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Tony Viacara, l'explorateur des fonds marins, sur l’épave de l’ancien ferry Fred Scamaroni


Philippe Jammes le Mardi 18 Avril 2023 à 18:38

Notre plongeur dont nous aimons sur CNI vous narrer les aventures de par le monde, revient d’Egypte pour les besoins d’un reportage sur les épaves en Mer Rouge. Parmi ces épaves, celle du « Salem Express », l’ex Fred Scamaroni de la SNCM.



La Bandera sur l'épave de l'ex Fred Scamaroni (photo T. Viacara)
La Bandera sur l'épave de l'ex Fred Scamaroni (photo T. Viacara)
Construit entre 1963 à 1965 aux chantiers navals des Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne-sur-Mer, la mise en service du Fred Scamaroni intervient en juin 1966 sur les lignes de la Transat entre le continent et la Corse. Il sera ensuite transféré à la CGTM, Compagnie Générale Transméditerranéenne, puis à la SNCM en 1976. Le Fred Scamaroni sera d’ailleurs souvent raillé par le chansonnier Tintin Pasqualini (« … le Fred Scamaroni, un stabiliseur en panne comme d’habitude …Quand il sort du port, il sort tous azimuts ! »).

En 1979, il sera remplacé sur les lignes corses par le Cyrnos. Le Fred Scamaroni est alors cédé en 1980 à l'armateur danois Ole Lauritzen, naviguant quelque temps entre la France et le Royaume-Uni sous le nom de « Nuits Saint Georges ». L’année suivante il est revendu en Égypte et est exploité sur les lignes vers la Jordanie par l'armateur Lord Maritime Enterprise. Il porte alors successivement les noms de « Lord Sinaï » et d’« Al Tahra ». Racheté en 1988 par Samatour Shipping Company, il est rebaptisé « Salem Express », affecté sur les lignes entre l'Égypte et l'Arabie Saoudite. Sa carrière prend fin tragiquement dans la nuit du 14 au 15 décembre 1991 lorsqu'il fait naufrage au large de la ville Safaga en mer Rouge après avoir heurté un récif. 474 personnes trouveront la mort dans ce naufrage. Depuis, son épave est devenue un site de plongée sous-marine.

« Dans le cadre d’un reportage pour la télévision, mais aussi dans le cadre de mon livre qui sera consacré aux épaves, nous sommes partis sur la Mer rouge, en Egypte, du 25 mars au 2 avril » indique Tony Viacara, « Un reportage photo et vidéo sur les épaves, sur lequel s’est greffé un autre reportage sur une apnéiste, Anne-Sophie Mouraud, que j’avais rencontrée en janvier au salon de la plongée à Paris, un reportage commandé par une boite de production et auquel j’ai adhéré. »

Sur place l’équipe était composée de 5 personnes. Tony, son binôme Yaël Serré, caméraman, le champion apnéiste belge Diter Braet, Anne-Sophie Mouraud et Pierre-Léo-Paul caméraman de boite de production. Ali un moniteur de plongée local s’est joint à l’équipe. Toute la partie logistique et autorisation ayant été confiée au groupe Dune Red Sea, spécialisée dans l’organisation de croisière.

A 27 m de profondeur
Pour ce reportage Tony et son équipe ont « shooté » 6 épaves, dont l’une des plus belles du monde, celle du Thistlegorm. « C’est une épave de la Seconde Guerre Mondiale située dans le nord de la Mer Rouge dans le détroit de Gubal entre 15 et 32 m de profondeur. Ce navire est un ancien bateau britannique de transport de 128 m de long, coulé lors d’un raid aérien allemand en 1941. A l’intérieur il y a encore le chargement notamment des voitures, des motos, des ailes d’avion, des bottes et des semelles de marins … ».

Parmi ces épaves également, le « Salem Express », l’ex « Fred Scamaroni » qui faisait les traversées entre Corse et continent dans les années 70. « Il était prévu plusieurs plongées mais la météo en a décidé autrement. Malgré celle-ci et des creux de 3 mètres on a pu plonger une fois. Encadré par notre champion belge on a pu effectuer cette plongée, particulièrement difficile et dangereuse pour les apnéistes. La plongée, à 27 m de profondeur, était vraiment stressante car on n’avait pas le droit à l’erreur. Elle a duré une heure. En mémoire aux victimes qui sont toujours à l’intérieur j’ai déposé quelques minutes le drapeau corse. Un moment très émouvant, pesant, en raison aussi des remous des vagues qui tapaient sur le récif proche avec un retour sonore sur la coque, un bruit sourd. Le tout rendu fantomatique par une eau laiteuse. Pas respect pour les morts, j’avais interdit à mon équipe d’entrer dans le bateau. J’en retire une magnifique aventure humaine. Lors des tournages et de cette semaine passée en mer, on a eu aussi des moments magiques avec des interactions avec des tortues et des dauphins. On devrait retourner en mer Rouge, mais dans sa partie sud, pour un autre reportage consacré sur la biodiversité marine ».
En attendant ses prochains tournages au Maldives et aux Philippines prévus à l’automne prochain, Tony va pouvoir s’occuper de son club de plongée, « Marine Diving Center » qu’il va diriger avec sa fille sur le Vieux-port de Bastia.
 

Rencontre avec les tortues de mer (Photo T. Viacara)
Rencontre avec les tortues de mer (Photo T. Viacara)

Parmi les épaves de la Mer Rouge (Photo T. Viacara)
Parmi les épaves de la Mer Rouge (Photo T. Viacara)