Corse Net Infos - Pure player corse

Santé : le Collectif des médecins Libéraux Corsica met la pression sur le gouvernement


Philippe Jammes le Samedi 16 Mars 2024 à 20:20

Ils étaient venus, ils étaient (presque) tous là, même ceux du sud de … la Corse. L’union fait la force. Ce séminaire organisé par la Collectif ML Corsica se voulait un moment d’échanges, d’information, de discussions sur le déconventionnement, aujourd’hui seul moyen de pression pour les libéraux de faire reconnaitre la spécificité de la médecine en Corse.



Les médecins libéraux insulaires mobilisés pour faire reconnaitre la spécificité de la Corse dans le domaine de l'accés aux soins.
Les médecins libéraux insulaires mobilisés pour faire reconnaitre la spécificité de la Corse dans le domaine de l'accés aux soins.

 « Déconventionnement collectif en Corse : informations, discussions, enjeux pour le patient et le médecin » tel était le thème de ce séminaire qui s'est tenu à l’hôtel Mercure de Biguglia. À la centaine de praticiens insulaires s’étaient joints Jérôme Marty, président de l’UFML, Union Française pour une Médecine Libre, Marie Hélène Lecenne, la directrice de l’ARS de Corse et le directeur de la CPAM de Haute-Corse ainsi que des médecins non conventionnés venus témoigner
. «Après le refus de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie de prendre en compte la spécificité corse en termes de santé, nous sommes obligés de passer à l’action » explique le docteur Cyrille Brunel, porte-parole du Collectif ML2B. «On a essayé de faire avancer les choses par voie très conventionnelle et très classique au sein du système, proposé des choses fortes qui respectent un petit peu la hiérarchie institutionnelle et de l’État, mais aujourd’hui on est obligé de passer à un niveau de pression beaucoup plus fort puisqu’on n’a pas été entendus. On n’a pas le choix et ça passe par cette menace de sortir du conventionnement. »


En cause on l’aura compris l’accès aux soins de plus en plus difficile pour les patients, notamment face au désert médical qui ronge la Corse. «Cela fait plus de 30 ans qu’on accepte  bien plus de contraintes, qu’on déplore de mauvaises conditions de travail et que nos patients sont privés de bonnes conditions d’accès aux soins et que l’on n’arrive plus à voir. On met donc la pression  sur le gouvernement,  en menaçant de sortir de la convention ».


Concrètement comment un patient va-t-il vivre cela ?
« Pour l’instant nous n’avons pas mis notre menace à exécution. On donne au gouvernement jusqu’à septembre pour se reprendre sur ce dossier. Nous sommes dans un rapport de force avec de très nombreux médecins qui sont prêts à sortir du système conventionnel. Le jour où le médecin ne sera plus conventionné, le patient ne sera plus remboursé par l’Assurance-Maladie. Si nous sommes nombreux à mettre notre menace à exécution, l’État sera obligé de revenir vers nous parce qu’il a le devoir d’être le garant de l’accès aux soins. Donc on va le placer face à ses responsabilités en disant que ce n’est pas nous qui sommes les garants de l’accès aux soins. A ce moment là on se remettra autour d’une table pour bien lui montrer aussi que nous ne défendons pas que nos intérêts ».


Si à ce jour le nombre de médecins non conventionnés en Corse se compte sur les doigts d’une seule main qu’en sera-t-il dans quelques mois si le gouvernement ne reconnait toujours pas la spécificité de la Corse ?
« Ce n’est pas dans la nature du médecin de penser finances avant tout. Dans ses études on lui inculque l’humanité et l’accès aux soins mais il faut quand même lui assurer un minimum de bonnes conditions de travail et lui assurer que le patient, ses malades, il va pouvoir les recevoir pour les soigner et non pas être obligé de temporiser, de trouver des solutions non satisfaisantes et de dispenser des soins en cinq minutes entre deux portes. Ça ce n’est pas acceptable ».
 
Jérôme Marty, le président de l’UFML, avait fait le déplacement pour soutenir les médecins insulaires dans leur bras de fer avec le gouvernement.
«Les médecins corses réclament de l’Assurance Maladie qu’elle prenne en compte les spécificités de l’exercice et qu’elle transforme la Corse en île montagne. Pour l’instant le gouvernement refuse cette spécificité. Le bras de fer consiste à le menacer de sortir du conventionnement. À la fin de la période probatoire - septembre 2024  - on mettra cette menace à exécution. Nous bénéficions aujourd’hui de l’expérience de plusieurs dizaines de médecins qui sont déconventionnés et qui nous disent que leurs patients y trouvent leur compte, parce qu’ils disposent d’un médecin qui leur procure une meilleure médecine, qui prend plus de temps pour les soigner, qui a plus de moyens, à hauteur de ce qu’ils sont en droit d’attendre. Si ces médecins perdent des patients au début, ils en reprennent ensuite. La différence c’est que le patient doit faire l’avance. L’assurance-maladie ne rembourse pas les patients pour ce qui est de l’acte médical, mais pour les prescriptions, elle les rembourse de la même façon. En fait c’est comme si vous aviez votre assureur auto qui vous dit : Monsieur vous êtes allé voir tel garagiste mais comme il n’est pas conventionné je ne  vous rembourse pas. On a déposé des lettres d’intention de médecins qui veulent se déconventionner  chez un huissier que l’État peut consulter. On lui laisse deux mois pour entamer de vraies négociations et s’il ne veut pas écouter, nous donner les moyens de faire une médecine de qualité, alors à ce moment-là on appuiera sur le bouton ».