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Corsica Libera : Un congrès pour renouveler ses instances exécutives


M.V. le Lundi 21 Novembre 2022 à 12:01

U cugressu nazionale di Corsica Libera a eu lieu ce dimanche 20 novembre à Corte. Au programme de cette journée deux points clé : la nouvelle structuration du parti indépendantiste et une motion d'orientation générale votée à l'unanimité par les 300 militants présents.
Le porte-parole national du mouvement, Petru Antone Tomasi, revient pour CNI sur ce congrès



Le parti était réuni ce dimanche à l'université de Corse pour son congrés. Photo page Facebook Corsica Libera
Le parti était réuni ce dimanche à l'université de Corse pour son congrés. Photo page Facebook Corsica Libera
- Le congrès de ce dimanche a renouvelé ses instances, crée un consigliu duquel s'est extraite une ghjunta*. Quelles sont les missions qui seront confiées à ces deux instances ?
Dès le lendemain des dernières élections territoriales, Corsica Libera avait annoncé son intention de renouveler son exécutif. Ce congrès a été l'occasion de procéder à ce renouvellement avec un rajeunissement très important de ses instances qui ont la charge de mettre en œuvre la stratégie du mouvement qui a été adoptée à travers la motion d'orientation générale. Un consigliu est une instance large, représentative de l'ensemble du mouvement, de l'ensemble des régions, de la diversité des parcours militants, qui est un lieu de débat permanent et de validation de nos grandes orientations. Et une ghjunta composée de douze personnes, essentiellement de jeunes militants, qui constitue la représentation de notre mouvement et qui a pour charge d'impulser l'action de celui-ci. Ces jeunes ont aujourd'hui la charge du redéploiement de Corsica Libera. Le congrès a aussi désigné deux porte-parole nationaux, Josepha Giacometti-Piredda et moi-même.
 

- Pourquoi cette volonté de renouvellement ?
La place centrale accordée à la jeunesse au sein de notre mouvement n'est pas quelque chose de nouveau, puisque depuis plusieurs années, Corsica Libera a choisi de donner une place centrale à la jeunesse et pas simplement en façade, mais en lui confiant des responsabilités y compris des responsabilités électives, comme dans les dernières mandatures. Mais effectivement, la réorganisation et la restructuration qui ont été validées lors de ce congrès franchissent une étape supplémentaire dans le sens de cette transmission vers la jeunesse de la responsabilité du combat national.
 
- Ce dimanche vous avez aussi précisé les axes stratégiques dans lesquels s'inscrit l’action politique du parti, et voté à l’unanimité une motion d’orientation générale. Qu'est-ce que contient cette motion ? 
- Proposition, action, résistance : c'est la philosophie de cette motion d'orientation générale qui est d'abord le fruit de débats internes, intenses, de plusieurs mois. Elle fusionne différents textes et différentes contributions et elle reprend globalement des positionnements qui avaient été annoncés ces derniers mois. Je pense notamment à la proposition de résolution politique en dix points qui avait été présentée lors des dernières journées internationales de Corti. Cette motion repose sur plusieurs idées : la première c'est qu'aujourd'hui la Corse est, selon nous, confrontée à une situation préoccupante avec un peuple corse qui est en voie de minorisation sur sa propre terre, par les effets conjugués de la spéculation immobilière, donc de l'argent roi, et d'une évolution démographique que ne connaît aucune autre région d'Europe dans ces proportions. Le peuple corse est en outre nié dans ses droits et dans la possibilité de faire face aux grands défis qui s'imposent à lui. Dans le même temps, nous considérons que les Corses, et notamment les militants du mouvement national, doivent trouver les ressources nécessaires pour un sursaut vital. Et donc nous, dans le cadre de l'action politique qui est la nôtre, nous entendons bien y participer en étant une force de proposition et d'action

- Quelles sont vos propositions, donc ?
En termes des propositions, nous avons ce projet de résolution en dix points qui aujourd'hui est le seul projet politique sur la table, dans le cadre de discussions avec Paris, puisqu’aucune autre formation politique n'a dit quelle était sa feuille de route dans le cadre de ces discussions ...à part Corsica Libera. Nous réaffirmons aussi l'objectif de pleine souveraineté, c'est-à-dire d'indépendance nationale. Et là aussi, nous croyons qu'il s'agit d'une idée moderne et qu'il est important pour le courant qui est le nôtre, de démontrer, à travers la force de nos propositions, que c'est à la fois un chemin qui est pratique et souhaitable pour le mieux-être des Corses. Nous allons donc nous atteler à cela dans les mois à venir en réinvestissant également le terrain militant pour populariser ces actions-là.

- Concernant les discussions avec Paris, vous les avez souvent définies "une parodie de processus historique". Pourquoi ? 
Du côté de l'État français, il n'y a de "processus historique" puisque Paris se situe non pas dans le cadre d'une négociation, mais au mieux dans le cadre de simples discussions, peut-être parfois de pur bavardage, dans une logique qui est celle, éventuellement, de concéder quelques compétences complémentaires à une assemblée d'élus locaux. L'absence de fond politique aux discussions est aussi inscrite dans le protocole qui a été signé le 17 mars dernier entre Gérald Darmanin et Gilles Simeoni, qui fixe des lignes rouges sur la cofficialité de la langue, sur le statut de résident, sur la reconnaissance d'un peuple qui est aujourd'hui menacé de disparaître pou encore la question des prisonniers politiques. Ce sont des questions de fond qui n'ont pas été abordées et qui pour nous doivent être au cœur du processus. Donc, effectivement, du côté de l'État français. Il n'y a aucun signe tangible de la volonté de s'inscrire dans un processus historique. Et du côté de la quasi-unanimité des élus corses, à l'exception de Corsica Libera, il y a pour l'heure une position que nous contestons, qui est celle de considérer qu'on serait encore dans le cadre de discussions d'un certain niveau et de dimension historique.Ce n'est pas du tout le cas. Et de surcroît qu'il n'y a pas sur la table de projet politique claire, opposé à Paris. Nous, nous pensons avoir développé et consolidé un projet cohérent et c'est la raison pour laquelle, nous souhaitons délivrer une analyse claire vis-à-vis de ce qui est en train de se passer, à savoir qu'il n'y a pas de processus d'une part, et d'autre part, nous contribuons au débat en faisant des propositions concrètes. 

Vous dites que l’objectif de Corsica Libera ce n’est pas l’échec des discussions avec Paris, mais c’est même tout l’inverse, mais que pour ça, il faut repartir sur d‘autres bases, lesquelles ? 
- Que les choses soient claires : nous ne spéculons pas sur l'échec du processus. Au contraire, nous voulons la réussite d'un processus politique. Car si on spécule sur un échec éventuel, nous spéculerions sur l'échec de la Corse et l'échec d'un meilleur avenir pour les Corses et ce n'est pas du tout notre état d'esprit.  

Nous souhaitons que les propositions que nous formulons issues se situent au cœur de l'agenda politique et donc nous allons dans les semaines et les mois à venir à la rencontre des Corses et échanger sur la base de ces propositions pour que celles-ci puissent être au centre d'une avancée réelle pour la Corse.


La nouvelle ghjunta* : Anne-Cécile Nesa, Matteu Giona, Ghjuliu Antò Susini, Sampieru Andreani, Ghjiseppu Maria Verdi, Esteban Saldana, Battì Pieri, Jean-Daniel Cortopassi et Pierre-José Filipputti.