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Processus d’autonomie : Une deuxième réunion consacrée au modèle économique et social de la Corse


Nicole Mari le Jeudi 15 Septembre 2022 à 20:01

La prochaine réunion du Comité stratégique sur l’avenir de la Corse, instance de négociation entre la Corse et Paris, se tient ce 16 septembre au ministère de l’Intérieur, Place Beauvau à Paris. Elle inaugure le cycle de huit réunions thématiques par la question du modèle économique et social. Au menu de la matinée : un diagnostic de la situation et des dispositifs existants et la pertinence de l’évolution institutionnelle sur ce sujet. L’après-midi, la confrontation avec d’autres statuts d’autonomie. Deux questions urgentes seront posées sur la table par les parlementaires nationalistes : les carburants et le crédit d’impôt investissement.



Premier comité stratégique entre la délégation corse et le ministre de l'Intérieur, à l'hôtel Noirmoutier à Paris, le 21 juillet dernier.
Premier comité stratégique entre la délégation corse et le ministre de l'Intérieur, à l'hôtel Noirmoutier à Paris, le 21 juillet dernier.
C’est une longue journée qui se profile pour les 21 membres de la délégation insulaire qui participeront, vendredi, place Beauvau à Paris, avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à la première des huit réunions thématiques qui formeront le fer de lance du processus de négociations sur l’évolution institutionnelle de la Corse en vue de l’autonomie. L’ordre du jour a été acté, lors de la première rencontre, le 21 juillet dernier, à l’hôtel Noirmoutier, rue de Grenelle, qui a marqué l’ouverture du cycle du discussions et fixé la méthode et le calendrier. A savoir, un cycle de réunions sur une année avec une journée entière toutes les six semaines. Chaque journée étant consacrée à une des huit thématiques fléchées qui seront abordées les unes après les autres : le modèle économique et social, la lutte contre la spéculation foncière et immobilière, la fiscalité, la transition énergétique et environnementale, l’éducation et la formation, la santé, les infrastructures, l’insularité, l'Europe et aussi la langue, la culture et l’identité.
 
Aucun tabou, mais des lignes rouges
Le Comité stratégique sur l’avenir de l’île, mis en place comme cadre de ces réunions, débutera, donc, ses travaux vendredi à 10 heures du matin par une première séquence consacrée à la question économique et sociale. « Nous avons défini un programme de travail qui consiste à s’occuper des blocs de compétences de la Collectivité et des grands sujets qui intéressent les Corses. Nous allons nous revoir le 16 septembre pour parler du modèle économique et social, pour voir comment diversifier l’économie corse, financer ses actions, aider un système qui connait aujourd’hui des difficultés du fait de l’inflation », précisait Gérald Darmanin à l’issue de la réunion du 21 juillet. Le ministre avait fixé « deux lignes rouges : la Corse dans la République, et pas deux types de citoyens sur le sol de la République. Sinon, aucun tabou n’est à écarter, ni celui de la langue, ni celui de la culture, ni celui du modèle économique et social, ni celui du statut fiscal… Notre volonté est de travailler pour pouvoir proposer, soit des changements à droit constant, et cela, nos parlementaires pourront le porter, soit des changements institutionnels, voire constitutionnels, ou loi organique, dans ces cas-là, on peut imaginer qu’à la fin de notre cycle de concertation qui durera une année, nous les proposerons, si nous nous mettons d’accord, au Président de la République ».
 
L’autonomie en débat
Ce programme de travail consiste en clair à faire : « un état des lieux du sujet, les dispositifs institutionnels existants, leurs contraintes et leurs limites et la nécessité de réfléchir ou pas à d’autres dispositifs avec, à chaque fois, en transversalité, la question de l’évolution institutionnelle. On regarde ce qui ne marche pas et en quoi le statut d’autonomie nous permettrait de progresser sur les différents points », expliquait, dans nos colonnes, en juillet dernier, Nanette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. L’idée est d’améliorer ce qui peut l’être à droit constant et, à chaque fois poser, la question institutionnelle. « Chaque fois qu’on se posera les questions sur le bloc de compétences, on se posera aussi les questions institutionnelles ». La séquence de l’après-midi sera consacrée à la comparaison des statuts d’autonomie : « Nous ferons un rendu officiel de tous les statuts d’autonomie des îles de la Méditerranée pour que nous puissions être instruits des divers régimes qui touchent la Sardaigne, la Sicile, les îles Canaries, et un petit compte-rendu de toutes les évolutions du statut de la Corse qui n’ont manifestement pas répondu à l’intégralité des besoins de l’île de Beauté » indiquait-elle.
 
Les enjeux nationalistes
Dimanche après-midi à la Testa Vintilegna, lors de la rentrée politique de son parti, Femu a Corsica, Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de Corse, est revenu sur les deux enjeux principaux des discussions : une solution politique globale et historique et la nécessité d’engager toute la société corse à participer au processus. « Nous sommes porteurs d’un idéal qui s’inscrit dans le temps : la terre, la langue et le peuple. On ne peut pas nous opposer les enjeux du quotidien à ces revendications. Nous sommes prêts à parler de tout et des enjeux du quotidien, mais nous refusons de ne parler que de cela ! Il faut impérativement que la dimension historique du combat soit pleinement intégrée dans le processus qui est aussi là pour construire une solution politique globale à une question qui est posée depuis des décennies. Le second enjeu est d’impliquer tous les Corses, y compris la diaspora ».
 
Des dossiers urgents
Dans un communiqué publié la veille de ce comité stratégique, les parlementaires nationalistes de Femu a Corsica – les députés Jean-Félix Acquaviva et Michel Castellani, le sénateur Paulu Santu Parigi et le député européen François Alfonsi -, qui participent aux discussions, ont mis deux sujets « urgents » et « prioritaires » sur la table : les carburants avec la question du groupe Ferrandi, et « la restriction surprenante et injuste en matière d’application du crédit d'impôt investissement Corse (CIIC) qui frappe de plein fouet l'hôtellerie insulaire ». Les parlementaires nationalistes estiment que « ces décalages entre la situation vécue et l'entame du dialogue doivent être rapidement résolus ». De son côté, le seul parlementaire non nationaliste, le libéral Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, ne participera pas à la réunion, occupé par les journées parlementaires de son parti qui se tiennent depuis, ce jeudi, à Fontainebleau. Le député d’Aiacciu annonce, dans un tweet, qu’il s’est entretenu, ce jeudi, avec Gérald Darmanin sur le sujet.