Corse Net Infos - Pure player corse

U Culletivu per a furesta corsa déplore l’immobilisme pour la gestion de la filière bois sur l’île


David Ravier le Vendredi 21 Juillet 2023 à 15:20

La 26e édition de la Festa di u legnu è di a furesta se tiendra à Vezzani ce week-end. En amont, les acteurs de la filière du bois en Corse ont à nouveau exprimé leurs inquiétudes quant à la gestion des forêts, qui ne sont pas assez bien exploitées selon eux.



La forêt communale de Conca.
La forêt communale de Conca.
C’est un grand rendez-vous annuel qui vient célébrer les acteurs de la forêt corse : la 26e édition de la Festa di u legnu è di a furesta se tient à Vezzani ce week-end des 22 et 23 juillet. Mais à la veille de cet évènement important, les acteurs de la filière du bois insulaire, réunis au sein di u Culletivu per a furesta corsa, veulent profiter de l’occasion pour marquer leur impatience face au manque de politique ambitieuse pour la sylviculture corse.
 
Une filière mal en point qui souhaite se restructurer

Selon le collectif, ce qui bloque la filière actuellement, c'est le manque d'attractivité suscité par le bois énergie. Les exploitants jugent en effet le prix d'achat du bois par la société d'économie mixte (SEM), dont la Collectivité de Corse est actionnaire majoritaire, trop faible pour pouvoir rentrer dans leurs frais. Pourtant, u Culletivu per a furesta corsa le répète depuis la création du mouvement, « la relance de la filière passera forcément par le bois énergie ». « Actuellement, sur une coupe, 60% du bois que nous avons est de mauvaise qualité, et sert à faire des plaquettes ou des granulés pour se chauffer, ce que nous appelons du bois énergie. Les 40% restant, c'est du bois d'œuvre, nécessaire pour réaliser des constructions » estime Dumè Santelli, le porte-parole di u Culletivu per a furesta corsa. 
Pour le collectif, un travail de sylviculture est donc par ailleurs à réaliser pour optimiser la qualité des arbres en Corse. « Dans les années 1980, il y a eu une forte exploitation des forêts et on s'est comporté comme des vendangeurs, on a pris ce qui était bon et on a laissé le mauvais. Il faut maintenant inverser la tendance », indique le porte-parole. Dans leurs propositions, les acteurs de la filière préconisent de faire sortir le bois de mauvaise qualité des forêts, afin que les meilleurs arbres puissent se développer avant d'être exploités en bois d'œuvre une fois arrivés à maturité. Une opération ambitieuse qui mise sur le long terme, condition indispensable pour pérenniser la filière selon Dumè Santelli : « Le temps de la forêt n'est pas celui de la politique. Il faut prendre des décisions aujourd'hui dont on récoltera les fruits dans 20 ou 30 ans ».
 
Des actions plutôt que des effets d’annonce
 
Pour appuyer cette volonté, u Culletivu per a furesta corsa a lancé l'année dernière un processus de travail avec la Collectivité de Corse qui devait déboucher sur des assises, maintes fois repoussées. Un nouveau rendez-vous, fixé à cet automne, doit avoir lieu entre les deux entités. Hélas, le Collectif dénonce dans un communiqué le manque de concertation pour la préparation de ces rencontres, avec « un seul point par visioconférence d’une durée d’une heure en avril dernier ». « La préparation des assises de la forêt corse est au point mort », souffle l’organisation qui, de son côté milite entre autres pour que la SEM prenne une part importante du bois de mauvaise qualité afin que le processus de renouvellement avance. « D’autant plus que ce bois reste le plus souvent au sol en forêt, ce qui est dangereux et constitue un risque d'incendie », résume Dumè Santelli en faisant référence à la tempête Larissa de cet hiver. U Culletivu per a furesta corsa appelle ainsi de ses vœux à mettre sur pied un plan pluriannuel de gestion et de valorisation du bois, avec une meilleure organisation pour chaque massif forestier de Corse.
À quelques heures de l'ouverture de la Festa di u legnu è di a furesta, Dumè Santelli espère voir des avancées concrètes pour la filière du bois corse. « On attend que nos propositions soient prises en compte, parce que nous avançons des solutions à court, moyen et long terme qui nous paraissent réalistes. Souvent, dans ce genre de manifestation qui sert de vitrine à la filière, on entend un discours optimiste alors que la réalité ne l’est pas », déplore le porte-parole du collectif.