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COP 26 : Gilles Simeoni défend le rôle des territoires et des peuples dans la lutte contre le changement climatique


Nicole Mari le Lundi 8 Novembre 2021 à 21:05

Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, était à Glasgow, ce lundi, pour participer à la COP26, la 26ème session de la Conférence des Parties sur le changement climatique, organisée par le Royaume-Uni du 1er au 12 novembre. Il est, en tant que Président de la commission « Transition écologique » de Régions de France, intervenu pour expliquer les enjeux dans les territoires insulaires de l’adaptation au changement climatique, mais aussi pour défendre le rôle des peuples et des nations sans Etat. L’occasion, explique-t-il, à Corse Net Infos, de réaffirmer que pour avancer, il faut mettre en œuvre des politiques à l’échelon des territoires, des citoyens et des peuples.



Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et Président de la commission « Transition écologique » de Régions de France, Gilles Simeoni, et le président de la Generalita de Catalunya, Pere Aragonès i Garcia, à la COP26, la 26ème session de la Conférence des Parties sur le changement climatique, qui se tient à Glasgow, du 1er au 12 novembre.
Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et Président de la commission « Transition écologique » de Régions de France, Gilles Simeoni, et le président de la Generalita de Catalunya, Pere Aragonès i Garcia, à la COP26, la 26ème session de la Conférence des Parties sur le changement climatique, qui se tient à Glasgow, du 1er au 12 novembre.
- Comment s’est déroulée votre participation à la COP 26 à Glasgow ?
- Elle a été l’occasion de divers échanges très fructueux. Lundi matin, j’ai rencontré, pendant une heure, en tête en tête, le président de Catalunya, Pere Aragonès. Nous avons, d’abord, bien sûr, parlé des politiques générales, de la situation en Catalogne et de la situation en Corse. Nous avons, ensuite, abordé les problématiques de la lutte contre le réchauffement climatique et du développement durable, notamment à l’échelle méditerranéenne. Une discussion très intéressante qui nous a permis de réaffirmer ensemble que les peuples et les nations sans État d’Europe sont engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour un monde plus juste et plus solidaire. Nous avons convenu de nous revoir pour travailler à un partenariat. J’ai été, ensuite, reçu près de 45 minutes par Michael Matheson, le ministre écossais de la transition écologique, en charge de l’énergie, des transports et du Net Zero, c’est-à-dire la lutte contre les effets de serre. Là aussi, nous avons, en plus des questions climatiques, échangé sur nos situations politiques respectives. En tant que président de la Commission « Transition écologique » de Régions de France, j’ai également eu un entretien de 20 minutes, en tête à tête, avec Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, où j’ai également évoqué la Corse. Et puis, en soirée, avec le président du Sénat de Madagascar qui a demandé à me rencontrer.

Gilles Simeoni et la ministre Barbara Pompili.
Gilles Simeoni et la ministre Barbara Pompili.
- Vous avez participé à une table ronde où vous avez notamment porté la voix de la Corse et des territoires insulaires. Qu’avez-vous plaidé ?
- C’était une conférence très intéressante organisée par Régions de France sur les dispositifs et les stratégies d’adaptation au changement climatique à mettre en œuvre dans les territoires. Y participaient des députés, des sénateurs, et notamment le représentant des cités et des gouvernements africains, Jean-Pierre Elong Mbassi, qui a insisté sur la nécessité de s’appuyer sur les niveaux infra-étatiques et les initiatives participatives locales pour la lutte contre le changement climatique. J’avais, dans le même esprit, en début de conférence, appelé à l'articulation des échelles et à une approche différenciée, proche du terrain et des citoyens, pour relever les défis du changement climatique dans les territoires. J’ai longuement expliqué les expériences que nous menons en Corse et les objectifs que nous voulons atteindre dans le domaine de l’énergie ou de la ressource en eau. J’ai parlé aussi, plus généralement des îles, notamment de Méditerranée, où il y a des enjeux forts et surtout des systèmes à mettre en œuvre qui ne sont pas les mêmes que sur un territoire continental.
 

Gilles Simeoni et Michael Matheson, ministre écossais du Net Zero.
Gilles Simeoni et Michael Matheson, ministre écossais du Net Zero.
- Vous avez réaffirmé que la Corse devait être leader dans ce combat-là. De quelle façon ?
- Ce sont tous les enjeux que nous avons devant nous. Par exemple, sur la question de la transition énergétique, de la construction de notre autonomie énergétique, de la préservation de la ressource en eau, de la protection de la biodiversité, du tourisme durable. Tout notre agenda politique est en résonance étroite avec ces enjeux-là. Le dernier rapport du GIEC a identifié la Méditerranée comme un des endroits où les enjeux de préservation de la biodiversité et de développement durable sont les plus prégnants et les plus aigus. Pour toutes ces raisons, il était important que la Corse soit là, qu’elle fasse entendre sa voix et qu’elle montre sa volonté de participer à ce concert international. De façon modeste bien sûr, eu égard à sa taille et à son poids économique, mais avec détermination. Ceci dit, je le répète, ce qui est important, c’est que nous avons réaffirmé de nouveau, avec une force qui n’a peut-être jamais été atteinte auparavant, la nécessité de s’appuyer sur les niveaux infra-étatiques, qu’il s’agisse des régions de droit commun ou des nations et peuples sans Etat, quelque soit leur degré d’autonomie ou leur aspiration à l’indépendance. Cette question-là est, pour nous, centrale. Nous considérons qu’elle ne relève pas seulement de la politique étatique ou inter-étatiques, mais que pour avancer, il faut avoir des politiques mises en œuvre à des échelons proches des territoires, des citoyens et des peuples.

Gilles Simeoni avec la délégation de l'eurorégion Pyrénées-Meditérannée.
Gilles Simeoni avec la délégation de l'eurorégion Pyrénées-Meditérannée.
- Que retenez-vous de cette grande messe qu’est la COP 26 ?
- On sait l’intérêt d’une COP, mais on sait aussi les réserves et les interrogations qu’elle suscite. On se pose la question : ne se donne-t-on pas bonne conscience en y assistant ?  Qu’est-ce qui ressort de ces grandes réunions ? C’est ma première COP, je manque d’expérience, mais les participants, avec qui j’ai discuté et qui ont déjà assisté à plusieurs COP auparavant, disent que la volonté affichée ici à Glasgow et le niveau d’engagement financier sont supérieurs aux fois précédentes. On verra ce qu’il en sortira. Quand on entend le représentant africain expliquer concrètement que l’Afrique n’a contribué en rien à la situation actuelle mais qu’elle en est la première victime, on a un peu l’impression d’avoir presque des problèmes de riches. Face à elle, l’exigence de solidarité, dont je parlais, ne doit pas seulement être une affirmation pour se faire plaisir, mais prend tout son sens. Et là, se pose une autre question : croit-on ou pas à l’utilité de l’engagement politique ? Si on n’y croit pas, on peut être cynique et dire que tout cela ne sert à rien. Si on y croit, on joue le coup à fond en se disant que ces réunions sont l’occasion de mobiliser, de conscientiser, de nouer des partenariats, de construire des convergences… Et à mon avis, c’est ce qu’il faut faire.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Gilles Simeoni à la conférence organisée par Régions de France et le Comité 21 sur les dispositifs et les stratégies d’adaptation au changement climatique à mettre en œuvre dans les territoires.
Gilles Simeoni à la conférence organisée par Régions de France et le Comité 21 sur les dispositifs et les stratégies d’adaptation au changement climatique à mettre en œuvre dans les territoires.