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Demucrazia è Rispettu pè u populu corsu » : Après la manif, les commentaires…


le Dimanche 4 Février 2018 à 19:04

Citée en exemple d'un côté, décriée de l'autre : c'est de la sorte qu'a été jugée ce dimanche la manifestation organisée samedi à Ajaccio par le collectif « Demucrazia è Rispettu pè u populu corsu », comme en témoignent les communiqués de Corsica Libera, A Mance et la fédération du parti communiste français de Corse-du-Sud



Demucrazia è Rispettu pè u populu corsu » : Après la manif, les commentaires…
Corsica Libera
Le succès de la manifestation d’hier, par son ampleur autant que par la pacifique détermination des quelques 25 000 Corses qui y ont participé, montre bien que notre peuple est prêt à défendre, et à faire respecter la démocratie.
L’implication des partis politiques, des syndicats, des syndicats étudiants, des représentants consulaires, des associations, des groupes culturels… la qualité du travail militant, et l’élan de tout un peuple ont assuré à cet évènement, dans un temps pourtant très court, une réussite sans précédent.
Démocratie et respect du suffrage universel: voilà deux revendications simples et incontournables que tout chef d’Etat se doit de prendre en compte.
Au-delà des réponses attendues du plus haut niveau de l’Etat français, Corsica Libera appelle toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans sa démarche à rejoindre le collectif « Demucrazia è Rispettu pè u populu corsu », afin de renforcer une dynamique qui permettra de prendre en compte les aspirations légitimes de tous les Corses, et de donner, quoiqu’il arrive, force de loi aux choix qu’ils ont exprimé par leurs votes successifs.
 

A Manca
Malgré la neige, la pluie et la grêle, nous étions des milliers dans les rues d'Aiacciu ce samedi 3 février 2018. Cette manifestation, par son succès, compte parmi les plus importantes que le mouvement national ait initié, et ce depuis celle de Bastelica-Fesh.Ce n'est pas un pari qui a été gagné, c'est un premier pas vers une réactivation des mobilisations sans lesquelles aucune avancée politique ne peut être envisagée. Certes, le consensus autour de la plate forme de revendications portée par l'actuelle majorité nationaliste, est fondé sur un socle minimal. Il ne constitue pas pour autant un horizon indépassable. La route qui mène vers un plein exercice de la souveraineté est ouverte, et cette route ne dépend sûrement pas des seules urnes. Cependant, tous ceux, de la gauche moribonde française à la droite décomposée, qui se sont refusés à défendre au moins un principe démocratique, tous ceux là donc se sont encore une fois disqualifiés aux yeux de la majorité du peuple corse. Dans les faits, ils se sont rangés derrière ce gouvernement et ses chefs qui se refusent encore pour le moment à admettre qu'il y a un peuple corse et que celui-ci n'entend absolument pas capituler en rase campagne. Le parti pro-français n'a toujours pas renoncé à s'opposer à l'accession de notre pays à une dimension universelle. Dans ce registre, la palme revient au PCF et à la CGT, qui par leurs positionnements, mettent en opposition la question sociale et la question nationale, n'hésitant pas au besoin à procéder à une réécriture de l'histoire.        Malgré cela et les diatribes surréalistes de la droite en décomposition, malgré cela donc, la manifestation par son succès, délivre un message clair à Macron : le peuple corse, dans sa diversité, n'entend pas se soumettre au fait du prince. Comme il n'entend pas non plus que ses terres, en particulier les zones littorales, puissent faire l'objet de sordides et inacceptables tractations. C'est sur ce premier point que la mobilisation doit se prolonger car la spéculation foncière et immobilière porte des coups mortels à nos conditions de vie. La flambée des loyers qui pénalisent lourdement les classes populaires est une des conséquences majeures de ce fléau. Le deuxième point porte sur la coofficialité. Bien sur, pour que notre langue redevienne la langue du « pain », la parité entre la langue corse et le français ne suffira pas, mais sans cette égalité le risque de voir notre langue reléguée au musée de l'histoire est grand. Nous y perdrions alors plus qu'un symbole, mais une manière d'être au monde. Le troisième élément concerne le rapprochement des emprisonnés, la cessation des poursuites à l'encontre des personnes recherchées et une loi d'amnistie. Sur ce dernier point, il faut se souvenir que des lois d'amnistie ont bénéficié au siècle dernier à des personnes coupables de collaboration avec les nazis et aux activistes d'extrême droite de la sinistre OAS. A son accession au pouvoir François Mitterrand avait eu le courage politique d'en faire bénéficier tous les patriotes condamnés par la cour de sûreté de l’État. Il est donc clair que la France, lorsqu'elle tend à mettre un peu de baume sur les plaies de son histoire, sait comment procéder.       
Au delà de ces points, bien des chantiers sont ouverts ou le seront immanquablement. La question sociale doit recevoir d'autres réponses que des constats larmoyants. La formation des prix, la cherté des loyers, la réhabilitation concrète du travail manuel, le coût des transports, la gratuité réelle de l'enseignement et l'adéquation entre les salaires et le coût réel de la vie (la liste n'étant pas exhaustive, comme l'accès aux crèches et garderies), sont autant de questions que les prérogatives de la collectivité unique permettent de traiter positivement. A Manca portera sans relâche ses efforts dans ces domaines, car c'est cela la véritable démocratie. Aujourd'hui, par notre détermination, nous devons dans nos diversités, défendre sans la moindre hésitation les intérêts de ce qui reste et demeure notre bien commun, la Nation Corse, en tant que cadre expurgé de toutes les formes d'aliénation.


