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Laurent Ballesta tente de percer le mystère des anneaux de corail du Cap Corse


La rédaction le Samedi 10 Juillet 2021 à 16:50

La mission a, déjà, eu les honneurs de la télévision mais le mystère plane toujours. Depuis le 1er Juillet 4 aquanautes se sont isolés par 120 mètres de fond pour percer le mystère des anneaux de corail recensés à 25 km au large du Cap Corse.



Atolls de coralligène ©Laurent Ballesta Gombessa Expéditions
Atolls de coralligène ©Laurent Ballesta Gombessa Expéditions
Quels sont les enseignements des premières plongées sur les anneaux de corail après une semaine d'exploration ?
Ces anneaux sous-marins de 30 mètres de diamètre situés à 25 km au large du Cap Corse ont-ils livré quelques secrets ? 

Ce sont les questions que l'on est en droit de se poser mais dont on ne connaîtra peut-être que les réponses  le mardi 20 juillet 16h30 au Port de Monaco lors de la conférence de presse de la mission "Gombessa 6", menée par Laurent Ballesta, le chef d'expédition sous-marine...


Une communication, qui est parvenue dans les rédactions, dévoile le sens de la mission des aquanautes.


Le 1er juillet dernier a marqué le lancement de Gombessa 6 "Mission Cap Corse" menée par Laurent Ballesta, chef d'expédition sous-marine, biologiste et photographe. Accompagné de trois autres aquanautes, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Roberto Rinaldi, ils se sont engagés dans une nouvelle expédition scientifique afin de percer le mystère des anneaux de corail découverts il y a dix ans dans le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate dans une zone de 4 km² entre 110 et 120 m de fond. 


Cette expédition utilise une technique d’accès au monde sous-marin tout à fait originale et développée il y a deux ans lors de l’expédition Gombessa 5 « Planète Méditerranée » : le mariage de la plongée à saturation avec la plongée autonome en recycleur qui permet des excursions libres sans paliers de décompression, ceux-ci étant effectués en une seule fois dans le caisson à la fin de la mission de 3 semaines.
L’inconvénient ? Il faut respirer un mélange gazeux composé de 94 % d’hélium et 6 % d’oxygène et vivre à quatre dans une station bathyale, un caisson pressurisé de 5 m², maintenu en surface, dont les plongeurs sortent 1 à 2 fois par jour grâce à une tourelle ascenseur. 

Première semaine riche en découvertes

Laurent Ballesta ©Caroline Ballesta, Andromède Océanologie, GOMBESSA 5
Laurent Ballesta ©Caroline Ballesta, Andromède Océanologie, GOMBESSA 5
Cette première semaine d’expédition scientifique a été riche en découvertes. Nos quatre plongeurs autonomes à saturation vivent depuis le 1er juillet à la pression de 100 m de profondeur, soit 11 bars et ont déjà visité, jusqu'à -120 m de fond, 15 anneaux de coralligènes qui se composent d’un noyau central et d’une couronne qui semble d’origine algal et attirent de nombreux animaux. 


À raison d’une plongée par jour de 4h30, ils ont déjà passé presque 27 heures chacun au milieu d’écosystèmes uniques jamais visités par des plongeurs. Tous les protocoles entrepris ont réussi : carottage de deux noyaux centraux, pose d’un ADV (Acoustic dopler velocimeter) pour 15 jours, pose d’hydrophones, reconstruction 3D (par photogrammétrie) de 4 anneaux, prélèvements d’eau et de sédiment, prélèvements d’espèces méconnues …et déjà de magnifiques images de paysages sous-marins révélées.
Il y a quelques jours à la suite d'un fort coup de vent annoncé, l'équipe s'est réfugiée au large de Bastia mais elle est vite retournée sur la zone des anneaux pour y effectuer d'autres manipulations. Récupérer les hydrophones et les poser sur un autre site, carottage sur un noyau plus profond, effectuer des prélèvements de sédiments sur d'autres anneaux, poser des capteurs de température, faire l'inventaire de crustacés sont autant de missions à accomplir ces prochains jours. 


En collaboration avec 35 scientifiques français et étrangers, ces protocoles ont pour but de percer le mystère de l’origine des anneaux coralligènes, leur âge, leur dynamique de changement, connaitre la faune et flore associées et les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes uniques.  
"C’est extrêmement déroutant, est-ce qu’on est au milieux de quelque chose de biologique et en construction ou au contraire est-ce qu'on est sur des vestiges de quelque chose qui a eu lieu dans le passé ? C’est ça qui attire notre regard, c’est ça qui nous sidère. Un mystère on ne s’en lasse pas tant qu’on ne l’a pas résolu " affirme Laurent Ballesta, le chef de l'expédition.

Intérieur de la station ©Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, GOMBESSA 5
Intérieur de la station ©Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, GOMBESSA 5