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Jean-Antoine Giacomi : « La souveraineté partagée est le statut garant de la paix et de la démocratie en Corse ! »


Nicole Mari le Vendredi 11 Juin 2021 à 21:40

Défendre les intérêts de la Corse et enrayer son déclin, c’est le projet du candidat Jean-Antoine Giacomi lors de ces élections territoriales des 20 et 27 juin. Le tout jeune chef de file de la liste " Corsica Fiera ", soutenue par Forza Nova, détaille, pour Corse Net Infos, les mesures qu’il entend mettre en œuvre avec cinq priorités absolues : la cherté de la vie, les transports, les déchets, l’immigration et l’insécurité. Il veut casser les monopoles, instaurer un protectionnisme économique insulaire, viser l’autosuffisance alimentaire, créer une usine de valorisation énergétique dans le centre de l’île et mettre en place un Bouclier de sécurité.



Jean-Antoine Giacomi, chef de file de la liste "Corsica Fiera" pour les élections territoriales des 20 et 27 juin.
Jean-Antoine Giacomi, chef de file de la liste "Corsica Fiera" pour les élections territoriales des 20 et 27 juin.
- Quels sont les axes majeurs de votre projet pour la Corse ?
- Comme nous pouvons le constater, la Corse n’a avancé sur aucun dossier crucial pendant 30 ans. Les Nationalistes se situent dans la continuité de la gauche et de la droite, c’est à dire une mandature de gestion. Derrière la liste « Corsica Fiera », nous sommes tous unis pour enrayer le déclin de la Corse. Nous pouvons décompter cinq priorités absolues : la cherté de la vie, les transports, les déchets, l’immigration et l’insécurité.
 
- De quelle façon, comptez-vous défendre les intérêts de la Corse et enrayer son déclin ?
- D’une part, nous défendrons les intérêts des Corses face aux offensives des grands groupes privés. L’intérêt public doit toujours primer sur les intérêts privés ! Il n’est pas concevable que 30 familles en Corse s’enrichissent sur le dos de 350 000 de nos compatriotes. D’autre part, la Corse sera confrontée, demain, à un choc des civilisations. Elle connaît une croissance démographique, alors que la natalité décline. Cela traduit une chose : le peuple corse est en déclin ! Nous mettrons en place une prime à la natalité afin de relancer les naissances en Corse.
 
- La Corse reçoit près de 5000 arrivants chaque année. Est-ce le choc de civilisation dont vous parlez ?
- Comme je viens de le dire, la Corse compte presque 7000 néo-arrivants par an dont les mœurs sont, pour la plupart, contraires à notre culture. Si nous n’agissons pas aujourd’hui, demain il sera trop tard ! Nous n’aurons plus les capacités d’intégrer, et deux cultures, parfois antinomiques, se confronteront.
 
- Que pouvez-vous contre l’immigration ?
-  Nous n’appellerons, en aucun cas, des bateaux de migrants, notamment l’Aquarius, à venir accoster chez nous. Aucun bateau de migrants n’accostera en Corse ! La Corse n’a pas vocation à devenir le Lampedusa de la France ! Nous supprimerons également la motion « Corse, terre sans expulsion » votée à l’unanimité de la classe politique insulaire. Nous ne financerons plus les associations immigrationnistes et communautaristes qui visent à marginaliser les Corses sur leur terre et ce, avec l’argent du contribuable.

Aux salines à Ajaccio.
Aux salines à Ajaccio.
- Quelles mesures proposez-vous pour lutter contre la cherté de la vie ?
- Les gens ont, aujourd’hui, besoin de vivre décemment de leur travail. La Corse est la région où la vie est la plus chère, alors qu’elle est la plus pauvre région de France ! Je pense aux 27 000 chômeurs et aux 70 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Nous devons redonner du pouvoir d’achat aux Corses ! Par exemple, nous ne pouvons plus payer l’essence la plus chère de France. Nous allons casser les monopoles ! La Collectivité de Corse a vocation à rentrer dans le capital du dépôt pétrolier afin de réguler les prix de l’essence.
 
