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Jean-Martin Mondoloni : « Il faut majorer les quotas en première année de médecine pour corriger l’iniquité »


Nicole Mari le Vendredi 29 Janvier 2021 à 17:54

Lors de l’examen, vendredi après-midi à l’Assemblée de Corse, d’une motion sur la précarité étudiante liée à la crise sanitaire, le groupe Per L’Avvene a déposé un amendement sur la réforme d’accès aux études de médecine dont l’Université de Corse assume la première année. La suppression de la Première année commune aux études de santé (PACES) et du numerus clausus était très attendue, sauf qu’en cette année de transition, elle interdit le redoublement. D’où la montée au créneau des étudiants corses. Jean-Martin Mondoloni, président de Per L’Avvene, demande au gouvernement de majorer les quotas pour cette année scolaire. Il explique, à Corse Net infos, que c’est la seule solution pour corriger l’iniquité entre nouveaux inscrits et redoublants. L’amendement a été adopté à l’unanimité.



Jean-Martin Mondoloni, président du groupe Per L'Avvene à l'Assemblée de Corse. Photo archives Michel Luccioni.
Jean-Martin Mondoloni, président du groupe Per L'Avvene à l'Assemblée de Corse. Photo archives Michel Luccioni.
- Vous avez profité de la motion sur la précarité étudiante pour déposer une série d’amendements concernant la réforme d’accès aux études de médecine. Pourquoi cette initiative ?
- Le plan « Ma Santé 2022 » modifie significativement le début des études de médecine en revenant sur le principe du redoublement et en supprimant, à l’affichage, le numerus clausus. Or, la réforme de la PACES, qui se traduit durant l’année scolaire 2020-2021 par le chevauchement entre l’ancien et le nouveau système, a pour conséquence directe de générer une situation inéquitable au détriment des nouveaux inscrits en première année.
 
- C’est-à-dire ? Quel est l’impact concrètement pour les étudiants en 1ère année de médecine à Corte ?
- L’Université de Corse se voit attribuer un quota de places par le ministère de l’Enseignement supérieur, fixé à 49. Il se trouve que 12 places - PASS & LAS - sur 184 nouveaux inscrits sont réservées aux jeunes concernés par la réforme, soit 7% de chances de réussite. Et que 37 places sont consacrées aux redoublants PACES qui, à l’inverse, bénéficient de 45% de chances de réussite. Cette année de transition s’avère clairement discriminatoire pour les nouveaux inscrits. Ce déséquilibre doit pouvoir être corrigé sur l’année scolaire en cours puisqu’il crée un déséquilibre entre étudiants suivant les mêmes enseignements, mais dans le cadre de deux parcours distincts pour cette année.
 
- Les étudiants étaient-ils informés de cet état de fait ?
- C’est là que le bât blesse ! L’annonce, qui a été faite en milieu d’année de ces différences importantes d’admissibilité entre nouveaux inscrits et redoublants, constitue un défaut d’information manifeste. Si l’information avait été connue en période d’inscription, certains étudiants ne se seraient peut-être pas inscrits cette année, ou auraient fait d’autres choix.
 
- Le numerus clausus est responsable du manque criant de médecins en Corse et ailleurs, dans le même temps, on limite leur formation.  C’est contradictoire ?
- Si on s’en tient aux statistiques nationales, la Corse dans son ensemble n’est pas sous-dotée en professionnels de santé. Il existe, néanmoins, des bassins médicalement sinistrés : 16 ont été définis comme tels. Une situation due, d’une part au vieillissement croissant des praticiens et d’autre part, au déséquilibre territorial de l’encadrement médical puisqu’il y a concentration dans certains secteurs et désertification dans d’autres.
 
- Au regard de ces éléments, quelle issue pour les étudiants en 1ère année de médecine ?
- Les problèmes du maillage et de l’avancée en âge des médecins généralistes sont des arguments qui légitiment le principe de la première année à Corte. La proposition de majoration des quotas, que nous demandons au gouvernement, est, à ce jour, la seule solution pour corriger l’iniquité entre nouveaux inscrits et redoublants. C’est une année de basculement, on peut comprendre que les redoublants bénéficient de places réservées, mais dans les proportions proposées, il faut nécessairement corriger et rééquilibrer pour les nouveaux inscrits (PASS & LAS). Précisons que l’augmentation de places demandée ne concerne naturellement que les inscrits en 1ère année post-réforme et qu’elle ne vaut que pour cette année scolaire. L’amendement a été adopté à l’unanimité, en espérant qu’il prospère pleinement.
 
Propos recueillis par N.M.

L'intervention de Jean-Martin Mondoloni en session de l'Assemblée de Corse