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Silver économie : la Collectivité de Corse veut relancer la dynamique


Julia Sereni le Mercredi 7 Septembre 2022 à 18:31

Ce mercredi 7 septembre, la Collectivité de Corse organisait, à Ajaccio, un séminaire sur la Silver économie en Corse. L’île, parmi les régions les plus âgées de France, est particulièrement concernée par le marché des seniors.



La Collectivité de Corse organisait un séminaire sur la Silver économie à Ajaccio. Photo : Julia Sereni
La Collectivité de Corse organisait un séminaire sur la Silver économie à Ajaccio. Photo : Julia Sereni
À l’horizon 2030, la Corse devrait compter 128 000 personnes de 60 ans ou plus, selon les prévisions de l’Insee. Avec un tel chiffre, en hausse de 38 % par rapport aux données de 2015, l’île confirmera sa position parmi les régions les plus âgées de France. Consciente des enjeux liés à ce vieillissement de la population, la Collectivité de Corse proposait ce mercredi 7 septembre, au palais Lantivy, un séminaire sur la Silver économie.

« Cet évènement nous permet de mettre en relation les acteurs du monde économique et du monde social, de manière à une meilleure prise en charge de la personnes âgée », explique Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge du social et de la santé. Avec un objectif affiché comme un slogan, « invechjà bè in Corsica ».
 

La Silver économie : une large définition

En référence aux tempes grisonnantes de la population concernée, la Silver économie ou « marché des seniors », a émergé il y a une dizaine d’années, comme le rappelle Luc Broussy, président de la filière Silver Eco, spécialiste des questions liées au vieillissement et auteur, notamment, d’un rapport interministériel sur l’adaptation de la société au vieillissement. « C’est l’idée selon laquelle sont intéressés par cette question l’ensemble des entreprises, des associations, des acteurs, pour lesquels le vieillissement démographique va avoir un impact sur leurs produits, leurs services, leurs activités », résume t-il.
 
Une définition large, qui rend peu aisé l’état des lieux. « Lorsqu’on me demande combien d’emplois sont concernés, je dis qu’à sotte question, point de réponse !, s’amuse le spécialiste. La Poste, par exemple, s’est beaucoup investie dans le repérage des fragilités à domicile, va t-on dire que les 17 000 postiers sont des acteurs de la Silver économie ? Moi je dis que oui. » Pour Luc Broussy, la Silver économie, « ce n’est pas comme l’aéronautique ou l’automobile, cela relève plus d’une méthode que d’un périmètre économique ».

Faire du vieillissement un levier de croissance

L’enjeu majeur de la Silver économie, pour le président de Silver Eco, c’est de faire du vieillissement un levier de croissance. « Jusqu’ici, le vieillissement a toujours été considéré comme une catastrophe, nous, nous plaidons pour construire autour de ce fait inéluctable des leviers pour l’emploi », argumente-t-il.

Et l’île aurait, de ce point de vue, une carte à jouer. Les secteurs de l’aide à domicile ou de l’artisanat seraient particulièrement concernés. « On n’est pas mauvais en Corse, mais l’enjeu est d’avoir de nouvelles perspectives et de décrocher de nouveaux enjeux financiers. Il faut trouver de nouvelles recettes et de nouveaux moyens si on veut que les personnes âgées puissent vivre chez elles. », complète Bianca Fazi. 

« La Corse présente des spécificités démographiques, territoriales et urbaines »

Et ces solutions doivent être réfléchies localement. Car si la question du vieillissement de la population est générale, elle prend des connotations particulières selon les territoires. C’est ce qu’a constaté Luc Broussy lors de son tour de France. Pour le président de Silver Eco, « la Corse présente des spécificités démographiques, territoriales et urbaines ». Il voit, notamment, des points communs avec la Martinique.

Outre l’insularité, il note que « le fait que la population vieillit, qu’elle vieillit sur place, que des actifs partis en métropole reviennent vieillir sur l’île, et dans le même temps, que des jeunes partent ailleurs ». Autre point de similitude : la question des mobilités. « En Corse, quand on n’a plus de voiture comment fait-on ? », interroge-t-il.

Enfin, dernière caractéristique : des logements anciens. « La Corse a toujours eu un taux d‘entrée en EPHAD plus faible. Les gens veulent rester chez eux, encore faut-il que l’habitation soit adaptée. Il faut donc massivement investir dans l’adaptation des logements. », estime Luc Broussy. Un chantier ambitieux, que la Collectivité entend bien, pourtant, prendre à bras-le-corps.