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Colloque au musée de Bastia : "la photographie, un document pour l’histoire : former, informer, deformer »


Philippe Jammes le Mercredi 27 Octobre 2021 à 09:18

Dans le cadre de ses formations, le PREAC (Pôles de Ressources pour l'Éducation Artistique et Culturelle) photographie–images organisait sur deux jours au musée de Bastia un séminaire national sur le thème : «La photographie, un document pour l'histoire : former, informer, déformer »




Cette formation s’adressait à l’ensemble des professionnels concernés par le développement d’actions éducatives et culturelles : enseignants, artistes, formateurs, médiateurs culturels, animateurs… Une quarantaine de personnes y ont participé dont une vingtaine d’enseignants de Haute-Corse et de Corse du sud.
Créé en 2002, le pôle de ressources «Photographie» de Corse, résulte d’un partenariat entre le Réseau Canopé académie de Corse, le Centre Méditerranéen de la Photographie (CMP), le Rectorat de Corse, la DRAC de Corse, l'INSPE et la Collectivité de Corse. Chaque entité développe ses missions spécifiques au service d’un objectif commun : encourager l’éducation à l’image, par l’image photographique, au travers d’actions d’animation et de formation, en favorisant le développement d’initiatives originales et pertinentes au sein de l’Éducation nationale ou dans le milieu associatif, en exploitant les ressources documentaires existantes et en suscitant la création de ressources nouvelles, ou en contribuant à la mise en réseau des acteurs. C’est dans le cadre de ses formations 2020-2021, qu’il organisait ce colloque sur 2 jours. La réflexion a été nourrie de récits d’expériences, d’interventions de spécialistes de la photographie et de l’image. Les stagiaires ont été invités à expérimenter différentes formes de « relectures » du passé dans des ateliers au choix en s’appuyant sur des ressources scientifiques et pédagogiques, pour s’essayer à la création d’outils et de dispositifs de médiation. La formation a également été ponctuée par des conférences et des temps d’échanges sur les thématiques proposées.


« La photographie comme document a une valeur informative. Est-elle pour autant un cadre pour l’histoire ? » explique Marcel Fortini, directeur du CMP, «Qu’elle soit une expression de la réalité, un inventaire du visible, manipulatrice, mensongère ou bien une déformation du réel, la photographie, en tant que médium, interroge notre monde selon de multiples approches. Autour du triptyque « former - informer - déformer », qui sont trois possibilités d’aborder la question, ce colloque proposait plusieurs pistes de  réflexions étayées par des parcours artistiques dans le champ de la recherche contemporaine, de la création et de l’enseignement ».


