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Rentrée politique - Laurent Marcangeli : "pas question de subir à l'Assemblée de Corse"


Julia Sereni le Jeudi 2 Septembre 2021 à 20:43

À quelques semaines de la reprise des travaux de l'Assemblée de Corse, Laurent Marcangeli, à la tête du groupe de droite Un soffiu novu, se pose plus que jamais comme le premier opposant au président de l'Exécutif Gilles Simeoni. Dossiers brûlants, rapports avec la majorité comme avec les autres composantes de l'opposition, le maire d'Ajaccio fait le point, pour CNI, sur la rentrée politique à venir.



Le maire d'Ajaccio et président du groupe d'opposition Un soffiu novu à l'Assemblée de Corse Laurent Marcangeli. Photo : Michel Luccioni
Le maire d'Ajaccio et président du groupe d'opposition Un soffiu novu à l'Assemblée de Corse Laurent Marcangeli. Photo : Michel Luccioni

Bientôt la reprise des sessions à l’Assemblée de Corse. Comment abordez-vous cette rentrée ?

Nous allons voir l’ordre du jour que nous réserve le Conseil Exécutif. De notre côté, nous aurons une attitude de fidélité au message que nous avons porté et qui a été validé par un Corse sur trois lors des élections territoriales. Nous ferons preuve de vigilance sur les points que nous estimons cruciaux. Le premier, c’est naturellement les déchets où on attendait quand même un peu plus d’activisme de la part de l’Exécutif sur ces cent premiers jours qui sont déjà bien entamés. Notre groupe va se réunir pour un séminaire de travail, que nous ne rendrons pas forcément public. Nous allons travailler et nous allons être force de propositions. Il n’est pas question de subir. Ce n’est pas notre philosophie. Nous allons faire des propositions, dans la droite ligne de ce que nous avons défendu pendant la campagne.

Lesquelles ? Quelles sont les priorités selon vous ?

Dans un premier temps, nous voulons être pragmatiques. La Corse rencontre des difficultés sur un certain nombre de sujets : les déchets, l’organisation de la Collectivité qui est encore imparfaite depuis la fusion entre départements et régions. Nous aurons également un regard vigilant sur les finances : il y a de gros problèmes financiers qui ne sont pas bien justifiés par le Conseil Exécutif. Il y avait de l’argent, le mécanisme de fusion a favorisé la Collectivité sur un certain nombre de points, aujourd'hui où est passé l’argent ? Pas dans l’investissement en tout cas... Ensuite, la problématique des transports, qui doit être prise dans une enveloppe globale : l’aérien, le maritime, le ferroviaire, mais également la question des transports internes à la Corse. J’attends aussi de voir ce que le président de l’Exécutif va proposer en matière sanitaire. Enfin, je vais regarder ce qu’il se passe dans la gouvernance et notamment sur le choix qui a été fait de tenter un petit « putsch » en ce qui concerne le syndicat de l’énergie de Corse-du-Sud, de manière réglementaire certes, mais d’un point de vue politique, c'était totalement déplacé. 

Justement, vous aviez quitté l’hémicycle de l’Assemblée de Corse pour marquer votre désaccord sur ce sujet. Quelle est votre position aujourd'hui?

Je considère qu’on a tort de vouloir passer en force lorsque l’on est minoritaire. C’est ce qu’essaie de faire Gilles Simeoni avec la candidature de Jean Biancucci. Ce n’est pas moi qui ai dit, lors de la dernière session, que Jean Biancucci n’était pas l’homme de la situation, c’est Paul-Félix Benedetti. Je pense la même chose. Parce qu’il ne rassemble pas de majorité. On nous a imposé huit membres issus de la majorité dans un déni total de la représentation décidée par les Corses. On a fait de la politique politicienne en dessous de table, en excluant un tiers des Corses de la représentation du syndicat. Certains dans l’opposition nationaliste ont refusé de participer à ce « deal » qui n’honore pas la vision vertueuse que le président de l’Exécutif se plait à rappeler. Résultat, on se retrouve avec des représentants qui essaient de passer en force pour faire élire Jean Biancucci, qui va juste chercher une gratification personnelle supplémentaire. Je considère que c’est une affaire avant tout de communes, c’est ce bloc-là qui doit décider, tout comme il décide dans le cadre d’autres instances. Ce que l’Exécutif a encore en travers de la gorge, en réalité, c’est l’affaire du Syvadec il y a un an. Il s’avère que c’était aussi une affaire démocratique. Ce que je propose donc c’est d’arrêter les recours. Je leur conseille de baisser le pavillon.

L’épisode préfigure t-il la manière dont les choses vont se dérouler par la suite entre majorité et opposition, mais aussi entre les différents groupes de l’opposition ?

Quand Paul-Félix Benedetti ou Jean-Christophe Angelini diront qu’il fait jour à midi, je ne dirai pas le contraire. Quand je considèrerai qu’ils se positionneront sur des sujets que notre groupe peut partager, nous voterons de la même manière. Tout comme je serai en capacité de dire quand l’Exécutif passera une délibération qui va dans le bon sens. C’est l’attitude qui sera la notre. Il ne s’agit pas d’alliance de type politique, électorale, vers laquelle nous nous orientons, nous nous orientons vers des votes qui iront dans le sens des idées que nous défendons.

Concrètement, peut-on parler d’alliance ?

Le terme d’ « alliance », il ne faut pas l’interpréter de manière négative. Parfois, derrière le mot alliance, il y a le terme « compromission ». Je préfère le terme de « compromis ». La politique peut être faite de rapports de forces mais aussi de compromis. Et je peux en faire avec des hommes et femmes qui ne partagent pas l’ensemble de mes idées. Ceci étant dit, j’ai le sentiment que l’analyse du scrutin que font les membres de la majorité est une analyse qui laisse peu de place au compromis, qui amène cet exécutif à faire fi de 60% du corps électoral de la Corse. Ce n’est pas bon, pour faire de ce mandat un temps utile pour la Corse, il y aura besoin de plus de concorde que du règne de l’entre-soi.