat divers droite sans étiquette, qui coiffe la 2ème place avec 29,06% des voix. Lionel Mortini décroche une belle troisième place avec 17,99 %. Là encore, le RN crée la surprise avec 11,47% des voix. L’abstention atteint 51,81%, soit une hausse de 7% par rapport à 2017.



Jean-Félix Acquaviva en pôle position pour le 2nd tour face à François-Xavier Ceccoli
Jean-Félix Acquaviva en pôle position pour le 2nd tour face à François-Xavier Ceccoli
Le suspense a duré près d’une demi-heure dans la 2ème circonscription de Haute-Corse, pendant laquelle, à la surprise générale, le député nationaliste sortant, Jean-Félix Acquaviva, était distancé au coude-à-coude par le libéral François-Xavier Ceccoli. Avant de reprendre la tête dans le sprint final en totalisant 33,46% des suffrages, soit 10 670 voix, et une avance de 4,20% sur son challenger, soit un peu plus de 1400 voix. Une avance moindre qu’espérée par le candidat de Femu a Corsica, qui recule par rapport à sa première élection en 2017 où son tandem avec Corsica Libera avait, au 1er tour, récolté 36,44 % des suffrages, 12 785 voix et un écart de 13% avec le suivant. Cinq ans plus tard, la désunion des Nationalistes et les rancoeurs, qui se sont accumulées depuis les dernières territoriales et qui se sont traduites par la candidature de Lionel Mortini, soutenu par Corsica Libera et une partie du PNC, ont joué contre lui. Néanmoins, celui qui apparaissait comme lhomme à abattre de cette législative, battu en brèche par ses anciens partenaires de Pè a Corsica, réussit à tirer son épingle du jeu. « Face au « tout sauf Acquaviva », nous arrivons en tête avec 4 points d’avance. C’est une satisfaction et cela montre que nous avons un score et un socle solide et que notre projet a été compris. L’objectif maintenant est de rassembler les Corses, de convaincre ceux qui ne se sont pas déplacés et qui pensaient que les jeux étaient faits d’avance ou que l’élection n’était pas importante », réagit Jean-Félix Acquaviva. L’abstention a atteint le niveau inégalé de 51,81 %, soit 7% de plus qu’en 2017 où elle avait déjà franchi un cap historique. Ce n’est pas une surprise tant cette campagne électorale a peu motivé les foules. Malgré les enjeux affichés, plus d’un électeur sur deux a boudé les urnes. Les remobiliser sera l’une des clés du 2nd tour.
 
Un pari réussi !
Son score était la grande inconnue de ce 1er tour. La guerre totale, qui a marqué la campagne électorale, allait-elle virer au duel intra-nationaliste au 2nd tour ? Avec 17,99 % des suffrages et 5736 voix, le maire de Belgodère, Lionel Mortini, ne parvient pas à franchir la barre des 12,5% des inscrits, mais réalise une belle performance. Avec détermination, il a fait le plein en Balagne, notamment dans sa mairie où il affiche un score soviétique de 95,63%, tout comme à Alzi ou à Mausoleo, mais aussi dans la Communauté de communes Lisula Balagna dont il est président et arrive largement en tête à Lisula et à Monticellu devant le député sortant. Sil bénéfice des reliques de voix des anciens Giaccobistes du Centre Corse, il fait chou blanc en Casinca malgré ses espoirs initiaux et est largué en Plaine Orientale et dans le Niolu. Que fera-t-il de ses voix au 2nd tour ? « Elles ne m’appartiennent pas, elles appartiennent aux Nationalistes et aux gens de gauche » a-t-il commenté. Il apparait certain que le Balanin jouera les arbitres et que des négociations pourraient très vite s’engager entre nationalistes, dès ce lundi. Jean-Félix Acquaviva a, en écho, lançé un appel au rassemblement : « Nous sommes ouverts au dialogue avec l’ensemble des forces qui veulent construire ce pays, mais ce sera sur des bases claires. Le match sera celui entre notre projet de société et celui d’un parti parisien. Même s’il est caché, il est bien là, on est dans une logique de troisième tour des élections territoriales ». La guerre ouverte débouchera-t-elle sur un compromis ? Les Nationalistes se déjugeront-ils au point dappuyer, à quelques jours de louverture dun processus de négociation sur lautonomie, un candidat de lopposition de droite contre qui il faudra idéologiquement ferrailler ? Qui prendra le pas, de la rancœur ou de la raison face à cet enjeu historique ? Cest toute la délicate question de ce second tour.
 