Fédération de la Corse-du-Sud du Parti Communiste Français
Le droit de manifestation ne saurait être discuté. Mais les objectifs, les mots d’ordre et le moment choisis pour manifester doivent être débattus, explicités et leurs résultats évalués. Ces principes s’appliquent parfaitement à la manifestation du 3 février.
« Les deux présidents », déçus par leurs premiers contacts avec le Premier ministre, et le Président du Sénat, ont décidé sur le champ d’en appeler (de Paris) au peuple corse, pour lui demander de peser sur la visite du Président  de la République ; une visite, prévue de longue date, pour rendre hommage au Préfet Claude Erignac, assassiné il y a 20 ans à Ajaccio, par un commando nationaliste.

Les mots d’ordre (« Démocratie et respect du peuple corse »)  de cette volonté de démonstration de force n’ont  qu’un lointain rapport avec les revendications précises exposées à satiété par des médias bien conditionnés. Qui pourrait critiquer ces principes fédérateurs ? Chacun peut les partager sans état d’âme ! Mais, nul ne doit les confondre avec l’autonomie ou, moins encore, avec l’indépendance.
En réalité, pour une large partie des Corses, ces mots d’ordre sont apparus  plutôt comme de simples leurres visant à renvoyer une image raisonnable de la manifestation et à camoufler le caractère inapproprié, voire indécent, du moment choisi pour l’organiser   

 S’il s’était agi de demander simplement du « respect », on aurait dû commencer par suivre nos traditions et manifester le respect qu’elle mérite à la mémoire d’un préfet assassiné, en reportant  la manifestation de rue après la cérémonie anniversaire de sa mort.

On aurait dû décider également, s’agissant du Président de la plus importante assemblée élue de Corse, de participer effectivement à cette cérémonie, donnant ainsi une  signification symbolique majeure à la compassion et au besoin de tourner définitivement  cette page tragique de notre histoire contemporaine.

Les ambiguïtés, les confusions sémantiques volontaires, les reproches adressés à autrui en n’évoquant jamais les turpitudes des siens, le refus persistant de la vérité, les malentendus durables qui découlent de ces comportements, la priorité absolue accordée aux questions  institutionnelles au détriment des problèmes du quotidien, du chômage endémique, des difficultés du plus grand nombre…voilà autant d’obstacles à un véritable dialogue entre les nationalistes et l’Etat ; et aussi au rapprochement des Corses entre eux.

Quant à la petite minorité qui spéculait sur l’ampleur de la manifestation de février 2018, suggérant même qu’elle devait faire oublier celle de février 1998 en riposte à l’assassinat du Préfet, ils devront  renoncer à cette prétention dérisoire. La mobilisation d’au moins quarante mille manifestants  défilant dans les principaux centres urbains de l’île reste comme la plus grande manifestation populaire de l’histoire de la Corse. Les manifestations nationalistes proprement dites, quelle  qu’ait pu être leur ampleur, sont toujours restées en deçà du quart de cette mobilisation inédite.

Au demeurant, ce n’est pas dans la rue, mais dans les urnes que les nationalistes ont démontré leur représentativité. De ce strict point de vue, et au regard des trois derniers scrutins, leur manifestation du 3 février n’aura servi à rien. Ce qui ne veut pas dire qu’elle a été insignifiante. Elle a simplement confirmé qu’il n’y a pas de pires malentendus que ceux qui sont volontaires.
D’ailleurs, les succès électoraux ne suffiront pas à traiter les problèmes de la Corse dans le sens de l’intérêt général, si la visée principale de l’action de la Collectivité de Corse devait rester le privilège fiscal au profit de la bourgeoisie corse, et la fuite en avant institutionnelle au détriment de la défense résolue des intérêts populaires. Pour les communistes, chacun le sait, cette défense doit être la priorité de toute action publique digne de ce nom.