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U Palatinu : "Nous prêchons pour un nationalisme corse de notre temps"


Michela Vanti le Dimanche 26 Novembre 2023 à 18:36

Nicolas Battini, président d'U Palatinu, partage son retour sur la deuxième assemblée générale de l'association qui a eu lieu le weekend dernier à Francardu, mettant en avant son engagement en faveur de l'identité, de l'histoire, et de la culture corses. Il expose pour CNI sa vision du "Palatinisme", un nationalisme corse actualisé, moderne, et distinct des approches traditionnelles. Doctorant à l'Université de Corse, le trentenaire aborde des thèmes variés tels que la régulation de l'immigration, la critique des théories du genre, et une orientation économique plus libérale pour l'île. Bien que se présentant comme une structure apartisane, il évoque également la possibilité d'un engagement électoral à venir



Nicolas Battini
Nicolas Battini

- C'était la première AG de Palatinu, structure qui se présente comme une association de défense de l'identité, de l'histoire et de la culture corses, quel est le bilan de ses 2 ans d'existence ?
- Non, c'est la deuxième assemblée générale, mais c'est la première depuis le déploiement U Palainu sur la scène publique. Nous avons connu une première année de réflexion et de structuration lors de laquelle U Palatinu n'avait pas vocation à apporter de façon aussi massive son message auprès de l'opinion publique. Mais l'assemblée générale de samedi dernier nous a permis finalement de retracer et exposer le bilan d'une première année qui a été dédiée à la diffusion de la vision qu’a Palatinu du monde, et de la Corse évidemment,  auprès de l'opinion publique.
 
- Et quelle est justement cette vision  ?
- Eh bien le plus que ce que l'on a coutume désormais d'appeler le Palatinisme consiste à promouvoir et à défendre un nationalisme corse actualisé, si j'ose dire, par comparaison à un autre nationalisme corse qui est aujourd'hui dominant au moins dans les institutions et qui a été élaboré dans les années '70, qui correspond à un autre  narratif que nous que nous qualifions de tiers-mondistes. Notre nationalisme entend intégrer un certain nombre éléments qui constituent les débats des sociétés occidentales et qui ne sont pas du tout abordées par ce même nationalisme issu des années '70.

- On pourrait dire "un nationalisme plus moderne" qui prend en compte "les évolutions historiques de ces dernières années" ?
- Absolument. Nous prêchons pour un nationalisme de notre temps, un nationalisme qui arrive à traiter de façon tout à fait raisonnable et décomplexée les questions que posent la théorie du genre, l'écriture inclusive et même les grands bouleversements démographiques liés à la pression migratoire... des questions qui ne se posaient pas évidemment dans les années '70.

- Quelles sont aujourd'hui vos relations avec les autres mouvements nationalistes ?
- Les cadres qui animent l'action de Palatinu sont de façon quasi exclusive issue du mouvement nationaliste et nous nous revendiquons nous-mêmes toujours plus que jamais comme des nationalistes corses par conséquent nous n’avons des relations personnelles qui sont tout à fait cordiales avec l'essentiel des acteurs de cet autre nationalisme duquel nous voulons rompre désormais ...mais d'un point de vue politique il est vrai que nous avons vocation à être particulièrement critiques en ce que la nôtre démarche intellectuelle et notre démarche culturelle vise à dépasser ce nationalisme qui est issu du Riaquistu.

- Rompre avec l'ancienne vision du nationalisme. Quelles sont donc vos propositions ? 
- Nous sommes jamais revendiqués comme étant le nouveau définit comme étant une association apolitique, mais comme une association apartisane c'est-à-dire que Palatinu n'a pas vocation à se considérer comme un parti électoral, en revanche il est vrai qu'il a vocation, et c'est une évolution majeure depuis un an, à soutenir des déclinaisons  qui pourront être partisanes ou électorales et qui tendront à représenter les idées qui sont développées par Palatinu et qui divergent de façon radicale des visions que proposent les autres formations nationalistes. Considérer par exemple la Corse comme une colonie faisant partie du tiers-monde ce n’est absolument pas notre vision, nous considérons que le problème de la Corse n'est pas colonial vis-à-vis de Paris et qu'il est identique, sociétal. Et nous considérons, par ailleurs, que nous n'appartenant absolument pas au tiers-monde et que par conséquent nous ne sommes tenus par aucune obligation de solidarité vis-à-vis des peuples du sud, mais que nous nous inscrivons totalement dans une vision européenne, civilisationnelle de notre propre identité.

-  U Palatinu pourrait s'engager dans un domaine plus politique et électoral ?
-  Lorsque je parle de soutien à tout type de démarche, je parle de soutien y compris à des démarches électorales qui pourraient émerger dans la semaine et dans les mois à venir.

- Mais aujourd'hui, concrètement, vous envisagez la création d'une structure politique, oui ou non ?
- Eh bien c'est précisément ce que nous avons évoqué aussi lors de notre assemblée générale. L'écho de notre action dans la société et dans l'opinion publique corse depuis un an est telle qu’en effet de nombreuses voix au sein de l'écosystème culturel, politique et idéologique qui s'est constituée depuis une année autour de Palatinu prêchent en ce sens et nous avons très clairement invité l'essentiel de nos militants et de nos adhérents à s'engager, à participer à toutes les démarches qui, quel que soit le secteur d'activité dans lequel elles se déclineront, porteront les idées et les couleurs idéologiques et intellectuelles de de Palatinu. Donc oui, c'est en effet une perspective qui est en train de se structurer sans que je pense que nous irons en ce sens.