- Quelle politique appliqueriez-vous en matière de logement et d’emploi ?
- La Corse est victime de la spéculation immobilière depuis trop d’années avec les conséquences que nous connaissons aujourd’hui : des prix au mètre carré en hausse exponentielle, les Corses ne peuvent plus acheter. La Collectivité de Corse doit se positionner dans une politique d’aide à la primo-accession. La politique des logements sociaux doit également être améliorée. Nous devons réhabiliter les logements sociaux existants et, bien sûr, entamer une vraie Corsisation de la politique d’attribution des logements sociaux. Les valeurs du travail et de la méritocratie doivent prévaloir chez nous. Je ne vois pas une Corse construite dans l’assistanat ! Nous devons relancer l’investissement dans les TPE/PME afin de créer de l’emploi en les libérant de l’asphyxie des charges sociales, patronales et fiscales.
 
- Vous dites qu’il faut mettre en place un protectionnisme économique insulaire. Qu’entendez-vous par là ?
- Nous devons protéger notre économie, nos entreprises, nos artisans et nos commerçants face aux offensives de grands groupes privés français, européens ou internationaux. Notre économie n’a pas les moyens de lutter face à certains grands groupes. Je pense notamment aux GAFAM avec lesquels nos commerçants vivent au quotidien une concurrence déloyale.
Nous proposons de mettre en place un fonds souverain dépendant de la Collectivité de Corse en partenariat public/privé qui permettra à nos entreprises, commerçants et artisans, de résister aux offensives des grands groupes privés et des GAFAM. A titre d’exemple, nous aurions pu acquérir, par l’intermédiaire de ce fonds souverain, les parts sociales de la Clinique Maymard qui ont été rachetées par le groupe Almaviva. L’intérêt public aurait primé sur les intérêts privés.
 
- Vous prônez la relance de l’agriculture. Comment comptez-vous y arriver ?
- Avec Forza Nova, nous visons à l’autosuffisance alimentaire de la Corse. Aujourd’hui, nous importons 92% de ce que nous consommons. Nous devons relancer la politique agricole, cela doit aller de concert avec l’aménagement du territoire. Nous devons sanctuariser définitivement les terrains agricoles ou voués à l’agriculture en plaine et sur le littoral pour y installer de jeunes agriculteurs en partenariat avec les lycées agricoles de Borgo et Sartène. La formation doit évidemment être renforcée dans le domaine agricole. Bien sûr, la Corse devra se doter d’une industrie agro-alimentaire, notamment en transformation d’aliments, afin de pouvoir subvenir aux besoins de consommation courante.
 
- Autre priorité : les déchets. Quelles solutions proposez-vous ? L'incinérateur ?
- Nous ne pouvons pas continuer sur le modèle actuel de l’enfouissement total. 190 000 tonnes de déchets enfouis par an pour un prix exorbitant, une pollution durable des sols et des nappes phréatiques : ce n’est pas l’avenir que je me fais de la Corse ! Nous créerons une usine de valorisation énergétique dans le centre de la Corse afin de produire de l’énergie à partir de nos déchets. Nous pourrons fournir en énergie gratuite l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants. Cette usine fonctionnera en complément de centres de tris installés sur le territoire en partenariat avec les communes et intercommunalités. Aujourd’hui, nous payons la tonne de déchets collecté et traité : 320€ en moyenne. Demain, elle ne coûtera plus que 90€ en moyenne, comme dans tous les autres territoires européens.

- L’insécurité est un autre de vos thèmes de campagne. Est-ce audible dans une île qui semble plutôt protégée ?
- La Corse est, aujourd’hui, confrontée à une montée fulgurante de la délinquance : les agressions physiques ont augmenté de 212 % en 10 ans ! Jardins de l’Empereur, Sisco, agression des Pléiades, agression islamiste à la prison de Borgo, imam fiché S dans cette même prison, tous ces faits mis bout à bout traduisent une dégradation générale de notre cadre sociétal. Il n’y a pas de place pour l’insécurité et la racaille en Corse : la Corse ne sera pas le 9-3 !
 
