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Présidentielles 2022 : Georges Kuzmanovic le candidat souverainiste qui s'intéresse à la question Corse


Michela Vanti le Dimanche 19 Décembre 2021 à 16:45

Ancien membre de La France Insoumise, conseiller et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne de 2017, Georges Kuzmanovic a fondé en 2019 son propre parti, République souveraine. En septembre 2021, il s’est déclaré candidat à l'élection présidentielle début pour défendre un projet « souverainiste et social ».
Ce candidat souverainiste qui s'intéresse à la question Corse, se présente aux lecteurs de CNI



Photo DR
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- Pourquoi avez-vous avez décidé de vous déclarer candidat pour l’élection présidentielle 2022 ?
- Je vous avoue que ce n’était pas prévu. Je n’avais pas configuré ma vie en vue d’arriver à la situation qui est la mienne aujourd’hui. Par contre j’ai toujours été un homme d’engagements : j’ai commencé à 21 ans comme humanitaire au Rwanda, juste après le génocide de 1994, puis j’ai continué de bien des manières, en particulier en servant notre pays. Je n’ai jamais été un professionnel de la politique, même si la politique a été une de mes passions. Je me présente car je ne supporte plus de voir la manière dont la France est sabordée, le plus souvent par ses propres élites. Je refuse d’accepter le dépérissement organisé de l’Etat dont les conséquences seront payées par les Français, sont déjà payées par nous tous. Nous avons tout pour réussir : une grande histoire, une culture qui rayonne dans le monde, une identité riche et plurielle, une agriculture diversifiée, la deuxième surface maritime mondiale ; la France est une puissance nucléaire et spatiale, un pays d’ingénieurs, de bâtisseurs et d’artistes, mais aussi de combattants, le pays qui a développé le système social le plus abouti, avec le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) après la Seconde Guerre mondiale, et le meilleur système scolaire – et tout cela s’efface. La France, sans raison, se rabougrit et devient une province étasunienne conforme. Elle se paupérise et perd son industrie. Elle n’est plus une Nation fière, avec un avenir pour sa jeunesse. Je ne le supporte pas. La trahison de certaines élites, tout comme la médiocrité d’autres, qui n’ont que ce prétexte pour justifier leur impéritie, sont intolérables – surtout si l’on songe aux défis majeurs et multiples auxquels nous allons faire face. L’époque n’est plus à la mollesse ni à la démission.
 
- Quel est le programme politique de votre mouvement République souveraine ?
- Nous visons avant tout à respecter et à faire appliquer les quatre premiers articles de la Constitution de notre pays, aujourd’hui bafoués, qui consistent à redonner aux Français la capacité de décider de leur destin collectif. Nous souhaitons défendre strictement la laïcité, rompre avec le néolibéralisme et promouvoir un État fort, porteur d’une stratégie dans chaque grand domaine. Nous sommes pour une économie redistributive, une bonne éducation pour tous, une sécurité assurée, une immigration choisie, mieux contrôlée et plus intégratrice. Autrement dit, nous voulons défendre les idées du Conseil national de la Résistance, qui avaient fondé la France d’après-guerre, un pays fort, grand, enthousiaste, uni et visionnaire, qui était alors souverain, maître de ses choix et donc de son avenir.  Nous représentons une offre politique radicalement différente de celle qu’incarne Emmanuel Macron. Mondialiste et atlantiste, il rêve d’une improbable souveraineté européenne tout en étant fondamentalement communautariste et anglo-saxon dans sa vision de la société. Libéral, il privilégie l’oligarchie sur le peuple, le Capital sur le travail, la réussite individuelle, en particulier financière, sur le bien commun. Il est pour un État faible. Emmanuel Macron, c’est l’Adolphe Thiers moderne qui vise à tout privatiser pour mettre en place un système dans lequel seuls les plus forts s’en sortent. Nous défendons l’exact opposé. « Reprendre le contrôle. Avec de Gaulle et avec Jaurès », voilà notre slogan. Nous dépassons le clivage gauche-droite tel qu’il est présenté dans les médias.

