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Pour Femu a Corsica "2024, sera l'année de l'autonomie"


Laurent Hérin le Vendredi 5 Janvier 2024 à 15:45

Ce vendredi 5 janvier, se tenait, dans les locaux bastiais de Femu a Corsica, une conférence de presse. L'occasion pour le parti politique de la majorité territoriale de rappeler son engagement dans le processus d'autonomie de l'île



Ce vendredi, la conférence de presse de Femu a Corsica se tenait à Bastia © LH
Ce vendredi, la conférence de presse de Femu a Corsica se tenait à Bastia © LH
« Pace è salute », « bonne année », « meilleurs vœux » résonnent dans les locaux du boulevard Paoli de Femu a Corsica ce vendredi, à quelques minutes d'une conférence de presse. L'occasion pour le parti politique de la majorité de « poser les enjeux de la mobilisation d'ampleur à venir » au seuil d'une année qui s'annonce décisive pour l'île et à quelques jours de l'Assemblée générale qui se tiendra à Corte le 14 janvier prochain.
 

2024 : per l'autunumia

François Martinetti et Livia Volpei ont pris la parole © LH
François Martinetti et Livia Volpei ont pris la parole © LH
Autonomie : c'est le mot d'ordre de cette conférence de presse. François Martinetti, le secrétaire général, insiste d'emblée : « De nombreux défis se profilent devant nous. Au premier rang duquel se trouve le processus entre la Corse et l'état. 2024 doit être l'année de l'autonomie, de cette solution politique que l'on espère depuis longtemps. » Face à cet enjeu exceptionnel, à potentiel historique, il détaille la mobilisation militante d'ampleur organisée par Femu a Corsica et Fà Populu Inseme : « Nous devons continuer à convaincre, à enraciner notre message et contribuer à la réussite de ce processus politique. » Le secrétaire général rappelle que ce processus s'est ouvert en mars 2022, au lendemain de l'agression mortelle d'Yvan Colonna et qu'il doit déboucher « avant la fin de l'année » à une révision constitutionnelle. Cette réforme de la loi est non seulement une étape pour la mise en œuvre d'un statut d'autonomie, mais surtout une solution politique globale pour la Corse. « Cette perspective constitue une opportunité historique pour le peuple corse sur le chemin de l'espoir, de la paix et de l'émancipation, insiste François Martinetti. Elle nous permettra enfin de solder un demi-siècle de conflit et d'engager enfin des relations sereines entre l'île et la République française. »
Plus largement, l'ensemble du mouvement veut croire à la réussite de cette évolution de la constitution pour deux raisons majeures : la délibération « Autonomia » adoptée par 75 % des élus de l'Assemblée de Corse et la perspective d'un statut d'autonomie acté, devant cette même assemblée, par le président de la République en septembre dernier. « Reste maintenant à trouver un accord politique entre la Corse et Paris sur le contenu de ce statut d'autonomie » rappelle le secrétaire général avant d'insister sur l'avancée des travaux en cours afin de trouver des points de convergence et de définir l'armature de cette future loi organique. « Des espaces de discussion ont été ouverts par le Président du conseil exécutif afin de rassembler l'ensemble des forces politiques de l'île autour de ce projet » précise François Martinetti qui voit dans cet accord le moyen de :
- bâtir les conditions de l'épanouissement du peuple corse sur sa terre
- de maîtriser leur destin notamment au niveau économique, social, linguistique, culturel, démographique et environnemental
- et surtout de solder un conflit vieux d'un demi-siècle pour installer la paix et écrire une nouvelle page dans les relations entre la Corse et l'État

Une période historique
La vice-secrétaire, Livia Volpei, prend le relais. Elle insiste à son tour sur la Cunsulta generale de Femu a Corsica qui se tiendra le 14 janvier, à 13 h 30, à Corte et qui sera le point de départ d'une mobilisation militante d'ampleur pour faire, de 2024, l'année de l'autonomie. Cette assemblée générale sera l'occasion de tirer le bilan de l'activité de Femu a Corsica en 2023 et de tracer les perspectives et les enjeux à venir. Un hommage à Max Simeoni est également prévu suite à sa disparition en septembre dernier. « Il était un fervent défenseur de l'autonomie, insiste Livia. Il a inscrit ce combat dans une perspective européenne plus que jamais d'actualité. » Tracter, afficher ou organiser des conférences seront les maîtres-mots de l'action militante qui va s'intensifier tout au long de l'année parce que, comme le précise la vice-secrétaire : « Nous n'avons jamais été aussi proches d'atteindre cet objectif pour lequel nous combattons depuis des années. » Interrogé sur la démographie galopante, François Martinetti se veut positif. Il pense d'ailleurs que le statut d'autonomie peut apporter une réponse à ce « problème » tout en insistant sur l'intégration, notamment grâce à la langue corse. « Faire société et faire corps, comme depuis des années. La Corse a toujours fabriqué des Corses, déclare-t-il en faisant référence au discours paoliste. La boussole de Femu a toujours été la sauvegarde du peuple corse. »

Gérald Darmanin sur la selette ?

Si un éventuel remaniement ministériel doit avoir lieu, il n'est pas en mesure d'inquiéter pour autant les membres de Femu a Corsica. « Il n'y a pas de rupture sur le processus en cours, la révision constitutionnelle est sur la table. Le calendrier n’a pas changé » précise Louis Pozzo di Borgo. Le président de la CAB insiste : « Pour y participer, je peux vous dire que la Conférence des présidents est productive. Le texte commun avance même s'il y a encore des réflexions sur l’économie ou la langue corse. » À ce propos, le député Michel Castellani tient aussi à prendre la parole : « Nous attendons évidemment de savoir si Gérald Darmanin est maintenu à son poste puisqu'il est, depuis le début de ce processus, notre interlocuteur. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il compte venir très prochainement sur l'île. Nous sommes en contact permanent avec lui. Quand j'ai une question, c'est place Beauvau que je vais. » Plus largement, le député rappelle que quelle que soit l'hypothèse – remplacé ou maintenu – il faudra continuer à travailler sur ce processus « décisif pour les Corses d’ici et d’ailleurs. » Celui qui tient à rester un militant voit son rôle de député comme celui « d'un relais du peuple corse sur Paris. » Enfin, Michel Castellani insiste pour revenir sur un point évoqué un peu plus tôt par ses collègues : « Quand on parle de démographie, c’est quantitatif. Pourtant, c'est bien le qualitatif qui compte : depuis l’empire romain, et même avant, des peuples se sont intégrés en Corse. Au delà des différences individuelles, il faut s'appuyer sur l’aspect commun. » Avant de conclure : « C'est le projet commun qui fait une société. »