Le retour de la droite
Le premier gagnant de cette guerre nationaliste, c’est sans conteste le candidat divers droite, François-Xavier Ceccoli, qui y décroche son ticket pour le 2nd tour. Avec 29,06% des suffrages et 9267 voix, le maire de San Giuliano est l’une des grandes surprises de ce 1er tour. Ce n’est pas tant sa présence sur la 2nde marche du podium qui surprend, mais l’ampleur du score qui lui a même permis, en début de soirée, de lorgner la première marche. François-Xavier Ceccoli, parti très tard en campagne, réussit son pari grâce notamment à une union serrée de la droite et au soutien inattendu et bienvenu des principaux maires de Casinca et de Costa Verde, dobédience de gauche. Des anciens Giaccobistes, mais aussi des Castellistes qui ont massivement appuyé le maire de Portivechju et leader du PNC, Jean-Christophe Angelini lors des Territoriales de 2021, ont refusé leur appui à Lionel Mortini et joué la carte de la droite face au député nationaliste sortant. Cest une aubaine pour le président de la Fédération LR de Haute-Corse, en vacance provisoire de son parti après l’écrasante défaite de sa candidate Valérie Pécresse aux présidentielles, qui espérait bien tirer parti des querelles intra-nationalistes pour agréger au-delà de la droite traditionnelle. Il réalise une très belle performance pour une première participation à ce type de scrutin. Il décroche la palme dans des communes de droite comme Calvi, Castellare di Casinca, Ghisonaccia ou Ghisoni, ou dans celles de gauche comme Isulaccio di Fiurmobu, Cervione, Penta-di-Casinca, Vescovato, Venzolasca. « On nous a enterré un peu vite. Notre score montre bien que les partis traditionnels annoncés comme moribonds sont encore dans la partie », se réjouit François-Xavier Ceccoli. « Ce score ouvre toutes les possibilités pour le second tour. Je crois qu’il y a des gens de gauche, de droite et d’autres déçus par les nationalistes qui vont nous rejoindre ». L’enjeu, pour lui aussi, est de convaincre les abstentionnistes plus que d’escompter des reports de voix, pas certains du tout du côté nationaliste, même si, dans un contexte de règlements de compte, rien n’est impossible, comme on l’a vu au 1er tour. Reste également l’inconnue du report des voix de l’Extrême-droite. Ceci étant, celui qui fut mis hors course aux Territoriales du fait de ses rapports tendus avec le chef de file de la droite corse, Laurent Marcangeli, revient par la grande porte dans le jeu politique insulaire et entend bien simposer comme un leader de la droite nordiste avec qui il faudra, de nouveau, compter.
 
La performance du FN
Une autre énorme surprise de ce 1er tour, sur cette circonscription comme sur les trois autres, est le haut score arraché par le Front national qui, pour la première fois sur une législative, réussit en Corse à moissonner sur la vague Marine Le Pen qui a déferlé aux dernières présidentielles. Sans vraiment de moyens de faire campagne, son candidat, Jean Cardi, recueille 11,47% des suffrages, soit 3658 voix. C’est 7,5 % et 2276 voix de plus quen 2017. Un « score plus qu'honorable », estime-t-il pour sa première participation à une élection et « beaucoup de joie. Le RN ne sera plus, à partir de ce soir, un parti de contestation, mais un parti d'adhésion ». S’y ajoute le score de 1,23% de Debout la France. Des voix d’Extrême-droite dont le report pourrait aussi peser dans la balance. Tout comme celles des Communistes qui, avec 5,89%, doublent presque leurs voix en 5 ans. Les multiples surprises de ce 1er tour rendent le jeu du 2nd tour plus ouvert que prévu, même si le député sortant reste toujours favori pour emporter le siège et entamer un second mandat.
 
N.M.