- Quelles mesures prévoyez-vous pour assurer la sécurité des Corses ?
- D’ores et déjà, nous instaurerons un « Bouclier Sécurité » visant à financer l’équipement et le recrutement des forces de sécurité locale. Une telle mesure aidera les communes à équiper leur police municipale, c’est-à-dire en véhicules, locaux, armements et protections. De plus, par l’intermédiaire de ce « Bouclier Sécurité », le financement de la vidéo-protection sera généralisée à l’ensemble des quartiers sensibles, des zones portuaires et aéroportuaires.
 
- Il y aussi la question du crime organisé et le questionnaire de Mafia Nò. Comment y répondre ?
- À toutes les questions du collectif « Mafia Nò - Vita Iè », on pourrait facilement et de manière démagogique répondre « Oui ». À condition de préciser la signification de la mafia et de définir la "situation mafieuse". Notre analyse ne se limite pas à un catalogue d'hypothétiques mesures, même si certaines sont envisageables dès maintenant. Il convient de rappeler certaines réalités historiques difficilement contestables qui éclairent celles d'aujourd'hui. Historiquement, le milieu corse est lié à l'appareil clandestin de l'état français, dans l'empire colonial - opium, piastres en Indochine -, en métropole puis en Françafrique. Il fut longtemps voué aux basse-œuvres du régime. En Corse même, des équipes de barbouzes ont été actionnées contre le mouvement national. Durant des décennies, l'Etat a réprimé le nationalisme et laissé prospérer la voyoucratie. Ce qui caractérise le crime organisé actuel en Corse, c'est justement qu'il ne semble guère organisé ! Pas de "commission", pas de "capo régime", mais juste des gens assoiffés de pouvoir avec les dents longues qui ne reculent devant rien ! En clair, une anarchie sanglante, mais ne pouvant donner naissance à une mafia, au sens courant de ce terme ! La répression du crime organisé relève du domaine régalien dévolu à l'Etat. En tant que citoyens, nous déplorons que la France ne dispose pas d'une loi 41bis, comme en Italie, ou RICO aux USA, qui mettrait fin à certains agissements douteux.De manière générale le crime organisé est lié au culte de l'argent, lequel ne peut être vaincu que par les valeurs patriotiques et traditionnelles. Les valeurs que défend Forza Nova !
 
- Tout cet arsenal n’est-il pas en contradiction avec la privation de liberté que vous avez dénoncée pendant la crise sanitaire ?
 - C’est justement tout le contraire ! La sécurité est la première des libertés ! Il n’existe point de liberté, si notre sécurité physique n’est pas assurée. Dans une société libre, nous devons être en sécurité. Cela s’inscrit dans la continuité de notre combat pour les libertés que nous avons mené face à l’État concernant la gestion macroniste de la crise Covid. Nous sommes les seuls à avoir défendu les libertés du peuple !
 
 - Vous proposez un statut de « Souveraineté partagée ». Qu’est-ce que cela signifie ? 
- Il s’agit d’une vision fédérale plus poussée que l’autonomie. Cela se situe entre l’autonomie et l’indépendance. Nous parlons, donc, de souveraineté partagée entre la Corse et l’Etat : la Corse gérant souverainement ses affaires internes, et l’Etat gardant ses compétences strictement régaliennes. Cela se traduit par des compétences partagées dans les domaines législatif, éducatif, fiscal, économique, migratoire, sanitaire, sécuritaire ou autres. La souveraineté partagée est le statut garant de la paix et de la démocratie en Corse ! Ce statut nous préservera de l’effondrement et du délitement que connaît la France aujourd’hui.
 
- Quel mot résumerait votre projet politique ?
- Le souverainisme contre la mondialisation sauvage, qu’on nous avait promis merveilleuse et qui s’avère néfaste. 
 
- Si vous êtes élus, quelle serait, pour vous, la priorité immédiate ?
- Le problème lié à la gestion du dossier des déchets. Nous devons apporter une réponse immédiate aux Corses. 
 
Propos recueillis par N.M.