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Bastia : Annie Mari-Roustan, une passion pour la Corse mise superbement sur toiles


Philippe Jammes le Samedi 22 Février 2020 à 11:11

«L’Arsenale» de la Citadelle de Bastia abrite depuis vendredi soir une magnifique exposition de peintures: les toiles d’Annie Mari-Roustan* . A l’occasion du centenaire de la naissance d’Annie Mari-Roustan (21 février 1920- 18 janvier 2011), la ville de Bastia nous convie à suivre les traces de cette femme passionnée et passionnante, à l’Arsenale, situé au bastion nord de la Citadelle.



«C ’est vraiment un beau cadeau que nous fait la ville de Bastia en exposant les œuvres de ma mère, œuvres réalisées entre 1948 et les années 90 » déclare Jean-Louis Mari son fils. « Dans les années 50, ma mère et moi partions camper dans différentes régions de l’île, à la recherche des beaux paysages. Je portais la tente et ma mère son chevalet, sa boite à peinture et ses toiles. Quand on trouvait un bel endroit, ma mère s’asseyait et peignait. Il lui fallait entre 1h et 1h30 pour réaliser son tableau. Quand elle avait réalisé 2 ou 3 toiles d’une région, nous levions le camp et partions ailleurs ».


Les tableaux d’Annie Mari-Roustan, peinture à l’huile sur toile, représentent le plus souvent des paysages: Paysages de mer, de montagnes, de rivières, de villages. Ce qui fascine dans ses toiles, c’est l’aspect réel. Ses toiles sont des sortes de merveilleuses photographies d’un lieu. «Dans ses peintures, ma mère y mettait tout son amour, sa passion pour la Corse» souligne J.-L. Mari.


- Mais justement, comment cette artiste a t-elle découvert la Corse?
- «Ma mère est née à Saint Laurent du Var le 21 février 1920. Sa mère, Céline Bonnett était bastiaise. Elle a connu la Corse par mon oncle, Henri Bourdiec. C’était juste après la guerre. Il était passé nous voir avec ses trois enfants puis était parti pour Bastia. Ma mère est allée le voir un jour et est tombée amoureuse de la Corse. Elle y a découvert ses paysages, la nature, la liberté».


- Et la peinture, comment l’a t-elle découverte?
- «Toute petite elle s’est intéressée à la peinture et à 14 ans a intégré l’école municipale de peinture de Nice. Depuis cet âge là, elle n’a cessé de peindre. Sa première expo date de 1947, j’avais tout juste 4 ans. Il y a eu juste une petite parenthèse à cause de la guerre. En raison des nombreux bombardements, sa famille se réfugie alors à Annot, un petit village des Basses-Alpes. A cette époque, pour pallier le manque de matériel ma mère peignait sur des draps tendus. La mort de son père va beaucoup la marquer et arrête alors la peinture. C’est mon oncle qui arrivera à la remotiver. Après la guerre, elle achètera un appartement à Bastia, 2 rue Sainte-Elisabeth. C’est là que débutera son aventure artistique et humaine tout autour de l’île. Avec elle, je sillonnerai toute la Corse."


Beaucoup de paysage mais aussi des natures mortes.
- «Oui, comme je vous le disais, ma mère peignait beaucoup de paysages quand nous partions camper. Elle avait une sorte de boulimie des paysages corses. Les natures mortes sont plus récentes et datent des années 80 et 90. Ma mère, plus âgée, sortait moins. Elle peignait alors, assise, des mimosas, des fleurs mais aussi le produit de chasse des chasseurs qui venaient la voir exprès avec leurs trophées».


L’Arsenale nous permet de découvrir les œuvres de cette artiste maintes fois récompensée par la Société Académique Art, Sciences et Lettres de Paris. Des aiguilles de Bavella se détachant sur un ciel bleu d’azur, en passant par des rivières tranquilles, jusqu’au port de Bastia, l’exposition offre la redécouverte d’Annie Mari-Roustan. On y découvre aussi ses célèbres et éclatants mimosas célébraient notamment par Marcel Pagnol à l’occasion du salon d’hiver à Paris en 1958. « A demi anglaise, à demi corse, elle est deux fois insulaire» écrit l’auteur de Manon des sources. «Et c’est sans douter parce que les îles sont des sommets de montagnes sous-marines qu’Annie Mari-Roustan peint avec tant de force les pitons rocheux et les arbres battus des vents. Le petit village d’Asco, ses maisons basses accrochées aux dures pentes de la Corse, ses pins penchés dans le sens du Libecchio, personne encore ne les avait fait vivre avec tant de relief, de lumière, et d’amour».
Installée définitivement en Corse, l’artiste exposera très souvent que ce soit à Ajaccio ou Bastia. La première remonte à 1952, à la Galerie Mattei de Bastia. La 2ème, en 1953, à la Galerie Bassoul d’Ajaccio. Annie Mari-Roustan décédera le 18 janvier 2011 dans sa demeure familiale de Saint-Laurent-du-Var.
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*«Annie Mari-Roustan, une passion corse». A L’Arsenale (Citadelle de Bastia) du 21 février au 28 mars 2020. ouverte au public du mardi au samedi de 14h à 18h30 et exceptionnellement le dimanche 23 février de 9h à 16h.

Jean-Louis Mari et Marie-Hélène Giuly, chargée de médiation patrimoniale à Bastia
Jean-Louis Mari et Marie-Hélène Giuly, chargée de médiation patrimoniale à Bastia