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"Tarot sanglant", le 1er roman de la réalisatrice Sandrine Lucchini


Philippe Jammes le Dimanche 12 Juin 2022 à 10:42

Sandrine Lucchini, autrice et réalisatrice de reportages d’investigation, principalement consacrés à l’univers de la police et de la justice, vient de publier son 1er roman. Un livre haletant, palpitant jusqu’à la dernière page. CNI l’a rencontrée.



- Sandrine, pour mieux vous connaitre, vos liens avec la Corse ?
- Ma mère est d’Ajaccio et mon père, de Monaccia d’Aullène, un village dans l’extrême Sud. Mes racines sont donc ici et signent, en quelque sorte, mon identité et mon attachement à la Corse. Un ancrage comme un essentiel. C’est justement parce que ça m’est essentiel, qu’aujourd’hui je me partage entre ici, la Corse et Paris.

- Votre parcours ?
- J’ai commencé ma carrière en réalisant des reportages d’investigation pour la télévision : TF1, France TV, M6, C8, puis en dirigeant des équipes et des collections comme rédactrice en chef, ou chef de projet. C’est donc le terrain qui m’a conduite à ma première fiction, Ma fille est innocente* pour TF1, empruntée à la vraie vie de gamins et gamines que j’ai pu rencontrer dans les prisons à l’étranger, en Amérique du Sud et en Asie, et qui avaient été condamnés pour trafic de drogue. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer les ressorts psychologiques de l’héroïne du film lui permettant de faire face à une situation extrême comme celle de la prison, un milieu hostile, et violent, avec en arrière-plan, une question : jusqu’où des parents sont-ils capables d’aller pour sauver leur enfant ? Tel était le propos de ce film. J’ai aussi co-écrit et dirigé la première création originale française de « Scripted Reality », intitulée Si près de chez vous, une série de 235 épisodes quotidiens de 26 minutes, sur France 3. Récemment, et toujours pour France 3, j’ai co-écrit le concept et le premier épisode de Police de Caractères, une comédie policière diffusée actuellement.

- Vos thèmes de prédilection, d’investigations se passent dans l’univers de la justice et de la police, pourquoi ce milieu ?
- En réalité, ce qui m’intéresse c’est le champ du social, de l’humain. Et les univers police-justice, témoignent de tout cela. Ils sont au plus près du fait humain, dans ce qu’il y a de plus fulgurant, de plus violent. Tous deux sont confrontés aux « extrêmes », si je puis dire, parce qu’ils touchent à tout ce qui est « extra-ordinaire »… tout ce qui sort de l’ordinaire. Ça donne une vision de la vie dans ce qu’elle a de plus déroutant, terrifiant et de plus fascinant. Chaque fait divers confronte et révèle, de la même façon qu’il témoigne, de la dureté psychologique du métier de policier, de magistrat et de toutes les professions qui gravitent autour.

- Pourquoi un 1er roman ? Est-ce la même écriture qu’un scénario tv ou ciné ?  
- C’est, je crois, un aboutissement. Si mon métier est d’écrire, de raconter des histoires, que ce soit à travers les reportages ou les scénarios, étrangement, je ne m’autorisais pas l’écriture de roman. Il y avait une dimension autre, et je n’osais pas y aller, jusqu’au jour où … je me suis lancée. Pour cela, j’ai tout mis entre parenthèse, je me suis installée devant mon clavier, et j’ai « composé ». Mes gammes à moi étaient les mots, le récit. L’écriture de roman m’a permis de voyager encore plus au cœur de la fiction. J’ai aussi eu la chance de rencontrer Marabout – Black Lab, qui m’a fait confiance et m’a donné confiance parce que l’écriture de roman n’a rien à voir avec celle d’un scénario. Autant, à la télé comme au cinéma, le récit est porté par l’image, autant dans un roman, ce sont les mots qui portent le récit. La part créative et créatrice est plus importante, je trouve. Elle est même essentielle parce que c’est ce qui permet d’embarquer le lecteur dans l’histoire.

- Comment le thème de votre dernier roman vous est-il venu ?
- Si le champ du social, et notamment les univers de la justice et de la police, m’intéresse tout particulièrement, il y en a un autre, c’est celui de la clinique et de la psychopathologie, qui eux aussi font partie de cette contemporanéité. Donc le thème choisi pour mon dernier roman s’inscrit directement dans ce repérage-là… Au premier regard, l’amour, la jalousie, la revendication sont des modalités presque ordinaires dans la relation à l’autre, mais quand elles prennent une dimension délirante comme c’est le cas dans le roman, alors tout bascule. C’est vrai, le meurtrier est un prédateur ! Toutefois, je trouvais intéressant de décrypter ce qui le pousse à passer à l’acte.

- Cela demande-t-il beaucoup de documentions, de recherches ?
- Déformation professionnelle oblige… Alors oui, c’est un véritable travail d’enquête et d’observation. Même s’il s’agit d’une fiction, il m’importe énormément d’être au plus près de la réalité. Donc pour ça, les recherches, la documentation et les échanges avec les experts font partie du job; ce travail d’investigation sitôt terminé, je suis passée à l’écriture. Finalement, un roman est un peu comme un tableau. Dès l’instant où le cadre est défini, la part de créativité peut s’exprimer librement.

- Claire Franchini, l’héroïne est-elle corse ? si oui pourquoi ?
- Lui attribuer des origines corses signait une identité et être en phase avec ses origines est une base solide. Une base qui peut malgré tout être ébranlée par la vie, par les événements extérieurs qui chamboulent un équilibre. Son équilibre. Et ça m’importait d’induire que sa force, pour résister à toutes ces épreuves, elle la doit à cet ancrage qu’elle a à la Corse. Cet ancrage est posé dès le début. Dans le prologue. 

- Vos projets ciné, télé ou livres ?
- Je suis actuellement plongée dans l’écriture du deuxième roman, où nous retrouverons des personnages du premier. En parallèle, j’écris un projet de série télé … toujours dans l’univers de la police.


*Récompensée par le prix Beaumarchais (SACD) et le Grand prix de la Fiction de la Rochelle en 2007.
 

Synopsis

 « Claire Franchini, une jeune avocate talentueuse, voit sa vie chavirer lorsque ses proches sont assassinés les uns après les autres, victimes d’un tueur fou qui signe ses crimes d’une lame de tarot. Pourtant, la proie, c’est bien elle. Au cœur de la ville de Marseille, le meurtrier, telle une araignée, tisse impitoyablement sa toile autour de la jeune femme. Avec la dextérité d’un marionnettiste, il tire ses fils et entraîne sa cible dans un jeu où l’amour, la trahison, le mensonge et la manipulation n’épargnent personne ». Voilà pour le 4ème de couverture de ce roman.
 

Sandrine Lucchini (photo Astrid di Crollalanza)
Sandrine Lucchini (photo Astrid di Crollalanza)