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Sorru in Musica : Christiane Picciocchi, violon elle aussi...


Eva Mattei le Mercredi 31 Juillet 2019 à 11:18

Cette interview et la séance photo, elle s'y est pliée de bon cœur pour Sorru in Musica et son académie dont elle est n'a pas manqué une session depuis le début. A 70 ans, Christiane Picciocchi, mère de Célia, violoniste bien connue dans l'île, en est ainsi un peu le grand témoin.



"C’est Célia qui la première m'a parlé en 2004 de ce festival tout juste monté par Bertrand Cervera. Je venais de prendre ma retraite après des années dans l'Education Nationale et me trouvais donc plus disponible. Je me suis lancée.  Christiane renoue ainsi avec ses amours d'enfance et l'instrument qu'elle avait un temps fréquenté, reprenant tout à zéro. L'ancienne conseillère technique auprès de l'inspecteur d'académie de Corse se souvient encore de la petite audition d'entrée devant le soliste de l'Orchestre National de France. Comme de sa première participation à l'un des concerts des étudiants qui lui a valu, trac aidant, une éruption cutanée quasi instantanée. "Je maîtrise aujourd'hui mieux ma peur, concède-t-elle en riant. Car on apprend beaucoup ici, y compris en regardant et écoutant les autres musiciens. Et sans jamais se sentir jugé, les compétences des enseignants allant de pair avec bienveillance et générosité. "



La maturité comme clé de l'apprentissage

Bertrand Cervera, Stéphane Hénoch, Hélène Zulke... De ces virtuoses de l'archet et familiers de Vico, Christiane a ainsi tour à tour été l'élève. « A mon âge, il n'y a pas d'enjeu, pas d'examens à passer, pas de carrière à construire. Seulement du plaisir ». Son oreille, son goût pour la musique classique, Schubert en tête, comptent comme de véritables atouts. Mais l'aînée de l'académie Sorru in Musica est plus à l'aise pour parler de ce qui pèche chez elle. « Je ne joue pas assez à la corde et manque parfois de fluidité dans le geste. Les démanchés et toutes ces subtilités du doigté et de l'archet, il faut sans cesse les travailler. Ici, je pratique jusqu'à trois heures par jour », souligne la septuagénaire tout en rappelant ce que le violon, avec les contorsions auxquelles il oblige, a de physique. Après Sorru in Musica, la Bastiaise reprendra la route pour la Haute-Corse, ses cours au conservatoire avec Marie-Pierre Malaterre, attentive à sa  progression technique depuis des années, et en parallèle avec Elena Danelian. « Une belle musicienne et une grande pédagogue qui sait choisir les mots pour vous mettre en confiance ! J'ai aimé interpréter avec elle en duo, à Santa Maria Poghju, le concerto de Bach que je n'aurais jamais pensé jouer un jour ! »


De la musique en Corse

Pour Christiane Picciocchi, qui a aussi chanté longtemps en chœur, «  la pratique orchestrale s'avère toujours très stimulante et formatrice, ce qui nous est permis à la fois à Sorru in Musica et au conservatoire de Bastia. Avec Luc Lautrey et Musica Suprana, on a ainsi pu faire de très belles choses ». Et avec Célia ? « Cela nous est arrivé de jouer ensemble au sein d'un groupe mais elle, contrairement à moi, est une vraie musicienne ! »
Cette éducation à un art majeur, Christiane l'a donc offert à ses trois filles avant de se l'accorder à elle-même.
Reviendra-t-elle l'année prochaine à Vico ? Sourire...
« Vous savez, j'ai vu naître et grandir ce festival où nous retrouvons chaque année non seulement toute l'équipe, mais aussi les villages et leurs habitants... Sorru et son académie (avec aujourd'hui un tarif résident) sont une chance pour les musiciens de l'île. La Corse, les Corses en sont le cœur . Bertrand y a veillé. Les arts s'y croisent et la culture insulaire y tient depuis toujours une grande place. »
Aux pieds du couvent San Francescu di Vico, les yeux de Christiane se tournent vers La Sposata. « Qui pourrait se lasser d'une telle richesse, d'une telle beauté ? ».