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Statut de repenti : les annonces de Dupont-Moretti contre le crime organisé favorablement accueillies en Corse


Cécile Orsoni le Lundi 29 Avril 2024 à 11:21

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a dévoilé, dans les colonnes de la Tribune du Dimanche, les premières mesures d’une réforme à venir au mois d’octobre contre le crime organisé. Parmi elles, la création d’un « véritable statut de repenti. » Le député Laurent Marcangeli, consulté par le Garde des Sceaux, et les collectifs anti-mafia insulaires saluent cette initiative.



Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti à Bastia en septembre 2023
Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti à Bastia en septembre 2023
Ce 28 avril, dans un entretien exclusif accordé à La Tribune du dimanche, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a dévoilé un plan d’attaque destiné à lutter contre la criminalité organisée en France et en Europe. Parmi les mesures évoquées, la création d'un « véritable statut de repenti », inspiré directement du modèle italien. Ce statut permettra à un repenti ayant « collaboré avec la justice » et « fait des déclarations sincères, complètes et déterminantes pour démanteler des réseaux criminels » de se voir octroyer un statut spécial : sa peine sera réduite et il lui sera proposé, pour sa protection, « un changement d'état civil officiel et définitif. »

Le gouvernement prévoit également la création d’un parquet national dédié à la lutte contre le crime organisé qui « viendra renforcer notre arsenal judiciaire » et propose que les cours d’assises spécialisées se voient confier les affaires de règlement de comptes entre trafiquants, afin d’éviter les pressions et les menaces dont sont régulièrement victimes les jurés ordinaires qui jugent ces assassinats. Enfin, Éric Dupond-Moretti réfléchit à la création « d'un nouveau délit d'association de malfaiteurs en matière de criminalité organisée, punie de 20 ans de réclusion. »

Cette série d’annonces trouve un écho favorable en Corse. Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud et Président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale, a travaillé au côté d’Eric Dupond-Moretti sur ce plan d’action : « Il y a un an, le ministre de la Justice m’a contacté en m’informant qu’il souhaitait proposer des mesures visant à lutter contre la criminalité organisée. Il savait que j’étais en contact avec des associations antimafia insulaires. » précise-t-il. Et d’ajouter : « Il était nécessaire de réformer le statut de repenti qui date de 2004. En près de 20 ans, seules 20 personnes ont décidé de collaborer avec la justice. Au fur et à mesure de notre travail, nous avons dégagé un certain nombre de principes. Lorsque le texte sera prêt, je travaillerai très certainement au côté du Garde des Sceaux pour convaincre les députés de le voter. »

Du côté des associations antimafia insulaires, on salue une avancée notable. Léo Battesti, co-fondateur du collectif « A Maffia nò, a vita iè », se réjouit : « Ces déclarations vont dans la bonne direction. La mobilisation citoyenne que nous avons suscitée avec les autres collectifs a mené à des évolutions assez importantes. La Corse a d’autant plus besoin de ces mesures que d’autres régions en France, car il y a une porosité économique et politique considérable au niveau du système mafieux. On espère que ces mesures qui visent à lutter contre ceux qui dominent par le cynisme et par la force aboutiront. »

Jean-Toussaint Plasenzotti, créateur du Collectif Massimu Susini, rejoint le constat de Léo Battesti : « Nous demandions la mise en place de ces mesures depuis la création de notre collectif, en octobre 2019. Il faudra désormais regarder leurs mises en œuvre dans le détail. Nous sommes favorables à la création d’un délit d’association mafieuse sur le modèle italien, car il permettrait de frapper sur les relations qui existent entre les criminels violents et les criminels en cols blancs. Il faut taper sur les corrupteurs, mais aussi sur les corrompus, on ne peut pas laisser le monde criminel infiltrer le monde économique et le monde politique. On aurait souhaité la mise en place d'un pôle antimafia centrée sur la mafia corso-marseillaise, avec des magistrats spécialisés au fait des différentes bandes insulaires, mais une chose après l’autre. » tempère-t-il. Les détails de cette réforme seront présentés au mois d’octobre.