Surendettement en Corse : "moins de dossiers ici qu'ailleurs"

Contrairement à une idée reçue, "le surendettement n'est pas que la pauvreté, précise Jean-Luc Chaussivert, directeur régional de la Banque de France en Corse. C'est ne pas faire face à ses charges avec ses revenus. Évidement, ça reste plus difficile pour ceux qui ont de faibles ressources, mais ce n'est pas la seule explication pour aller vers le surendettement. Des personnes avec des revenus conséquents peuvent aussi se retrouver dans cette situation."

Outre les revenus, on observe d'autres facteurs qui conduisent régulièrement au surendettement : vivre seul, s'occuper seul de sa famille, ou le divorce, la séparation ou le décès d'un conjoint. "Malheureusement, on s'aperçoit que les femmes sont surreprésentées à 56% dans le surendettement, alors qu'elles ne sont que 52% dans la démographie corse", ajoute le directeur régional. 

Quelqu'un qui pense devoir faire un dossier de surendettement doit prendre contact avec quelqu'un de la Banque de France ou un travailleur social. Celui-ci pourra l'éclairer sur sa situation de surendettement ou non. Pour se renseigner, le site www.banque-france.fr, rubrique particuliers/inclusion financière, regroupe toutes les informations sur le sujet. 

Il est possible d'y télécharger ou d'y renseigner le dossier de surendettement directement en ligne. Vous pouvez aussi poser toutes vos en appelant le 3414 (numéro non surtaxé) ou en prenant rendez-vous à l'un des guichets de la Banque de France d'Ajaccio ou Bastia. Vous pourrez également y déposer votre dossier ou l'envoyer par La Poste à une adresse nationale.

"Pour nous, il y a une lutte en amont et la bonne mise en œuvre des mesures en aval, tient à ajouter Jean-Luc Chaussivert. Des mesures d'éducation financières auprès de tous les publics pour apprendre à un gérer un budget, un travail en partenariat avec les travailleurs sociaux de tous les organismes et les points conseil budget sur le territoire... Gérer un budget n'est pas forcément inné, d'où l'importance de cette aide. Car quand on devient adulte et qu'on a son premier salaire, la tentation peut être grande."

La situation insulaire du surendettement se stabilise au fil des ans. "En Corse, 523 dossiers ont été déposés l'an dernier, dévoile Jean-Luc Chaussivert. On observe donc une relative stabilité depuis trois ans, avec une moyenne de 525 dossiers chaque année - si l'on excepte l'atypique année 2020."

Surtout, l'île figure parmi les bons élèves à l'échelle nationale. Pour l'observer, il faut se référer à la proportion du nombre dossiers déposés par rapport à la population. "C'est ça, le véritable indicateurs de référence, précise le directeur régional. Il y a en Corse 177 dossiers déposés pour 100 000 habitants contre 208 dossiers au niveau national."

Il n'existe pas de "seuil" de surendettement. Mais on peut quand même observer un endettement médian - hors immobilier des ménages - qui s'établit à 17 395€, soit 5,5% de plus qu'en France.

Haute-Corse :

• 261 dossiers déposés
• 253 personnes surendettées
• 19,8% des ménages sous le seuil de pauvreté

Corse-du-Sud :

• 262 dossiers déposés
• 266 personnes surendettées.
• 16% des ménages sous le seuil de pauvreté. 

"On peut observer qu'il n'y a pas de dégradation, moins de dossiers ici qu'ailleurs, et que les dettes à la consommation qui étaient a priori au départ les principales cause de surendettement, sont moins répandues, résume Jean-Luc Chaussivert. Pour autant, c'est une terre de contraste : d'autres indicateurs comme le taux de pauvreté sont moins positifs que sur le territoire national. Des usages qui conduisent ici à rembourser les crédits quand on en fait."

Au niveau économique, le taux de chômage est beaucoup plus faible en Corse qu'en moyenne nationale. Le nombre d'emplois non pourvus reste conséquent donc c'est de bon augure : il est possible d'y trouver du travail et ça doit favoriser les revenus de ceux qui en cherchent.