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Philippe Peretti : « Bastia a un patrimoine exceptionnel que nous allons valoriser ! »


Nicole Mari le Jeudi 14 Août 2014 à 23:59

Ville baroque par excellence, labellisée d’art et d’histoire, Bastia possède un patrimoine riche et varié, absolument incomparable en Corse. Pour Philippe Peretti, conseiller municipal de Bastia, adjoint délégué au patrimoine et professeur d’histoire, elle est même, de ce point de vue-là, hors-catégorie ! Il dresse avec érudition, pour Corse Net Infos, un état des lieux des trésors bastiais et dévoile la nouvelle politique de mise en valeur de la municipalité. L’objectif : mieux exploiter les richesses, les rendre plus accessibles et plus lisibles et en faire le vecteur du développement touristique de la ville.



Philippe Peretti, conseiller municipal de Bastia, adjoint délégué au patrimoine et professeur d’histoire.
Philippe Peretti, conseiller municipal de Bastia, adjoint délégué au patrimoine et professeur d’histoire.
 
- Pouvez-vous dresser un état des lieux du patrimoine bastiais tel que vous l’avez trouvé à votre prise de fonction ?
- La patrimoine bastiais reste ce qu’il est : merveilleux, considérable et, même, exceptionnel. Le Palais des Gouverneurs avec le musée de Bastia, ses jardins, ses vues et ses collections, est un bel outil à la disposition des visiteurs et du public bastiais. D’autres lieux sont, malheureusement, plus en difficulté. Des églises, comme Santa Croce, Santa Maria in Citadella et Saint Charles, méritent des travaux. Notre objectif est, bien sûr, de mettre ce patrimoine en valeur, de le rendre accessible et de mieux l’expliquer au public.
 
- Quelles difficultés rencontrent certains bâtiments ?
- Entretenir le patrimoine est un combat de tous les instants. Bien évidemment, le temps fait son œuvre et tout se dégrade. Certaines rues du centre-ville, du centre historique, sont dans un triste état. Les Palazzi, qu’on y trouve et qui sont souvent des propriétés privées, ne sont pas mis en valeur et se sont détériorés au fil du temps. Là aussi, notre objectif est, bien sûr, de rénover ce centre urbain et de privilégier, pour l’avenir, des parcours piétonniers. L’idée est de permettre aux visiteurs, aux Bastiais et aux Corses, de circuler en ville de la place Saint Nicolas vers la Citadelle par deux chemins, un chemin haut et un chemin bas, et de découvrir toutes nos merveilles. Des opérations débuteront prochainement.
 
- Quel sera l’axe principal de la politique patrimoniale de la nouvelle municipalité ?
- L’outil principal est le musée de Bastia qui n’est pas si mal placé. Une édition récente du journal des Arts dresse le palmarès des musées français. Pour la première fois, le musée de Bastia est classable dans la catégorie des musées de villes moyennes entre 20000 et 200000 habitants avec des critères très précis qui ne reposent pas uniquement sur la fréquentation. Malgré sa réouverture récente, il occupe le 60ème rang sur 150. C’est plutôt rassurant ! Il faut rendre hommage aux équipes qui ont travaillé ces dernières années. Néanmoins, je verrais bien une requalification, un reprofilage de l’exposition permanente et une amélioration des expositions temporaires. Sans porter de jugement de valeur, les expositions prévues pour cet été, tout en étant intéressantes, ne sont pas suffisantes.
 
- Que prévoyez-vous de faire dans ce domaine ?
- A mon avis, une longue exposition de six mois, englobant l’été, est l’idéal pour les années à-venir. Le temps permet de médiatiser, de communiquer et de dégager des recettes en vendant quelques produits. Le musée dispose, aussi, d’un fonds qui n’a, peut-être, pas été exploité comme il le fallait. Il est, notamment, dépôt d’archéologie marine. Il faut s’intéresser à ce fonds et le mettre en valeur. Dès le mois de septembre, nous exposerons quelques pièces pour montrer aux Bastiais les richesses qu’ils possèdent.

- Le musée dispose de plus d’un millier de m2 inoccupés. Allez-vous utiliser cet immense espace disponible ?
- Bien sûr ! Une partie sera employée pour accueillir l’exposition permanente telle que nous la prévoyons et qui pourra, ainsi, s’installer plus à l’aise. Nous commençons, déjà, à utiliser les jardins qui sont merveilleux avec leurs vues admirables sur Terra Vecchja, la ville basse. Ils sont, cet été, plus animés qu’ils ne l’ont été par le passé. Le musée est notre préoccupation première. Il joue un rôle essentiel dans le développement du quartier de la citadelle qui est en pleine évolution. Quelquefois les habitants et les riverains se plaignent de l’agitation nocturne, mais ce quartier vit et ne demande qu’à se développer.

