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"Un renforcement des moyens policiers en Corse pour septembre" : Gérald Darmanin a-t-il tenu sa promesse ?


Naël Makhzoum le Lundi 30 Janvier 2023 à 20:52

Lors de sa visite estivale en Corse, le Ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin avait déclaré vouloir renforcer les effectifs policiers sur l'île, pour la rentrée de 2022. Mais 6 mois après, rien ou presque n'a évolué. Face à la tension de plus en plus importante, les policiers sont dépassés.



Le commissariat d'Ajaccio. Photo Michel Luccioni
Le commissariat d'Ajaccio. Photo Michel Luccioni
"Un renforcement des moyens policiers et judiciaires est nécessaire. Il s'effectuera dans les prochaines semaines, pour la rentrée de septembre." Les mots de Gérald Darmanin, prononcés le 22 juillet à Bastia, avaient apporté une vague d'espoir aux forces de l'ordre insulaires. En sous-effectif, les fonctionnaires pensaient enfin pouvoir bénéficier de la prise de conscience de la nécessité d'agir. "La Corse ne doit pas devenir la plaque tournante de la drogue en Méditerranée, avait d'ailleurs insisté le Ministre. Nous devons absolument mettre davantage de moyens en œuvre pour lutter contre cette criminalité organisée."

Mais alors que six mois se sont écoulés depuis la promesse affichée par le numéro 3 du gouvernement, les changements ne se font plus attendre, ils deviennent impératifs. "On n'a pas arrêté de nous parler des postes profilés, qui sont un moment de mutation concernant des postes bien précis, explique Pierre Azema, délégué du syndicat Unité SGP Police Corse. On attendait avec impatience ce télégramme, qui est tombé ce mois-ci. Mais verdict : le recrutement à Ajaccio n'a toujours pas été ouvert, hormis un seul poste pour la cybercriminalité... Concrètement, on n'aura personne."

En novembre dernier, un recrutement exceptionnel a toutefois été mis en place pour la Police judiciaire (PJ) de Bastia. Mais seulement quatre postes ont été ouverts. Pire encore : ils ne sont que deux à avoir été pourvus, qui plus est par des personnes venues de la sûreté départementale de la ville... 

"Deux ou trois pour plus de 800 dossiers"

Pas encore désespéré mais largement révolté, le délégué syndical regrette l'absence d'actes derrière les paroles du Ministre de l'Intérieur, qui l'avait pourtant convaincu cet été. "Il a conscience de ce qui se passe ici après sa visite, est persuadé Pierre Azema. Mais le problème, c'est qu'on a demandé à voir les membres de son cabinet pour en discuter sans jamais qu'on nous donne de suites. Où est le blocage ? Probablement au niveau de la DRCPN (Direction des ressources et des compétences de la Police nationale). Il n'y a plus aucun flic qui y est désormais, donc les problématiques du terrain ne remontent pas."

Mais pendant ce statu quo, la situation s'envenime. La PJ insulaire a perdu 20% de ses effectifs l'an dernier, en raison de mutations ou de départs en retraite non compensés. Le surmenage des policiers, qui multiplient les tâches et les heures, n'est pas sur le point de s'arranger, au regard du contexte actuel.

"On ne peut pas se leurrer, le système mafieux est bien en place en Corse, dans l'économie locale et avec des ramifications nationales et internationales, assure Pierre Azema. Il n'y a pas de moyens, pas de renforts, donc on peut s'inquiéter face à l'explosion du trafic de stupéfiants. Sans compter le regain d'actions clandestines, avec des incendies qui se multiplient."

La brigade des stups ne se compose que de quatre personnes à Ajaccio. De même, "ils sont deux ou trois pour plus de 800 dossiers" aux accidents et délits routiers. Pour faire face à cette pénurie de personnel dans l'ensemble des services de l'île, la PJ de Corse a chiffré à une trentaine, le nombre de personnes supplémentaires nécessaires. La sûreté départementale de Bastia et Ajaccio aurait aussi besoin d'une dizaine de personnes en plus.