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Rencontre avec Gérald Darmanin : les attentes du PNC et du PCF


La rédaction le Mardi 19 Juillet 2022 à 18:34

21 élus insulaires se rendent ce jeudi 21 juillet à Paris à la rencontre de Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, pour évoquer, en commun, leurs attentes pour l'avenir de l'île. Le PNC qui sera à Paris et le PCF expriment leur sentiment avant ce déplacement parisien



PNC : "à Paris pour défendre, de façon collégiale, notre vision de l’autonomie et de l’avenir de la Corse"

Rencontre avec Gérald Darmanin : les attentes du PNC et du PCF
Ce Jeudi 21 Juillet 2022, des élus du PNC se rendront à Paris avec la délégation Corse, pour échanger avec le Ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, dans le cadre des discussions sur l’autonomie de la Corse. Pour notre part, nous n’avons rien oublié des mobilisations du printemps dernier, qui ont amené l’Etat à reprendre le dossier corse. Pas davantage que c’est l’assassinat d’Yvan Colonna, et la mobilisation populaire, qui sont à l’origine des événements d’aujourd’hui.
Un peuple tout entier, et plus particulièrement sa jeunesse, ont en effet réclamé justice et vérité pour Yvan Colonna ainsi que la libération des prisonniers politiques et la reconnaissance de nos droits fondamentaux.
Le PNC participera donc à cette rencontre avec l’objectif partagé de voir émerger; une méthode de travail et un calendrier resserré de rencontres. Il ne saurait être question pour nous, chacun l’aura compris, de renier au seuil de ce processus les exigences fondatrices du PNC, tout autant que les revendications du Mouvement national.
À ce titre, il y a huit ans, presque jour pour jour, nos représentants rappelaient à la ministre de la décentralisation, Mme Marylise Lebranchu, que « si la Corse était le territoire le plus décentralisé de France, elle n’en demeurait pas moins l’île la plus centralisée d’Europe ». Ils concluaient en réaffirmant que la Corse « exercera son droit à l’autodétermination en Europe ». Ouverts au compromis, corollaire de toute négociation réussie, nous n’en demeurons pas moins fidèles à cette ligne, dans un cadre démocratique, évolutif et concerté.


Les élus et militants du PNC, à cet effet, se sont réunis samedi dernier à Corti, sur les bases de la motion adoptée par l’Assemblée de Corse à notre initiative.
Nous continuerons, au cours de ce processus, à être force de proposition et de concertation, à l’endroit de nos militants tout autant que du peuple corse. C’est donc en responsabilité, et en conscience, que nos élus iront à Paris pour défendre, de façon collégiale, notre vision de l’autonomie et de l’avenir de la Corse

Michel Stefani (PCF) : "iI faut répondre aux attentes sociales"

La situation sociale de la Corse s’aggrave inexorablement. Bas salaires, cherté de la vie, emplois précaires et chômage sont ici une constante à laquelle s’ajoute la pénurie de logements sociaux et des loyers dans le secteur privé tirés vers le haut par les logiques spéculatives liées à la mono activité touristique. La crise sanitaire, la crise économique et maintenant la sale guerre déclenchée en Ukraine par Poutine viennent en rajouter dramatiquement. Comment en sortir ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que la cherté de la vie et les bas salaires (ils sont inférieurs de 440 euros à la moyenne nationale) sont des problématiques bien connues depuis le grand conflit social de1989.
Les ardents demandeurs d’une 5ème réforme institutionnelle promettent que celle-ci prendra en compte la question sociale. On peut en douter, tant il est vrai que les précédentes n’ont fait qu’accompagner, sinon entretenir, les politiques libérales sources de la plus grande inégalité entre une infime minorité qui s’enrichit et un nombre sans cesse grandissant de personnes qui s’appauvrit. On peut en douter aussi, quand on voit les mêmes augmenter la pression fiscale sur les ménages pour ce qui est des ordures ménagères et maintenir une politique calamiteuse en la matière.
La priorité des priorités c’est bien d’en sortir et notamment d’augmenter les salaires, et de combler l’écart existant par rapport au Continent. La conférence sociale a généreusement demandé à l’Etat d’assumer l’essentiel de la revalorisation des pensions de retraites, des prestations sociales et des aides à la personne ponctuelles (notoirement insuffisantes) annoncées par le gouvernement.
A l’Assemblée nationale on aurait pu croire que les 3 députés nationalistes voteraient la motion de censure déposée par la NUPES mais leur opposition au gouvernement ne va pas jusque-là. Ils se sont abstenus. Pourtant cette motion de censure signifiait le refus d’une politique libérale qui s’oppose à l’augmentation du SMIC à 1500, à la revalorisation, au moins à la hauteur de l’inflation, des pensions de retraites et des prestations sociales, le blocage des prix. Et c’est bien cela qui permettrait, non sans mobilisation sociale, d’obtenir du patronat qu’il augmente les salaires et octroie la prime de transport à tous les salariés.
Alors que des aides publiques abondantes sont versées et des allègements fiscaux et de cotisations sociales consentis, le patronat insulaire n’est jamais mis en cause pour sa politique salariale dévalorisante et à aucun moment il n’est envisagé d’exiger des contreparties sociales. Les présidents du MEDEF de Corse et de la CGPME expliquent même qu’il est impossible d’augmenter les salaires.
Pour ce qui est de la captation des réfactions de TVA, opérées au détriment du pouvoir d’achat des ménages insulaires, l’opacité demeure et personne ne s’en émeut. Le consortium des patrons Corse peut dormir tranquille.
La dernière réunion préparatoire des élus de l’Assemblée de Corse s’est tenue à huis clos et le mutisme a prévalu à la sortie sauf à souligner le consensus trouvé. Le président de l’ADEC lui a levé un coin du voile : il veut gérer les aides à l’emploi BPI France sans dire si c’est pour imposer l’augmentation des salaires en contrepartie.
Une délégation d’élus de la Corse ira donc à Paris rencontrer le ministre de l’intérieur. Les 100 000 abstentionnistes du 1er tour des territoriales de 2021 ne seront pas représentés. Pas sûr non plus que les 60 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté y soient entendues. Enfin, sera-t-il demandé au gouvernement un accroissement des moyens de lutte contre la dérive affairiste et mafieuse et contre le trafic de drogue ? Nous verrons !
Le président du Conseil Exécutif attend maintenant du gouvernement qu’il donne sa vision des choses. Il faut dire que mise à part la revendication « Autonomie de plein de droit et de plein exercice » nous avons été peu éclairés sur son contenu. Pourtant, avec 3 députés nationalistes à l’Assemblée nationale, une proposition de loi pouvait être utilement déposée dans les 5 ans écoulés.
Alors que l’inscription de la Corse à l’article 74 de la Constitution fait partie du lot, alors que le ministre Darmanin a évoqué le statut de la Polynésie, le silence maintenu sur l’organisation d’un référendum est d’autant plus inquiétant. C’est pourquoi le Parti communiste rappelle et renouvelle sa demande d’un engagement clair et public en faveur d’un referendum citoyen. Nul ne peut imposer aux Corses une 5ème réforme institutionnelle sans les consulter. En démocratie, c’est le peuple qui doit avoir le dernier mot !