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Reprise du marché de l’automobile en Corse : la mise au point de 2 concessionnaires ajacciens


Philippe Peraut le Dimanche 13 Février 2022 à 19:06

Selon une enquête parue récemment, les chiffres portant sur 2021 montrent que le marché de l’automobile n’aurait pas donné le résultat escompté au niveau national. En Corse, en revanche, la tendance serait nettement à la hausse. Contactés, deux concessionnaires ajacciens se sont évertués à démonter des chiffres qui ne traduiraient pas la réalité…



Jean-André Miniconi
Jean-André Miniconi
En raison de la crise sanitaire d’un point de vue économique, l’année 2020 été particulièrement difficile.

Pour ce qui est du secteur automobile, on évoque une chute historique du nombre des immatriculations de voitures particulières neuves en France.
Entre les incertitudes liées à la pandémie et la pénurie de semi-conducteurs, les constructeurs ont été, en effet, durement affectés.

Résultat : une stagnation des immatriculations de l’ordre de 1,69 millions, un chiffre bien en deçà des 2 millions d’avant la crise.

Pour 2021 on attendait une forte reprise mais selon  une enquête réalisée par une agence spécialisée, le marché n’aurait pas connu le rebond espéré...Sauf en Corse.

L’enquête stipule, en effet, qu’avec 28 631 immatriculations en 2021, l’île enregistre une hausse de 36,1 % par rapport à 2020 et une baisse de 17,1 % par rapport à 2019.  


Des chiffres trompeurs

Des chiffres contestés par deux concessionnaires ajacciens, Patrick Bernardini et Jean-André Miniconi. « Si l’on compare à 2020, explique le premier, il est certain que les chiffres sont meilleurs, mais ils restent très en deçà de 2019. Si la hausse est notable en 2021, on est en perte de près de 10 % pour ce qui nous concerne par rapport à 2019. l’année 2020 a été très difficile puisque l’on a travaillé trois mois. En 2021, on a pu travailler les douze mois, cela a été moins difficile mais le contexte est aujourd’hui délicat. Peu de voitures arrivent les délais sont très longs, d’où des difficultés qui augmentent... »


De son côté, Jean-André Miniconi abonde dans le même sens tout en argumentant, chiffres à l’appui, de manière contraire à l’enquête. « Ce sont, rappelle-t-il, des chiffres qu’il faut retraiter. On aurait bien voulu que le marché soit en hausse de 36 %, malheureusement, ce n’est pas le cas. Les chiffres annoncés concernent le marché total qui inclut les loueurs de courte durée, ce sont des achats entre les usines et les loueurs, ils ne rentrent donc pas dans l’activité économique d’un concessionnaire. En retraitant ces chiffres, on s’aperçoit que le marché sur lequel les concessionnaires peuvent agir en vendant directement aux particuliers, aux sociétés ou aux leasers, est en baisse d’un peu plus de 1 %, plus bas donc encore qu’en 2020 et en baisse de 20 % par rapport à un marché normal, soit celui de 2019. La situation ne s’est pas améliorée contrairement à d’autres secteurs d’activités. En 2021, on a souffert de la crise autant qu’en 2020. »


Les chiffres portés à notre connaissance semblent corroborer l’analyse du concessionnaire : 8 687 véhicules vendus en Corse en 2021 (particuliers, garages, sociétés, leasers) contre 8 802 en 2020 (-1,31%) et 19919 aux loueurs courte durée contre 12086 en 2020 (+64,81%).

L’écart total (7718, soit 36,95%) semble à peu de chose près, très proche des chiffres de l’enquête. Une enquête qui concernerait donc la totalité des véhicules immatriculés en 2021 (loueurs courte durée et vente aux particuliers, sociétés, garages, leasers…).
 

Vers une sortie de crise au deuxième semestre 2022

Selon les concessionnaires, le secteur automobile serait toujours en plein cœur de la crise.
Le bout du tunnel ?
« C’est un marché qui est dû, en grande partie à la crise des semi-conducteur, commente Patrick Bernardini, ce sont ces composants électroniques que l’on a du mal à trouver et qui retardent la sortie des véhicules. On pourrait prévoir une sortie de crise pour le second semestre 2022. »
Ce qui impliquerait que la crise sanitaire n’explique pas tout à elle seule. « Dans l’automobile, précise Jean-André Miniconi, nous avons une tendance de fond qui est due à l’augmentation du coût des véhicules, ils valent de plus en plus cher, on évoque +20 % sur les dix dernières années. C’est dû aux avancées technologiques mais aussi au virage très brutal pris sur l’électrique. Un véhicule électrique coûte beaucoup plus cher qu’un véhicule thermique. Et puis, nous avons une tendance sanitaire, conjoncturelle que l’on paie encore avec la crise des semi-conducteurs. C’est essentiellement dû à la covid-19. Cela va se résorber mais nous allons être dans un secteur en pleine mutation. La mutation technologique engendre un coût très supérieur des véhicules et l’on peut se poser la question de savoir qui peut se payer une voiture neuve aujourd’hui. »


Finalement, les loueurs courte durée semblent avec +7 833 véhicules en 2021, les mieux lotis avec, crise oblige, le marché des véhicules d’occasion qui se porte également bien mieux que celui des ventes...