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« Sainte-Hélène » : Dans l’objectif de Marcel Fortini, l’exil napoléonien


Philippe Jammes le Lundi 8 Avril 2024 à 15:26

Dans un bel ouvrage de 77 pages, 62 photographies et des textes bilingues Corse / Français, le photographe Marcel Fortini, directeur du Centre Méditerranéen de la Photographie en Corse, nous relate son séjour de 8 jours à Sainte Hélène, sur les pas de l’exilé Napoléon. Un livre paru voilà quelques jours au Editions paru aux Editions Trans Photographic Press. Rencontre ….



- Pourquoi ce livre sur Sainte-Hélène ?
- Ce livre entre dans le cadre de mon travail que j’appelle mon archipel personnel. Je travaille depuis des années sur les îles et j’ai déjà parcouru la Sardaigne, la Sicile, Malte ou encore la Nouvelle Calédonie. Cet archipel personnel est constitué de paysages et d’histoires de ces îles. Deux choses m’ont décidé à partir pour St Hélène. Le souvenir des petits soldats de plomb du Premier Empire de mon père et le livre passionnant de Jean-Paul Kauffmann : La chambre noire de Longwood. Quand j’étais à l’école de photo à Arles, le journaliste était retenu en otage au Liban. Cela m’avait marqué et quand il a publié en 1998 son livre sur Longwood j’ai découvert la vie à Sainte-Hélène à travers lui et bien sûr le rapprochement avec Napoléon et le rapport de Napoléon avec l’insularité.

- Comment votre travail s’est-il articulé ?
- Ce voyage était programmé en 2019 mais avec la pandémie j’ai dû le décaler. Je suis finalement parti 8 jours sur l’île en 2023, 8 jours tout comme Kauffmann. En 2021 j’avais noué contact avec Michel Dancoisne-Martineau, directeur des domaines français de Sainte-Hélène, consul honoraire de France, que j’avais rencontré à Ajaccio. Il m’avait alors donné des éléments sur l’exil napoléonien et cela m’avait apporté un éclairage sur le travail que je pouvais faire. Je l’ai d’ailleurs revu à St Hélène l’an passé et il m’a écrit la préface* du livre.  

- Vos séances de travail sur cette île du bout du monde… ?
- C’est vraiment au bout du monde. Une île de l’Atlantique sud, un rocher complétement isolé du monde. Une île de 4000 habitants, de 122 km² et reliée une fois par semaine par avion et tous les 2 mois par un bateau ravitailleur. Il faut 5 heures d’avion pour s’y rendre depuis l’Afrique du Sud. A l’époque de Napoléon Sainte-Hélène était très fréquentée car située sur la Route des Indes. Pour mon travail je me suis surtout attaché aux paysages et sur le périmètre qui avait été réservé à Napoléon, le lieu le plus pourri de l’île, Longwood. Le paysage est volcanique, bien particulier, la végétation tropicale. J’ai travaillé en argentique car cela permet de prendre son temps, format 24X36 et avec chambre photographique.

- Votre ressenti ?
- Une impression d’isolement qui permet une réflexion sur le temps qui passe et qu’il nous reste à vivre, ce que l’on en fait. Cette île m’a marqué comme m’avait marqué aussi la Nouvelle Calédonie, sa grande sœur.

- Les projets ?
- Une exposition sur ces clichés pris à Sainte-Hélène et puis un autre projet de reportage sur une île, celle de Saint-Domingue, sur les traces de mes ancêtres cap corsins.   


Extrait de la préface de Michel Dancoisne-Martineau, directeur des domaines français de Sainte-Hélène, consul honoraire de France :« Authenticité, tel est le mot qui résonne en nous en découvrant le travail photographique que Marcel Fortini a réalisé à Sainte-Hélène et qui résume à lui seul notre quotidien sur ce rocher de l’atlantique sud... Son travail est du cousu main et répond parfaitement à ce que disait André Breton « Tout art authentique est magique ».

JamesTown
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Marcel Fortini en immersion à Sainte-Hélène.
Marcel Fortini en immersion à Sainte-Hélène.