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Porticcio : Une classe dédiée aux enfants atteints de troubles autistiques à l’école Jean Ambroggi


Sylvie Gibelin le Mercredi 21 Février 2024 à 09:24

Six enfants autistes peuvent désormais être accueillis dans la nouvelle Unité d'Enseignement Maternelle au sein d'une école primaire Jean Ambroggi à Porticcio. C'est la huitième unité innovante de ce genre ouverte en Corse.



Six enfants atteints de troubles autistiques de la Rive Sud pourront désormais être accueillis dans une nouvelle Unité d'Enseignement Maternelle au sein de l'école  Jean Ambroggi à Porticcio. Son inauguration officielle, mardi 21 février, a réuni l'ensemble des partenaires signataires d'une convention qui vise à renforcer leur collaboration en faveur des élèves en situation de handicap. "Cette convention est une équation en fait : c’est d’abord une ambition républicaine, une déclinaison de la conférence nationale du handicap et des engagements du président de la république en direction des personnes en situation de handicap et en l'occurrence des enfants", a expliqué Marie-Hélène Lecenne, directrice de l’ARS (Agence Régionale de Santé). Le Recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, quant à lui, a souligné l’importance capitale de l’école inclusive : "Cette convention ancre le travail que nous devons faire, tant en matière de diagnostic partagé qu’en matière de poursuite du développement de la scolarisation des élèves en situation de handicap."
L’inauguration de l’UEMA (Unité d’Enseignement Maternelle Autisme) à l’école élémentaire Jean Ambroggi illustre cet engagement collectif. "Au-delà des déclarations d’intention, des cadres juridiques, qui doivent être là, il nous faut aussi des déclinaisons opérationnelles," a affirmé le Recteur. "C’est cela que nous voulons."

Ce projet, initié l’an dernier, a pu aboutir grâce à une collaboration fructueuse entre tous les acteurs, comme l’a souligné la directrice de l’ARS : "Cela ne peut fonctionner que si l’on a une communauté pédagogique et des acteurs médico-sociaux comme l’ARSEA, le partenaire de cette unité, qui travaillent l’un avec l'autre."

Par la suite, accompagnés de Valérie Bozzi, maire de la commune, les représentants ont visité l’école élémentaire Jean Ambroggi et sa maternelle, désormais dotée d’une UEMA, la huitième de Corse. “L’ouverture d’une unité dans une école comme la nôtre est vraiment bénéfique pour tout le monde. Autant pour les 6 enfants de l’unité, que pour le personnel et les enfants des autres classes. On apprend “à se connaître” chaque jour. Les enfants participent quotidiennement à des petites inclusions en fonction de leurs besoins. Les enfants des classes “ordinaires” grandissent avec les enfants de l’UEMA et c’est vraiment primordial parce qu'ils grandissent dans la bienveillance.” explique la nouvelle directrice Flora Saoli-Parigi.
Les représentants des parents d’élèves de l’école ont témoigné du même avis “lorsque la directrice nous a indiqué à la rentrée que cette unité allait ouvrir en novembre, nous avons tous trouvé cela extraordinaire” indique Julien. “Ce qui est important aujourd’hui c’est d’inclure ces jeunes enfants qui ont des difficultés avec les autres classes, dans l’espoir que l'autisme devienne un jour quelque chose de normal et accepté par tous, et je pense que si l’on en parle très tôt à nos enfants, c’est quelque chose qui peut devenir juste ordinaire. C’est le bel objectif de cette unité”.
 
Une équipe spécialisée
L’équipe éducative de cette UEMA est composée d’une éducatrice spécialisée, une éducatrice de jeunes enfants, deux AES (accompagnant éducatif et social), une psychomotricienne, neuropsychologue mais des orthophonistes interviennent également en libéral. Chaque enfant a un emploi du temps individuel, principalement basé sur des rituels. “Le but de cette classe est de remettre en route le développement de ces enfants dans sa globalité” explique une enseignante. “L’autisme impacte ce développement dans tout ce qui est lié à la communication, le langage verbal et non verbal, pointer du doigt, mais également la relation aux autres, regarder l'autre, le considérer, comment jouer avec, comment comprendre les émotions sur son visage." détaille la jeune femme. “On a une longue période d'observation pour voir le profil de chaque enfant, leurs réactions ou leurs non réactions”.

Beaucoup d’outils visuels sont présents dans la classe, tous les espaces de l’école ont été photographiés, tous les jeux également, de façon à pouvoir leur afficher un emploi du temps qui reprend tous ces éléments sous forme de pictogrammes qui leur permettent de communiquer avec tout le monde, à l’école comme à la maison. “Tout le travail se fait en partenariat avec les familles, qui sont nos partenaires les plus proches. Maintenant les parents sont au fait de notre fonctionnement avec les pictos, et ils les utilisent aussi à la maison pour des choses très diverses, demander une banane, de l’eau, à aller aux toilettes par exemple. Toutes ces choses-là, ils ne peuvent pas les faire naturellement. C’est très important qu’il y ait une continuité à la maison, c’est un travail au quotidien pour que les enfants rentrent dans la communauté au lieu d’être à côté” détaille l'’enseignante qui assure qu’il y a déjà énormément de changements, semaine après semaine, au rythme propre à chaque enfant.

En fin d’inauguration, la jeune directrice Flora Saoli-Parigi a tenu à remercier tout le travail qui a été fait en amont au niveau de la municipalité, de l’éducation nationale, pour que tout le monde prenne connaissance de ce qu'était l'autisme. “Plus on a été informés et formés, très modestement par rapport à des intervenants spécialisés, plus nos appréhensions se sont dissipées, et on voit déjà réellement le bénéfice de cette unité, avec des enfants de plus en plus inclus dans les différentes activités des autres élèves, que ce soit en récréation, en temps pédagogique ou à la cantine. Il y a vraiment un esprit d'équipe et c’est ça qui permet de les faire évoluer” a-t-elle conclu.