- En quoi l'offre politique de Palatinu se différencie-t-elle des logiques nationalistes traditionnelles ?
- Ce que nous apportons de fondamentalement différent par rapport aux autres formations nationalistes c'est une position très claire vis-à-vis de l'immigration quelle qu'en soit l'origine, mais tout particulièrement vis-à-vis d'une immigration qui n'est jamais évoquée et qui est de notre point de vue est une immigration particulièrement difficile à intégrer d'autant plus qu'elle a franchi un seuil relativement important en termes de nombre : c'est l'immigration qui vient des pays du sud de la Méditerranée et c'est précisément une problématique que les partis nationalistes ne souhaitent pas traiter. L'opinion publique ne peut pas supporter indéfiniment une telle pression migratoire sans tenter d'apporter des réponses politiques.
Nous avons aussi un autre point essentiel qui nous différencie et qui est le refus des théories du genre qui sont importées en Corse à Paris et à Paris par les États-Unis. Une théorie du genre qui a été voté à Bastia dans l'un dans la discrétion totale le 5 mars 2021 et qui est intégrée à la politique de la ville ce que nous dénonçons vivement en ce que cette mesure n'a jamais fait l'objet dingue d'une quelconque validation devant le suffrage universel, elle n'a jamais fait partie des bases programmatiques proposées aux électeurs lors des dernières élections municipales... par conséquent au-delà de la différence idéologique qui nous oppose à la mairie de Bastia il s'agit aussi de dénoncer une escroquerie politique qui est totalement immorale et inacceptable. Il y a aussi la question économique, car nous défendons une vision beaucoup plus libérale de l'économie...
 
 - Comment répondez-vous aux observations qui évoquent une proximité idéologique entre Palatinu et l'extrême droite ?
- Je répondrai tout simplement que nous avons des positions extrêmement proches de celles que valident des dizaines de milliers de Corses par un certain nombre de d'échéances électorales, notamment les Présidentielles.Je pense qu'il n'y a rien d'extrême et pas forcément de droitier à développer un propos qui tend à vouloir réguler l'immigration en particulier une immigration qui pose un certain nombre de problèmes de partout en Europe.
 
- Vous n'essayez pas spécialement de vous démarquer du qualificatif "extrême droite" ?
- Nous ne le revendiquons absolument pas, mais nous considérons que le fait de se justifier représente et constituerait déjà une victoire pour nos détracteurs par conséquent nous ne nous offusquons pas particulièrement de ce genre de qualificatif sans pour autant le revendiquer.
  
- Pensez-vous que Palatinu puisse mieux répondre aux défis actuels négligés par les mouvements nationalistes existants précédents ?
- Le nationalisme issu des années '70 s'est totalement soumis d'un point de vue idéologique aux grands canons moraux  et intellectuels de la gauche parisienne ce qui est tout à fait respectable. Je suis un démocrate et je pense que chacun a le droit d'avoir ses idées et il faut qu'elles soient respectées et qu'elles puissent s'exprimer dans le cadre légal et dans un  cadre démocratique, mais encore faut-il l'annoncer aux électeurs et il ne me semble pas que les électeurs corses aient été prévenus du fait que la majorité territoriale comptait, par exemple, parrainer lors des présidentielles de 2022  un candidat tel que Jean-Luc Mélenchon que nous qualifions sans hésitation d'antisémite et de particulièrement dangereux. Les électeurs n'ont pas été informés lors des élections territoriales d'une telle volonté et y compris pour la la mairie de Bastia qui est la déclinaison locale de la majorité territoriale qui a fait voter un an après son élection la théorie du genre et l'écriture inclusive parmi les grandes mesures portées par la politique municipale sans que cela n'ait été proposé véritablement aux électeurs lors des élections. Nous considérons encore une fois qu’au-delà des oppositions idéologiques il y ait une véritable escroquerie politique.

- Qu'est-ce que vous pensez des négociations sur l'autonomie de la Corse ?
- Nous essayons de produire un propos politique raisonnable et honnête et en l'occurrence nous ne pouvons pas faire l'impasse sur le fait que nous sommes des nationalistes, nous sommes des autonomistes par conséquent tout ce qui ira dans le sens d'une possible autonomie pour la Corse au sein de la France, eh bien nous apparaîtra comme quelque chose de positif.  Par conséquent nous ne pouvons qu'avoir un œil bienveillant  quoi que critique et ce que ce que nous reprochons à l'actuelle majorité territoriale c'est de considérer l'autonomie comme une fin en soi et encore une fois de ne pas être beaucoup plus explicite quant au contenu qu'elle entend établir grâce au contenant qu'est l'autonomie. Se battre pour l'autonomie implique aussi d'expliquer aux électeurs ce que l'on entend faire avec ce moyen institutionnel qu'est l'autonomie. Et le  sens de notre action politique ce de pousser à une clarification globale sur tous ces sujets.


- Quel est votre regard sur la majorité territoriale ?
- Au terme de cette décennie qui vient de s'écouler, il s'agit de constater que les Corses n'ont absolument rien eu de ce qu'ils désiraient en termes de sauvegarde de garanties d'assurance de continuité de leur peuple sur leur terre, de pérennisation de de leur langue, mais aussi de contrôle des flux migratoires parce qu’évidemment la lutte nationaliste implique cela, car lorsqu'on parle de colonisation de peuplement c'est précisément  de cela dont on parle....un sujet qui a totalement été évacué.
En revanche, les Corses, ils ont eu tout ce qu'ils n'ont jamais demandé c'est-à-dire l'Aquarius, l'Ocean Viking, la théorie du genre, l'écriture inclusive à Bastia, les parrainages de Jean-Luc régent Mélenchon aux présidentielles, les six parrainages pour Yannick Jadot aux mêmes élections.... Bref, je pense qu'il y a a minima entre les électeurs corses et l'actuelle majorité un malentendu et à maxima, si j'ose dire, une véritable escroquerie démocratique.