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Voitures électriques : pour rejoindre la Corse en ferry, mieux vaut une batterie peu chargée


David Ravier le Dimanche 21 Janvier 2024 à 22:27

Les clients propriétaires de voitures électriques qui rallient la Corse au continent en bateau sont de plus en plus incités par les compagnies maritimes à ne pas charger leur batterie au-delà de 30%, pour limiter les risques en cas d’incendie du véhicule.



Voitures électriques : pour rejoindre la Corse en ferry, mieux vaut une batterie peu chargée
 

Les cas sont rarissimes mais appellent à la prudence. Que ce soit le Felicity Ace, qui a sombré en mars 2022 au large des Açores, ou le Freemantle Highway, partiellement ravagé par les flammes en juillet 2023, ces dernières années, des cargos transportant des véhicules électriques ont vu leur cargaison partir en fumée. Si les batteries des voitures électriques ne sont pas forcément responsables de ces incendies, de nouvelles consignes commencent à voir le jour chez les professionnels du secteur maritime. « L’ensemble des armateurs français ainsi que les transporteurs de voiture s’intéressent au sujet du feu que peuvent provoquer les batteries électriques », indique Romain Chappel, le directeur de la flotte chez Corsica Linea.

 

Actuellement, les véhicules électriques ne représentent qu’une frange infime des automobiles transportées sur les ferries. A titre d’exemple, Corsica Ferries indique que seuls 3% des voitures qui effectuent la traversée vers le continent sont électriques. Si la direction précise que « pour l’instant, il n’y a pas de réglementation sur le transport de véhicule électrique », elle ajoute qu’il est « préférable d’avoir une batterie la moins chargée possible » au moment de l’embarquement. À ce sujet, chaque compagnie est libre de légiférer sur le niveau de charge des véhicules électriques à bord de ses bateaux, mais la mesure communément admise d’une compagnie à l’autre est de charger la batterie à un tiers de sa capacité. « Ce qu’ont remarqué les marins-pompiers de Marseille et les équipes qui travaillent sur ces feux, c’est que les risques d’autocombustion et de propagation d’incendie augmentent lorsque la batterie est chargée au-delà de 30% », précise le directeur de la flotte de Corsica Linea, dont la compagnie respecte cette limite. Malgré tout, si un client arrive avec une batterie chargée au-delà de 30%, il ne sera pas refoulé pour autant et pourra prendre place à l’intérieur du bateau. Seule exception cependant, « si un passager arrive avec un véhicule électrique accidenté, il est interdit à bord. Pour qu’il puisse accéder au ferry, il faut qu’il soit transporté en fret pour qu’à ce moment-là, on puisse le traiter comme une marchandise dangereuse », insiste Romain Chappel, qui préfère jouer la carte de la sécurité avec ces véhicules.

 

Minimiser les risques d’incendie

 

Contrairement aux voitures thermiques, les incendies provoqués par les véhicules électriques ne peuvent pas être éteints, car ce type de combustion n’a pas besoin d’oxygène pour s’embraser. « La seule chose que nous pouvons faire, c’est de la refroidir au maximum, c’est pour cette raison que nous plaçons ces véhicules dans des lieux spécifiques du bateau », avance Romain Chappel.
Si de telles mesures sont prises, c’est parce que les moyens d’extinction telle que la poudre ou le CO2 n’ont aucun effet pour éteindre un incendie causé par une batterie de voiture électrique, raison pour laquelle la détection de ces véhicules particuliers est effectuée en amont par les compagnies maritimes.


« Nous identifions les voitures électriques dès la réservation en demandant au client d’indiquer la cylindrée de son véhicule. À ce moment-là, nous lui faisons des rappels réguliers par SMS et par mail sur la quantité de batterie qu’il est recommandé d’avoir pour entrer sur le bateau. Juste avant l’embarquement, nous collons une vignette spécifique sur le pare-brise du véhicule pour l’identifier et une fois à bord, ils sont placés dans une zone où il est possible d’utiliser de l’eau pulvérisée pour contenir le feu », précise Romain Chappel.
Néanmoins, le directeur de la flotte se veut rassurant, en précisant que « statistiquement, il n’y a pas plus de chance qu’un véhicule électrique prenne feu qu’une voiture classique ».