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En Haute-Corse, l'équipe mobile de soins palliatifs soulage les patients en fin de vie


Livia Santana le Jeudi 15 Septembre 2022 à 16:14

Soulager les patients atteints de maladies graves et incurables, les accompagner vers la fin de vie sans souffrance physique, c’est la vocation de l’équipe mobile de soins palliatifs (EMSP).



En Haute-Corse, l'équipe mobile de soins palliatifs soulage les patients en fin de vie
Née en avril 2009 d’un partenariat entre le Centre Hospitalier de Bastia et la Polyclinique Maymard (propriété du groupe Almaviva Santé), l’EMSP est composée d’une équipe pluridisciplinaire de médecins, infirmières, psychologues et secrétaires médicales qui interviennent à domicile sur toute la Haute-Corse, à la demande des médecins traitants ou référents lorsque le malade nécessite des soins spécifiques.
A Bastia, le docteur Monique Paolini médecin responsable des équipes, le docteur Thibault Aniel, médecin coordinateur, Elodie Morocutti, infirmière et Graziella Mattei infirmière responsable de l’équipe ont accompagné en 2021, 500 personnes en fin de vie pour 1000 interventions à domicile. 
 
Ce jeudi 15 septembre, toute l’équipe est réunie dans les locaux de l’ancienne clinique Zuccarelli, où se dressent à présent la clinique de Toga qui accueille l’EMSP.
Ces derniers jours, l’actualité a été bousculée par l’avis du comité d'éthique ouvrant la voie à une aide active à mourir, à condition qu'elle soit encadrée, l’annonce d’Emmanuel Macron du lancement d'une consultation citoyenne sur la fin de vie et le suicide assisté du réalisateur Jean-Luc Godard en Suisse.
Dans l’équipe qui côtoie les personnes en fin de vie quotidiennement, chacun a son avis sur la question mais tout le monde est assez unanime : « Si les soins palliatifs étaient plus connus, il y aurait moins de débats sur ce sujet ».
 
Au sein du corps médical, les opinions divergent 
 
Au quotidien, malgré la prise en charge de patients atteints de lourdes pathologies, le docteur Monique Paolini et le docteur Thibault Aniel comptent sur les doigts d'une main ceux qui souhaitent mettre fin à leurs jours. « Certaines personnes âgées, lorsqu’elles souffrent, avant que l’on intervienne, disent qu’elles veulent mourir. Mais la plupart du temps, une fois que nous les avons mises sous sédatifs et qu’elles n’ont plus mal, elles ne réitèrent plus ce souhait », explique le docteur Monique Paolini. Pour elle, le suicide assisté est un sujet délicat qui mérite d’être débattu mais qui pose selon elle des questions déontologiques. « Quand on devient médecin on nous apprend qu’on doit soigner les gens, éviter qu’ils souffrent, pas les tuer », poursuit Monique Paolini qui en est persuadée : « si tous les professionnels de santé connaissaient les soins palliatifs, qu’ils étaient bien appliqués, que les personnes ne souffraient donc plus avant de mourir, le suicide assisté ne serait même pas demandé. »
 

Régulièrement, le docteur Thibault Aniel se rend au chevet des patients en fin de vie, à leur domicile mais lui en est convaincu :  si le suicide assisté était légalisé « peu de personnes y auraient recours, mais ce serait une option supplémentaire proposée en complément des soins palliatifs ».
 
Graziella Mattei, infirmière responsable de l’équipe, trouve « nécessaire » d’interroger la population sur cette question. Notamment pour des maladies, comme celle de Charcot, une maladie neurodégénérative grave qui se traduit par une paralysie progressive des muscles. « Les patients atteints refusent souvent les sondes pour être alimentés ou boire », explique-t-elle. 
 
La loi Claeys-Leonetti « suffisante »
 
Grâce à la loi Claeys-Leonetti votée en 2016, de nouveaux droits ont été donnés aux patients notamment celui à la sédation profonde et continue jusqu'au décès, à la demande du malade. Les directives anticipées qui était jusqu'alors consultatives, sont désormais imposées aux médecins plaçant ainsi le patient au cœur du processus décisionnel.
Ainsi, en concertation collégiale entre les professionnels de santé de l’EMSP et la famille du malade, la décision médicale peut-être prise, en phase terminale, de procéder à une sédation profonde. « Lorsqu’on explique au patient qu’il ne va pas souffrir, qu’il s’endormira paisiblement il a moins peur et peut se concentrer sur ses derniers instants de vie », lance Graziella Mattei. 
 
Malgré cette application de la loi, l’an passé, un patient de l’équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) a décidé de se rendre en Suisse pour mettre fin à ses jours légalement.