- Quels sont les piliers de votre programme ?
- Il faut une réforme profonde de l’impôt, tant les injustices fiscales sont criantes. Les classes moyennes et les petites entreprises sont tondues alors que les fraudeurs d’en haut et d’en bas s’en donnent à cœur joie. Compte tenu de la crise climatique, qui est un invariant qui s’impose à tous, tout cela doit se faire dans le cadre d’une nécessaire transition écologique. Je pense que tous ceux qui croient que cette transition pourra se faire sans le nucléaire mentent au Français. Nous ferons du nucléaire le cœur de la souveraineté de la France dans un monde où la course aux ressources et aux hydrocarbures augure de nombreuses tensions et de guerres à venir. Par ailleurs, je remettrai en place un service national d’un an, à composante militaire – obligatoire, mixte et rémunéré –, afin que les jeunes concèdent un impôt du temps au service des autres, dans différents domaines utiles à la collectivité. Enfin, le ferai de la lutte contre la pédocriminalité la cause nationale du quinquennat. Les crimes sur les enfants sont les pires, ils sont insupportables à tous et pourtant largement impunis.
 

- Vous dites avoir à cœur de pouvoir vous engager pour la Corse si vous étiez élu. De quelle manière ? 
- Je n’aime pas jouer la carte électoraliste à la petite semaine en prenant les citoyens pour des idiots, déclarant ici que la Corse m’importe, là-bas la Bretagne, etc. Par contre, si je suis élu Président de la République, je m’engage à mettre en œuvre un des aspects centraux de notre programme, à savoir aplanir les inégalités et les injustices entre les territoires. Et la Corse a des problèmes spécifiques, qui doivent être traités. Je crois ne pas trop mal connaître la Corse. L'ile a besoin d’être reconnue et respectée pour ce qu’elle est, avec ses valeurs et ses besoins particuliers. Ainsi, il est urgent de mettre fin à la spéculation immobilière et foncière en créant des conditions restrictives d’achat par des non-Corses, afin de permettre aux habitants locaux de devenir propriétaires chez eux et d’arrêter de se retrouver parqués à l’intérieur des terres. Aujourd’hui, les Corses en viennent à être minoritaires à certains endroits très touristiques, comme à Porto-Vecchio ou à Porticcio. Il faut donc instituer un statut de résident particulièrement strict, comme la majorité des Corses le demandent depuis longtemps. Il est également urgent de combattre sans merci la mafia. L’État est encore trop clément face à ce fléau, surtout quand on connaît les liens qui existent entre des mafieux et certains responsables politiques locaux et nationaux. Il y a aussi l’impératif d’aider la Corse à construire un grand incinérateur pour répondre au problème délicat du traitement des déchets. 

- Quelles sont les questions les plus urgentes à traiter sur l’île à votre avis ?
- Je vois quatre urgences : la reconnaissance de la culture et de la langue, la régulation de la spéculation immobilière et foncière, la lutte contre le crime organisé, le traitement des déchets. Sans oublier, mais c’est un problème national, d’offrir à la jeunesse un avenir par le travail, dans des conditions dignes, que ce travail soit industriel, agricole, tertiaire ou créatif. Il faut un immense plan de relance économique de type keynésien, coordonné par un État stratège qui sait ce qu’il fait et où il va.

- Vous avez dit avoir un conseiller pour les questions corses  
- Oui, Jean-Valère Baldacchino, un homme remarquable au parcours aussi sérieux qu’étonnant – mais je crois que c’est là une marque de fabrique République souveraine. Il est fin connaisseur de son île et passionné par son devenir, et la passion est un moteur fondamental pour soulever les montagnes. Il a grandi en Corse jusqu’à sa majorité, puis il a dû partir pour ses études et sa vie professionnelle, mais il y revient régulièrement. Un pur produit du cru. Il m’est précieux par sa connaissance directe de l’île, certes, mais aussi par ses analyses toujours transversales et pluridisciplinaires et surtout par le courage avec lequel il aborde les questions les plus ardues.

- En 2020 vous avez définissiez la Corse comme « l’incomprise de la République », pourquoi ?
- Vous faites référence à l’article que j’ai publié justement avec Jean-Valère Baldacchino, « La Corse, l’incomprise de la République », le 4 mai 2020, dans le magazine Marianne.  Nous pensons effectivement que la Corse est incomprise par l’État – même si ce n’est pas le seul territoire à souffrir d’incompréhension –, plus précisément par les élites politiques et administratives de notre pays. Elles sont allées trop souvent, après la Seconde Guerre mondiale, à l’encontre des attentes et du bien-être des Corses.  Il y a une méprise et une incompréhension au plus haut niveau : la Corse ne veut pas de l’indépendance, parce que de toute manière elle n’en a pas les moyens, surtout maintenant, face aux défis mondiaux qui nous attendent ; elle veut juste être respectée pour ce qu’elle est et voir ses problèmes spécifiques traités avec discernement.

