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Rapport de l'IGJ sur l'assassinat d'Yvan Colonna : Gilles Simeoni lance un appel "à la vérité"


Julia Sereni le Vendredi 29 Juillet 2022 à 11:09

Au lendemain de la publication du rapport de l’inspection générale de la justice sur l’agression mortelle d’Yvan Colonna, le président de l’Exécutif Gilles Simeoni a réitéré, lors de la session du 29 juillet, son « exigence de vérité » dans cette affaire, jugeant les sanctions annoncées contre les personnels de la maison d’arrêt d’Arles « insuffisantes ».



Gilles Simeoni - Photo Michel Luccioni
Gilles Simeoni - Photo Michel Luccioni
« Vérité » et « justice » : au lendemain de la publication du rapport de l’inspection générale de la justice sur l’agression mortelle d’Yvan Colonna, la demande du président de l’Exécutif Gilles Simeoni, reste inchangée. C’est ce qu’il a indiqué ce vendredi 29 juillet, en ouverture de cette deuxième journée de session de l’Assemblée de Corse, lançant un appel solennel à l’État.
 
Reprenant les trois conclusions du rapport de l’inspection générale de la justice  sur l’agression mortelle d’Yvan Colonna, Gilles Simeoni fait état du « net défaut de vigilance » du surveillant de la maison d’arrêt d’Arles, de « la mauvaise exploitation des images de vidéosurveillance », ainsi que de « l’absence d’orientation de X (ndlr : Franck Elong Abé) en quartier d’évaluation de la radicalisation ».

Des annonces « insuffisantes »

Si la Première ministre Elizabeth Borne a décidé de déclencher des sanctions disciplinaires contre le surveillant défaillant et la cheffe d’établissement concernée, pour le président de l’Exécutif « ces annonces ne peuvent, à l’évidence, suffire à combler notre quête, notre exigence de vérité et de justice ».

« Peut-on croire un instant que le fait qu’Yvan Colonna ait pu être agressé, frappé, supplicié, assassiné, pendant une séquence de neuf minutes, sans que personne n’intervienne et que cette scène horrible, inouïe, sans précédent dans les annales de l’histoire pénitentiaire française, puisse procéder simplement d’une succession d’erreurs individuelles et de hasards ? », interroge Gilles Simeoni. Et de poursuivre : « Doit-on accepter de croire qu’il ne s’agit là que de la défaillance individuelle d’un agent de surveillance ou d’un chef d’établissement ? »
 
À ces interrogations, le président de l’Exécutif en ajoute une autre, « fondamentale » : « Comment un homme dont nous savons qu’il était d’une dangerosité extreme, identifié comme un terroriste islamiste radicalisé […] a-t-il pu à quatre reprises rester en détention normale ? » Pour Gilles Simeoni, aucun des deux protagonistes du drame n’aurait dû se retrouver en présence de l’autre. « Jamais cet homme n’aurait dû être en situation d’assassiner Yvan Colonna, il n’aurait pas dû être à Arles, si le droit avait été appliqué, mais à Borgo », assure-t-il, estimant également que « son assassin présumé aurait dû être ailleurs ».

« Tous les éléments n’ont pas été fournis »

Gilles Simeoni lance un appel, « de [sa] place de président du conseil Exécutif, pas celle d’un militant nationaliste, pas celle de l’ancien avocat d’Yvan Colonna, pas celle de l’ami de la famille, car son assassinat est un fait politique et pas un fait divers ». Cette appel solennel vise à ce que « soit dite toute la vérité sur son assassinat et sur la trajectoire terroriste de son assassin présumé », car, selon lui, « tous les éléments n’ont pas été fournis ».
 
« Je demande à l’État, à la Première ministre, au ministre de l’Intérieur, dont je ne veux pas douter de la sincérité et de la volonté de faire la lumière sur cette affaire, de regarder dans l’ensemble des archives de la DGSE de la DCRI, de l’ensemble des services spécialisés et de reconstituer l’itinéraire criminel de l’assassin présumé d’Yvan Colonna et de rendre public ce parcours parce que cela nous permettra comprendre un peu plus et un peu mieux pourquoi les choses se sont passées », détaille Gilles Simeoni.
 
« Cette vérité nous la devons à Yvan Colonna, à sa famille, à la Corse et à son peuple, et simplement à la cause de la vérité et la justice », conclut le président de l’Exécutif.