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A Cargèse, le dernier adieu à Yvan Colonna


Julia Sereni le Vendredi 25 Mars 2022 à 19:47

Les funérailles d’Yvan Colonna se sont déroulées ce vendredi 25 mars dans son village de Cargèse. Plusieurs milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage au militant nationaliste.



Photos Michel Luccioni
Photos Michel Luccioni
Sur le chemin de Cargèse, en venant d’Ajaccio, les inscriptions « Gloria à tè » s’affichent, nombreuses, en bord de route. Comme pour baliser le dernier voyage d’Yvan Colonna.

À quelques heures de l’arrivée du convoi funéraire, portes closes et volets fermés marquent le deuil de tout un village. Partout, le visage du militant nationaliste, condamné pour l’assassinat du préfet Erignac, orne les murs. Aux fenêtres des maisons, sur les devantures des commerces, les drapeaux à tête de maure flottent au vent frais. Les rares silhouettes croisées sont vêtues de noir, à l’exception de celles des journalistes, qui ont investi les lieux dès le matin.

« L’enfant du pays »

Devant l’église latine, quelques bougies subsistent des veillées organisées ces derniers jours. Sur une planche de bois, le profil de jeunesse d’Yvan Colonna est peint au pochoir. C’est ici qu’à 15 heures se dérouleront les obsèques de celui que la presse a surnommé « le berger de Cargèse ».
 
Dès midi, la foule commence à se réunir sur le parvis de l’église. Un « deuil », une « profonde tristesse », un « moment de recueillement », les mêmes mots reviennent, immuables depuis l’annonce du décès du militant nationaliste. S’il est devenu pour certains « le symbole de la lutte du peuple corse », il est ici, avant tout, « l’enfant du pays ». Soudain, une voix de femme appelle à rejoindre, en haut du village, la place Saint-Jean, où le convoi funéraire est attendu en tout début d’après-midi.

4 000 personnes selon la sécurité

Aux alentours de 14 heures, le convoi arrive. Une halte pour un moment de recueillement, comme l’indiquait l’avis de décès, « dans sa maison et devant ses oliviers, laissés un jour de mai 1999 », date à laquelle Yvan Colonna avait débuté sa cavale de quatre années. Puis le cercueil, couvert du drapeau corse, revient sur la place. Les hommes se relaient pour le porter dans tout le village. La foule suit en silence.

Enfin, le cortège rejoint l’église, où une foule dense l’attend. Le parvis, comme les rues adjacentes, sont noirs de monde. Plusieurs milliers de personnes sont venues. Difficile de dire leur nombre avec précision. Environ 4 000, selon le service de sécurité présent sur place. Parmi elles, des cargésiens, des amis, des membres de la famille, mais aussi de nombreux militants et élus nationalistes comme le président du conseil exécutif Gilles Simeoni, le leader de Core in Fronte Paul-Felix Benedetti ou encore le maire de Porto-Vecchio Jean-Christophe Angelini.

« Un homme passionné, attaché à sa terre et aux siens »

Les obsèques débutent. Un requiem s’élève des hauts-parleurs installés à l’extérieur, l’église étant trop exiguë pour accueillir la foule présente. D'autres chants suivront. La cérémonie, en langue corse, laisse de côté le discours politique pour célébrer « un homme passionné, attaché à sa terre et aux siens ». À l’issue, la foule entonne le Diu vi salvi regina, qu’elle conclut le poing levé. Le cercueil sort de l’église, pour être porté, lentement, jusqu’à la chapelle familiale. Un immense cortège l'accompagne.
 
Yvan Colonna a rejoint sa dernière demeure. Le silence revient à Cargèse.