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Salaire : combien faut-il gagner au minimum pour vivre dignement en Corse ?


MV le Jeudi 19 Octobre 2023 à 12:31

La question du salaire minimum nécessaire pour vivre décemment en France a été abordée par une étude menée par l'économiste Pierre Concialdi de l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Les résultats de cette enquête montrent que de nombreux Français disposent de revenus insuffisants pour couvrir leurs besoins essentiels, et la situation est encore plus complexe en Corse, où le coût de la vie est plus élevé. Sébastien Ristori, analyste financier et professeur de finance d'entreprise à l'Université de Corse, ainsi que directeur du groupe Barnes Corse et directeur de collection aux Éditions Ellipses, livre son point de vue sur cette question.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Les salaires des Français sont-ils suffisants pour vivre dignement ? Alors que l’inflation frappe le pays la question des salaires est souvent remise sur la table, et cette fois ci c'est un économiste de l’Institut de recherches économiques et sociales qui a tenté de répondre à la question. Selon une étude récemment publiée par Pierre Concialdi, chercheur de l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES), pour vivre décemment en France en 2023, une personne célibataire devrait disposer d'un revenu mensuel de 1 630 €, soit une augmentation de 195 € par rapport à 2014. Cette somme dépasse largement le salaire minimum légal en France, le Smic, qui est actuellement de 1 329 €. Pour un couple sans enfant, le seuil de revenu nécessaire atteint au moins 2 273 €, tandis que pour les retraités, il s'élève à 1 836 €. Enfin, une famille monoparentale devrait avoir un revenu de 3 003 € pour vivre dignement.

Mais qu'en est-il de la Corse ?
Selon Sébastien Ristori, analyste financier et professeur de finance d'entreprise à l'Université de Corse, ces chiffres sont tout à fait plausibles dans la région. Il se base sur des données provenant de l'Agence de Développement Économique de la Corse (ADEC) et de l'INSEE pour appuyer ses conclusions. Il souligne que les revenus moyens en Corse oscillent entre 1600 et 1700 euros, avec environ 60% de ces revenus provenant d'activités salariées. La part des pensions et retraites sue l'ile est significativement plus élevée, représentant 30% des revenus totaux. Néanmoins, près de 20% de la population corse vit en dessous du seuil de pauvreté, avec un revenu mensuel inférieur à 1120 euros. Cette tendance touche particulièrement les personnes âgées de plus de 75 ans et les jeunes de moins de 30 ans, ainsi que les bénéficiaires d'allocations chômage. "Si l’on considère 1 630 euros comme étant le revenu de référence pour une personne seule afin de « vivre correctement » par mois, alors la proportion de personnes qui accusent des difficultés mensuelles est profondément bien plus élevée que 20% et absorbe une immense partie de la population.." détaille-t-il.

Ces données soulignent une réalité préoccupante : de nombreux ménages corses disposent de revenus insuffisants pour répondre à leurs besoins essentiels. "Il n’y a pas de mesures magiques contre la hausse des prix. On se rend compte que les individus et les foyers ont développé différentes techniques, telles que restreindre les déplacements dès lors que cela est possible, modifier les habitudes de consommation et d’achat, revoir les priorités dans les dépenses, notamment le choix de ne pas conserver certaines dépenses récurrentes somptuaires, la recherche du prix dès que cela est possible." analyse Sébastien Ristori.

Quelles solutions ?
"Il n’y a pas de mesures magiques contre la hausse des prix" note Sebastien Ristori. "Une solution qui semble évidente sur le papier pour lutter contre l’inflation consiste alors à accroître le niveau de vie des salariés. Pour ce faire, l’augmentation des salaires est une des mesures privilégiées et revendiquée." Mais attention au mirage, prévient l'expert : "L’augmentation de la masse monétaire disponible par des augmentations de salaire peut conduire à alimenter la hausse des prix compte tenu de l’argent en circulation. La croissance des salaires, salvatrice évidemment pour un ménage en panne de consommation, pourrait donc alimenter le cercle de l’inflation, bien qu’il soit difficile d’en estimer les proportions. Par ailleurs, pour les ménages les plus modestes, quelques centaines d’euros font une différence considérable en fin de mois. Les aides publiques, comme l’aide au carburant ou encore les primes défiscalisées, sont des options complémentaires mais qui relèvent de la gestion budgétaire de l’Etat. De réelles mesures courageuses comprendraient la baisse de la fiscalité sur l’énergie, l’accroissement du SMIC par la suppression exceptionnelle de charges sociales en forte période inflationniste." conclut-t-il.