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Pierre Savelli : « Je m’engage à être à l’écoute de tous, je serai le maire de tous les Bastiais »


Nicole Mari le Samedi 4 Juillet 2020 à 19:18

Candidat à sa propre succession, Pierre Savelli a été élu maire de Bastia, samedi matin, lors d'une session d’investiture qui s’est déroulée au théâtre, par 33 voix sur les 43 conseillers municipaux nouvellement élus. Ses deux opposants du 2nd tour se sont présentés contre lui, ne récoltant chacun que les voix de leurs colistiers. Douze adjoints ont été, de la même façon, désignés, dont trois nouveaux, les alliés conservent leurs fauteuils. Après un discours où il a rendu hommage notamment aux autres listes nationalistes qui ont voté pour lui, Pierre Savelli, très ému, a déposé, comme c'est la coutume, des gerbes devant la statue de Pascal Paoli et devant le monument aux morts.



C’est envahi d’une vraie émotion qui l’a, un instant, privé de parole que Pierre Savelli a été réélu maire de Bastia. Une seconde fois qui vaut pour une première, puisqu’en janvier 2016, il avait accédé à la charge de Premier magistrat par une passation de pouvoir, remplaçant le maire élu Gilles Simeoni, devenu président de l’Exécutif territorial. Ce n’était, à l’époque, qu’une formalité, c’est, aujourd’hui, pour lui, une consécration rendue d’autant plus émouvante que le combat, avoue-t-il, « ne fut pas facile », pas plus que les 5 années qu’il a passées à la tête de la commune. Même s’il s’en défend, il a acquis, par ce scrutin où toute l’opposition l’avait déjà enterré politiquement, une légitimité personnelle par les urnes que personne ne peut désormais plus lui dénier. « C’est avec une émotion toute particulière que je prends aujourd’hui mes fonctions de maire de Bastia. Après Gilles Simeoni qui, en 2014, avait ouvert une page toute nouvelle de notre ville, aux côtés de Jean Louis Milani et d’Emmanuelle de Gentili. Après le 7 janvier 2016 où vous m’avez fait l’honneur de m’accorder votre confiance pour porter notre projet, pour continuer à mettre en musique ce que nous avions commencé à orchestrer ensemble depuis 2001. Mon émotion est renforcée car je connais aujourd’hui, encore plus qu’avant, la richesse de notre ville, de ses habitants, les qualités et la force de son administration et de tous ceux qui nous ont déjà accompagnés pendant ces six premières années. Je connais également mieux, toutes les difficultés que rencontre un trop grand nombre des habitants de notre chère ville et cela nous oblige », débute-t-il son discours d’investiture.
 
Un contexte particulier
Si la première élection de Pierre Savelli avait revêtu, de part l’accession des Nationalistes aux responsabilités régionales, un caractère assez exceptionnel, la seconde est également marquée par un contexte particulier, celui de la pandémie de COVID. Et c’est, donc, respect des règles sanitaires et de distanciation oblige, au théâtre de Bastia, et non à l’Hôtel de ville, que s’est tenue cette séance d’investiture du maire et de ses adjoints. Au parterre central, seuls les élus et la presse étaient admis. Sur les côtés, les deux députés de Haute-Corse, les conseillers territoriaux de Femu a Corsica et le Conseil municipal des enfants. Dans les tribunes, tendues de drapeaux corses, les partisans des vainqueurs, venus en nombre, n’ont pas boudé leur joie. Présidée par le doyen des élus et membre de la liste Bastia Piu Forte Inseme, Fanfan Dalcoletti, l’opération de vote s’est déroulée tranquillement, sous les ovations rythmées des militants. Les 43 conseillers municipaux élus, y compris ceux de l’opposition étaient présents. Les deux autres têtes de listes, Jean-Sébastien De Casalta, et Julien Morganti se sont aussi portés candidats au fauteuil de Premier édile, et ont, respectivement, obtenu 8 voix pour le premier, et 2 pour le second. Pierre Savelli a recueilli 33 voix sur 43 inscrits, la totalité des voix de la majorité municipale. Ce qui lui confère, à l’inverse de la mandature sortante, une majorité absolue avec sa propre liste, et, donc, à-priori, une sérénité qui a manqué durant les six dernières années.
 