Conférences et ateliers
Le premier jour des conférences se sont tenues en présence d’intervenants spécialisés :  
  •  «Biafra1968 : montrer l’horreur/alerter les consciences - les débuts d’un débat contemporain sous le regard de Gilles Caron » par Michel Poivert.
  • «Comment former les enfants aux images violentes ? » par Karen Prevost Sorbe (cléMi).
  • « La photographie conspiratrice » - en visioconférence par Joan Fontcuberta.
  • « Le destin des images dans la collection protéiforme de la MAP (Médiathèque de l'architecture et du patriMoine) : des clichés pour projection  de l'école de Chaillot à la conférence de Willy Ronis "Le Reporter et ses batailles" »par Matthieu Rivallin.
  • Rencontre  avec  Lizzie  Sadin,  photojournaliste,  spécialisée  dans  les sujets de société portant sur les droits humains
Le lendemain se sont tenus des ateliers
  • Atelier 1 animé par Matthieu Rivallin : Pourquoi conserver des archives de photographes ? Au travers d’exemples choisis dans les fonds d’archives conservés  à la MAP - Willy Ronis, André Kertész et François Kollar – ont évoqué la diversité des approches des sujets historiques  traités. Cet atelier a permis aux stagiaires de découvrir les  ressources de la MAP : base de données, projets d'expositions et  ateliers auprès de publics divers.
  • Atelier 2 animé par Karen Prevost Sorbe et Marie Pieronne (Clemi) avec  la participation de Lizzie Sadin : Comment peut-on enseigner avec les images violentes ? Peut-on montrer l'horreur ? Comment éduquer au regard critique ? Fixes ou animées, les images sont l'un des premiers contacts des enfants avec le monde des médias. À travers cet atelier, des pistes pédagogiques concrètes ont été  exposées pour aborder ces questions : Revoir les fondamentaux de l'éducation à l'image à travers une image d'actualité, Mobiliser l'esprit critique des élèves à travers un débat sur les  images violentes.
  • Atelier 3 animé par Karen Prevost Sorbe et Marie Pieronne (Clemi) avec  la participation de Lizzie Sadin : Comment peut-on enseigner avec les images violentes ? Peut-on montrer  l'horreur ? Comment éduquer au regard critique ?  Fixes ou animées, les images sont l'un des premiers contacts  des enfants avec le monde des médias. Des pistes pédagogiques concrètes ont été abordées : Revoir les fondamentaux de l'éducation à l'image à travers une image d'actualité. Et Mobiliser l'esprit critique des élèves à travers un débat sur les  images violentes.
  • Atelier 4 animé par Michel Poivert : : Peut-on parler d’une photographique écosophique ? Si  la  photographie  figure  aujourd’hui  au  chapitre  de  l’art  contemporain, elle se tourne aussi vers des pratiques créatives  et sociales qui en font un art de transition. Ont été présentées des initiatives marquées par une éthique de  l’environnement, des relations sociales et d’une conscience du sujet. Il a été mis en avant le succès des pratiques recyclant les images vernaculaires et celles utilisant les procédés  anténumériques  afin  de  comprendre  comment  la  photographie  réfléchit la condition moderne de l’image.
 
Les intervenants présents :
Joan Fontcuberta : Artiste visuel, il développe à travers la manipulation photographique,  une œuvre qui s'interroge sur les effets du réel et la capacité de vérité produits par l'image technologique. Dans ses derniers projets, il s'intéresse à la nature et fonction de l'image dans la culture numérique. Ses œuvres se trouvent dans des collections publiques comme le Musée d’Art Moderne – Centre Georges Pompidou, à Paris.
Il est également enseignant, critique, commissaire d'exposition et  historien. Il vient de recevoir en 2020 le prix d’honneur du FILAF.
 
Marie Pieronne est coordinatrice académique du CLEMI en  charge de la mission d’Éducation aux médias d’information pour  l’Académie de Corse et enseignante d’histoire géographie au lycée  Laetitia-Bonaparte d’Ajaccio.
 
Michel POIVERT : est Professeur d'histoire de l'art à l’Université Paris I Panthéon
Sorbonne où il a fondé la chaire d’histoire de la photographie.  Critique et commissaire d'expositions, il préside le Collège international de photographie du Grand Paris. Il est l’auteur de « 50 ans de photographie française » (Textuel, 2019)
 
Karen PRÉVOST-SORBE : Enseignante en Histoire et Géographie, elle est également  coordonnatrice académique CLEMI (Centre d’Éducation aux Médias et à l’Information) dans l’académie Orléans – Tours. Elle est chargée de développer l’éducation aux médias et à l’information sur l’ensemble de l’académie, notamment par des actions de formation. Depuis 2016, elle est adjointe au délégué académique au numérique (DAN).
 
Matthieu RIVALLIN :  Il est diplômé de l'École du Louvre et de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Spécialisé en histoire des techniques, il travaille  depuis 2003 à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine en tant qu’adjoint du chef du département de la photographie.  Commissaire d’une quinzaine d’expositions de photographie, il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur la photographie.
 
Lizzie SADIN : Elle est photoreporter et traite de sujets de fond à caractère social sur les droits humains. Elle est particulièrement engagée pour la condition des femmes. En 2017, elle est lauréate du Prix Carmignac pour son travail sur l’esclavage et la traite des femmes au Népal. Son regard se porte, entre autres, sur l’immigration clandestine en Europe, les mères adolescentes, les Arabes israéliens, les enjeux climatiques en Amazonie ainsi que sur les conditions de détention des enfants dans le monde.