- Pourquoi les Corses devraient vous faire confiance ?
- Je pourrais vous dire : parce que je les connais, que j’aime leur terre, à laquelle je m’intéresse depuis longtemps, et que j’ai conscience qu’ils sont une grande richesse pour le pays, de par leur position en Méditerranée, leur culture et leur histoire. Mais je ne suis pas le seul à le dire et à le penser. Par contre, je crois être un des rares à articuler un programme global cohérent, grâce à une équipe compétente issue de la société civile réelle. Ce programme vise le redressement de l’État, capable de redonner à la France sa souveraineté, c’est-à-dire les moyens de l’action. Cette souveraineté est la condition sine qua non pour réindustrialiser le pays et reconstruire son agriculture, conditions indispensables pour faire front face aux crises graves qui nous menacent collectivement – climatique, sanitaire, alimentaire, démographique, etc. –, mais aussi pour préserver les spécificités locales qui, si on ne reprend pas le contrôle, risquent d’être définitivement nivelées par le rouleau compresseur mondialiste.
La grandeur de notre patrie ne peut se faire contre ses territoires;

 


Qui est Georges Kuzmanovic

Je suis un homme d’expériences multiples et connais intimement différents milieux sociaux. Sans être un expert dans chacun de ces domaines, je sais ce que signifie être ouvrier, servir sous les drapeaux, enseigner, mais aussi travailler comme cadre dans une grande entreprise. Je sais ce que c’est de craindre les fins de mois mais je connais aussi la manière dont fonctionne la finance internationale. Je ne suis pas de ces politiques qui n’ont été que politiques toute leur vie, produits conformes de l’ENA qui décident de la vie des autres sur dossiers. Je connais la France et les Français de manière charnelle et sensible. C’est ma force. Je suis originaire d’une famille éduquée mais modeste. Mon père est d’origine serbe, ma mère est Française de Lorraine. Ce sont des familles d’ouvriers et de paysans, mes parents sont la première génération de diplômés dans leurs familles respectives. J’ai travaillé très tôt pour financer mes études : j’ai été ouvrier sur chantier, serveur, cariste, vendeur et poseur de papier-peint… Mais je suis aussi un produit de la méritocratie républicaine, car cela ne m’a pas empêché d’intégrer l’École normale supérieure en troisième cycle, d’étudier au Massachussetts Institute of Technology (MIT) aux États-Unis, ou de faire mes classes au 4ème bataillon de l’École militaire de Saint-Cyr. Je suis diplômé en sciences sociales, en géopolitique et en science politique. 
Je me suis engagé dans l’humanitaire, au Rwanda, au Congo, au Mali, puis en France, où j’ai œuvré dans un foyer pour sans-abri. J’ai été enseignant et militaire, dans la réserve opérationnelle, ce qui m’a conduit à servir notre pays en OPEX en Afghanistan. Je suis aujourd’hui formellement un ancien combattant, terme un peu étrange quand on songe aux deux grandes guerres du siècle passé, dans lesquelles avaient combattu mes grands-pères et arrière-grand-père, qui méritaient bien plus ce titre.
J’ai également travaillé à l’étranger, dans différents pays, entre autres aux États-Unis et en Russie, dont je connais bien tant la culture que la mentalité – je crois que cela compte sur le plan international. J’ai travaillé aussi près de dix ans dans une grande entreprise française, mais cette aventure a pris fin récemment : j’ai été mis à pied, comme par hasard, quelques jours après ma candidature à la présidence de la République…
Grâce à mes nombreuses expéditions tant professionnelles que personnelles, l’immense Patrice Franceschi, devenu depuis un ami, m’a fait l’honneur de me faire entrer dans la prestigieuse Société des explorateurs français.
Et puis, surtout, je suis marié et père de trois enfants ; nous formons une famille unie et heureuse, et la famille est le socle sur lequel on bâtit les choses durables.
Ma force, ce sont ces expériences diverses, cette connaissance pratique de la société dans ses différents aspects. Compte tenu des tensions et des dissensions dans notre pays, je crois que c’est un grand plus.