Des hommages appuyés
Dans son discours, le maire n’a oublié personne. Ni les services municipaux qu’il a remerciés : « Grâce à vous tous, nous avons construit pierre par pierre des projets forts et porteurs de sens pour notre ville ». Trois projets structurants - l’Aldilonda, le Mantinum et le Spaziu Gaudin -, rappelle-t-il qui « sont le reflet de la ville que nous imaginons… Ces projets structurants, vous le savez, ne sont que la partie visible de l’iceberg, du travail que nous avons menés ensemble. Nous savons que le travail de proximité, dans l’action sociale, sur le terrain, dans les écoles, pour notre culture, pour notre langue, a été faramineux. Ce travail nous l’avons fait main dans la main, dans le respect du dialogue social. Pour cette mandature à venir, je m’engage à ce que nous continuions, dans le respect de chacun, à mettre en œuvre notre projet pour Bastia ». Ni l’opposition à qui il assure qu’elle sera « totalement respectée dans ses droits, dans ses convictions et dans son expression ». Ni un grand absent : le Parti communiste à qui il rend un hommage appuyé : « Je regrette que le Parti Communiste, présent dans le Conseil municipal depuis la Libération, ne soit plus cette fois-ci représenté. Nous étions souvent en désaccord mais partageons, avec les élus de ce courant politique, le souci de la justice sociale. Je souhaitais, au nom de cette histoire et des années pendant lesquelles nous avons siégé ensemble au Conseil municipal, leur rendre publiquement hommage ».  Ni les alliés de 2014, toujours là, et la force du partenariat avec Emmanuelle de Gentili, Jean-Louis Milani et Leslie Pellegri, soutenue par Europe Ecologie Les Verts. « Notre partenariat a été fort, il a été honnête, nous avons su tenir nos engagements réciproques, et nos engagements envers les Bastiais. Nous nous entendons mieux aujourd’hui qu’il y a six ans et cela est assez rare pour être souligné ».
 
Une main tendue ?
Ni les autres courants nationalistes dont il salue la large mobilisation ! Pierre Savelli se dit « forcément insatisfait » qu’ils n’aient pas de représentation élue. « Il conviendra de créer les conditions politiques pour que cette situation ne se reproduise plus… Nous n’avons pas pu trouver d’accord au 2ème tour avec les deux listes Corsica Libera/PNC et Core in Fronte… La très grande majorité des nationalistes a été au rendez-vous ce dimanche. D’abord, parce que les enjeux étaient trop importants et que personne ne voulait revenir en arrière. Ensuite, parce qu’ils connaissent les sacrifices qui nous ont amenés jusqu’ici. Ils savent que même si nous nous sommes ouverts à d’autres forces notre démarche est restée ancrée sur nos fondamentaux dans le droit fil des 40 années de lutte qui nous unissent ». Et de déclarer : « Le constat de désunion ne peut pas nous satisfaire, et il va falloir que nous nous mettions rapidement autour de la table, que nous retrouvions les voies du travail commun au service du peuple corse, de la démocratie, et de l’émancipation pour la Corse ».
 
Trois engagements
Réaffirmant qu’il sera, plus que jamais,  le maire de tous les Bastiais, il promet : « Je ne conçois notre ville que dans le pluralisme, dans le respect réciproque, et dans la concorde. Je ferai tout pour les renforcer et les faire vivre au quotidien, tout comme j’œuvrerai pour notre projet collectif. Il nous reste encore beaucoup de chemin à faire ». Il martèle les trois défis à relever pour cette mandature : « La solidarité, car trop de gens souffrent encore à Bastia. Nous prenons l’engagement de trouver les voies de l’émancipation sociale, d’œuvrer corps et âmes à la réhabilitation des logements et des quartiers qui trop longtemps ont été laissés à l’abandon. Nous continuerons de créer du lien autour de ce que nous sommes, en pensant toujours la langue corse comme un ciment de notre société ». Egalement l’écologie : « Notre mandature verra naître des nouvelles manières de se déplacer, des projets d’agriculture urbaine et également des nouveaux espaces naturels ». Enfin, la jeunesse : « Nous devrons pendant ce mandat, donner à nos enfants et à nos jeunes les moyens de l’émancipation, intellectuelle, sociale, culturelle et économique. Nous devrons leur donner de l’espoir, l’espoir d’entreprendre et de vivre tels qu’ils sont. Quandu vecu tutti ssi ghjovani, aghju da ripete ciò ch’aghju dettu in San Carlu : Site u nostru fior d’alisu è tuttu ciò chi femu, a feremu per voi ». 

Trois nouveaux adjoints
A été, ensuite, procédé à l’approbation à mains levées du nombre d’adjoints fixé à 12. Une seule liste d’adjoints, issus de la majorité, ayant été proposée, elle a recueilli le même score que le 1er édile. Pas de grands changements, quelques valses de places, et trois nouveaux entrants, symbole du rajeunissement de la liste : Lisandru De Zerbi, Laura Orsini Sauli et Don Pedro Luccioni. Comme la coutume l’exige, Pierre Savelli et son équipe ont rejoint la statue de Pascal Paoli en contrebas du théâtre où une gerbe a symboliquement été déposée par le Conseil municipal des enfants une gerbe avant d’effectuer, de la même façon, le traditionnel dépôt de gerbes devant le monument aux morts, Place Saint Nicolas.
 
N.M.