La masse imposante du Palais des Gouverneurs génois domine l’entrée du port de Bastia. C’est ce bâtiment fortifié (une « bastia », équivalent du mot français « bastille ») qui a donné son nom à  la ville. Photographie de 1912 (collection particulière).
La masse imposante du Palais des Gouverneurs génois domine l’entrée du port de Bastia. C’est ce bâtiment fortifié (une « bastia », équivalent du mot français « bastille ») qui a donné son nom à la ville. Photographie de 1912 (collection particulière).
- Avez-vous des projets concernant le Palais des gouverneurs ?
- Bien sûr ! On fait visiter le Palais des gouverneurs sans se rendre bien compte de ce qu’a été le passé bastiais. La Corse a été conquise en 1769 par les Français qui ont pris le relais des Génois. Les Français aiment bien transformer les bâtiments en casernes. Il est bien malheureux que le Palais des gouverneurs l’ait été et ait perdu, ainsi, sa fonction de siège de gouvernement. Le palais des Nobles Douze et le pavillon d’entrée construit par les Français étaient aussi une caserne. Avec les militaires, tout l’intérieur a changé avec les chambrées, le bureau des adjudants, le corps de garde… L’escalier monumental a disparu. Le carrelage a succédé au plancher… Le palais a perdu nombre de ses éléments de prestige. On ne peut pas reconstituer le décor de l’époque, mais il me semble nécessaire d’exprimer, un peu mieux pour le visiteur, cette présence régalienne de plusieurs siècles.
 
- Qui étaient les Nobles Douze ?
- Des personnages très importants du passé corse. Ils représentaient, avec un certain cérémonial, les populations de nos pieve et de nos provinces auprès du gouverneur. Ils étaient, aussi, juges et rendaient la justice à côté du gouverneur. Le père de Pasquale Paoli, Hyacintu, était un Noble Douze. Lors d’A Notte di a Memoria, le 19 juillet dernier, nous avons reconstitué son fameux duel avec un noble bastiais. On désignait le Noble du mois qui accompagnait le gouverneur dans tous les actes civils et judiciaires. Ce personnage très important logeait, durant le mois de servitude, dans le palais du Conseil des Nobles Douze, situé juste en face du musée, qui abrite, aujourd’hui, la délégation du patrimoine. J’occupe, moi-même, l’ancien bureau d’un des Nobles Douze. Ce palais est dans un état déplorable. Ce n’est pas digne d’une ville de 45000 habitants dans un lieu qu’elle possède et qui est autant chargé d’histoire ! Ce n’est pas acceptable !
 
- Votre 1er travail concerne-t-il l’ensemble de la place du Donjon ?
- Oui. Bien sûr ! Cela fait partie de la valorisation du Palais des gouverneurs-musée de la ville. La Place du donjon a été très bien restaurée. Ce n’est pas un hasard si elle est devenue un lieu à la mode, un lieu fashion où les Bastiais se rendent avec intérêt, le soir. La façade des Nobles Douze avec ses arcades fait partie de l’ensemble, de la scénographie du Palais des gouverneurs. Bien que récemment rénovée, elle me paraît quelque peu dégradée. Il faudra l’améliorer. On ne pourra pas lui redonner, tout de suite, son aspect projeté par les Génois au début du 18ème siècle, mais elle nécessite un travail de valorisation.
 

Le salon Wurtemberg du palais Caraffa, tel qu’il était dans les années 1890. Aujourd’hui en mauvais état, le bâtiment doit être entièrement restauré en vue de son ouverture au public. Sa visite sera complémentaire à celle du musée municipal. Il présentera le cadre de vie des notables bastiais des siècles passés. ©Ville de Bastia – collection photographique palais Caraffa - cl. Tito de Caraffa.
Le salon Wurtemberg du palais Caraffa, tel qu’il était dans les années 1890. Aujourd’hui en mauvais état, le bâtiment doit être entièrement restauré en vue de son ouverture au public. Sa visite sera complémentaire à celle du musée municipal. Il présentera le cadre de vie des notables bastiais des siècles passés. ©Ville de Bastia – collection photographique palais Caraffa - cl. Tito de Caraffa.
- Un autre fleuron du patrimoine bastiais est le fameux palais Caraffa, toujours fermé. Que comptez-vous en faire ?
- A casa Caraffa fait partie de l’espace Saint-Charles. Avec son jardin, elle est propriété de la ville depuis quelques années. Elle est, effectivement, toujours fermée au public. Les objets, qui s’y trouvent, dont la fameuse bibliothèque, ont été inventoriés. On parlait d’en faire un musée des Arts décoratifs. Le service du patrimoine s’active. Il faudra reconstituer l’ambiance d’une belle résidence patricienne de centre-ville du 19ème siècle. Ce qui nous permettra de mettre en valeur de très belles choses, des objets du 18ème et du 19ème siècle et la bibliothèque, en faire un lieu de visite, une sorte de second musée de la ville.
 
- Son ouverture est sans cesse retardée. Pouvez-vous avancer une date ?
- Notre objectif, le mien, celui du maire Gilles Simeoni et de la municipalité, est d’ouvrir la maison Caraffa au public durant cette mandature. C’est une nécessité. Je n’ose pas donner de date pour ne pas souffrir d’ambition démesurée. Peut-être en milieu de mandat !
 
