Corse Net Infos - Pure player corse

Violences conjugales : des lycéens de Porto-Vecchio rejouent un procès au Tribunal d’Ajaccio


Cécile Orsoni le Lundi 27 Mai 2024 à 15:29

Ce lundi 27 mai, dans le cadre de la Journée Nationale de l’Accès au Droit, des lycéens de Porto-Vecchio ont rejoué une audience consacrée aux violences conjugales, calquée sur des faits réels.



Les lycéens de Porto-Vecchio rejouent un procès au Tribunal d’Ajaccio
Les lycéens de Porto-Vecchio rejouent un procès au Tribunal d’Ajaccio
Le lundi 27 mai, dans le cadre de la Journée nationale de l’Accès au droit, des élèves de Terminale du Lycée Jean-Paul de Rocca Serra de Porto-Vecchio ont rejoué un procès pour violences conjugales devant la salle d’audience du tribunal d’Ajaccio. Étaient présentes la bâtonnière du barreau d’Ajaccio, Me Marie Colombani, ainsi que Patricia Jacques, directrice du Conseil départemental de l’Accès au droit de Corse-du-Sud. L’avocat au Barreau d’Ajaccio, Me Tomasini, avait été sollicité afin d’aider les élèves à préparer ce procès de la manière la plus plurielle possible : « On leur a donné une trame de procédure, calquée sur un dossier réel dont les faits s’étaient déroulés à Porto-Vecchio, puis avaient été jugés au tribunal d’Ajaccio. On a mis en place des simulations et des improvisations au sein du lycée, sur deux journées, dans le cadre de la formation en droit qu’ils suivent avec leur professeure, Mme Bartoli. Je leur ai expliqué le déroulement chronologique d’un procès, les termes juridiques à employer, la façon correcte d’exposer les choses », détaille-t-il.

Ainsi, après avoir lu attentivement le dossier, les élèves se sont répartis les rôles à jouer : la victime, le prévenu, l’avocat de la partie civile, l’avocat du prévenu, le président du tribunal, ses deux assesseurs, madame la Greffière et madame la procureur. Le résultat est bluffant : le prévenu fictif plaide des troubles liés a des maltraitances de son père durant son enfance, une dépendance aux stupéfiants et demande la clémence des réquisitions. Mais après deux heures de délibération, le verdict tombe : il écope de 3 ans de prison, dont douze mois avec sursis et une mise à l’épreuve pendant deux ans. C’est un pari réussi, qui permettra aux élèves de confirmer leur future orientation scolaire, la majorité d’entre eux souhaitant s’orienter dans le domaine juridique.

Sacha, 17 ans, veut devenir avocat. Aujourd’hui, il incarnait un assesseur : « Je devais aider le juge à rendre une décision. Si la victime prononçait des phrases incohérentes, je devais immédiatement lui poser une question. Cela me permet de voir comment se déroule une vraie audience, de prendre conscience de la fonction et de l’investissement qui est demandé pour chacun. » Noa, 18 ans, s’est proposée quant à elle de présider la séance. À terme, elle souhaite se spécialiser en criminalité : « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant de travail. » sourit-elle, encore émue. Emma, 17 ans, interprétait la victime de violences conjugales : « Moi, je voudrais devenir actrice. J’ai analysé les témoignages, je me suis refait l’histoire, je me suis approprié l’histoire à ma manière. Je suis féministe. A l’ère des témoignages post-me too, la problématique des violences conjugales m’intéresse, tout le monde devrait le prendre à coeur. »

Cette simulation de procès trouve un écho particulier chez l’ensemble des participants de la scène. Car cette thématique des violences conjugales n’a, hélas, rien de fictionnel. « En Corse-du-Sud, plus de 50% des violences conjugales se déroulent à Porto-Vecchio. Elle est la troisième ville la plus touchée de la région. » explique madame Bartoli. Et Me Marie Colombani, Bâtonnière du barreau d’Ajaccio, de conclure : « Au travers de cette journée d’accès au droit, nous souhaitons sensibiliser les plus jeunes sur les thématiques d’actualité, comme les violences faites aux femmes. Le barreau d’Ajaccio participe à cette action en partant du principe que l’éducation est un vecteur important de l’ancrage de l’avocat dans la société. »