- Dans quel état est-elle ?
- La façade est très dégradée. L’état intérieur ne permet pas les visites du public. Il faudra, peut-être, trouver un mécène et faire appel à la mobilisation de tous ! Heureusement, beaucoup de Bastiais offrent de beaux objets et du mobilier à la Ville. C’est très bien ! Le but de ce projet est d’associer les familles. De nombreuses villes françaises possèdent ce type de musée, une belle maison patricienne, d’un riche industriel du début du 19ème siècle ou un hôtel de famille ou encore un hôtel parlementaire… Sur le parcours patrimonial qui ira du Port jusqu’à la Citadelle, la maison Caraffa deviendra un lieu incontournable.
 
- C’est le palais le plus connu. Combien y en a-t-il d’autres à Bastia ?
- Il y a une trentaine d’édifices très intéressants. Si on étend la conception du périmètre historique au 19ème siècle, il y a, sur le boulevard Paoli, des maisons remarquables. Des systèmes de subventionnement permettent, aujourd’hui, de rénover les façades. Un exemple : le palais Rivarola était la maison du fameux Rivarola qui s’est insurgé contre Gênes en 1740 et a négocié avec les cours européennes. Un de ses descendants, dont la mémoire est honorée à Oletta, est devenu Lieutenant-général à Malte. Le grand atout de Bastia est que l’on peut lire la ville, de sa fondation à l’époque de Léonello Lomellini, le 1er gouverneur génois, de 1386 jusqu’à aujourd’hui.
 
- Et Mantinum ?
- C’était la ville romaine dont on ne sait pas grand chose. Bastia est dominé par deux vieux villages : Cardo et Belgodère qui, situé sur la route de Teghime, a disparu. Il y avait deux marines, notamment Porto Cardo dont nous sommes les héritiers. La ville, telle qu’elle est aujourd’hui, est une création génoise. C’est tout à notre honneur ! Soyons même un peu prétentieux, Bastia est, par son importance patrimoniale, la 2nde ville après Gênes, de l’ancienne République ligure, l’ancienne Sérénissime.
 

Le chœur de l’église Saint Jean-Baptiste sert d’écrin à un exceptionnel maître-autel du XVIIe siècle, en marbres polychromes. Il a été réalisé à Gênes  en 1693, par Honoré Pelé, un sculpteur d’origine marseillaise. ©Ville de Bastia – cl. Jean-François Bumbt.
Le chœur de l’église Saint Jean-Baptiste sert d’écrin à un exceptionnel maître-autel du XVIIe siècle, en marbres polychromes. Il a été réalisé à Gênes en 1693, par Honoré Pelé, un sculpteur d’origine marseillaise. ©Ville de Bastia – cl. Jean-François Bumbt.
- Les églises sont une autre richesse de la ville. Dans quel état sont-elles ?
- Saint-Jean, qui est la plus connue puisque son image est toujours associée à celle de Bastia, est bien restaurée. Ses deux campaniles sont récents puisque, pendant longtemps, elle n’en a compté qu’un seul. La façade a été restylée à partir de la vieille église. C’est l’église des Corses qui fait face à la citadelle. Les deux églises de la rue Napoléon, l’Assomption et Saint Roch, sont deux merveilles baroques. En citadelle, la cathédrale Santa Maria était le lieu où les évêques de Mariana avaient leur chaire et officiaient. Quand le gouverneur s’y rendait, le Noble douze du mois l’accompagnait. Santa Croce est une véritable merveille, mais elle requiert des travaux urgents qui, j’espère seront, rapidement, votés par le Conseil municipal.
 
- Combien y-a-t-il d’églises ?
- Bastia a compté jusqu’à 23 églises ! Cet effort de construction a continué avec Notre Dame des victoires à Lupino. Une église remarquable dont l’architecte est Louis de Casabianca à qui le Palais des gouverneurs consacre, en ce moment, une très intéressante exposition.
 
- Que comptez-vous faire pour le centre historique ?
- Le Puntettu est le plus vieux quartier de Bastia. Il faut rendre piéton le centre historique, - u centro storico à l’italienne -, et y porter tous les efforts de réhabilitation tout en permettant aux gens d’y vivre. La piétonisation fait partie de notre programme municipal. Elle est une nécessité. Elle correspond à un mode de vie en cours en Toscane, comme dans de nombreuses villes du Sud de la France. Elle exige des parkings. Il faut, néanmoins, éviter la boboïsation du centre historique que seuls les plus riches arrivent à habiter à cause de la cherté des prix. Ce serait embêtant et ça ne marche pas ! Il n’y a pas de sauvegarde sans la vie populaire et les commerces de proximité !
 
- Vous parliez du Bastia du 19ème siècle. Son patrimoine est-il important ?
- Oui ! Il est exceptionnel avec, notamment, la place Saint Nicolas et les deux grandes artères de la ville. La rue César Campinchi, que les Bastiais appellent toujours la rue de l’Opéra, est dominée par le théâtre, construit par l’architecte Scala en 1878. C’est un formidable vaisseau avec sa terrasse, sa splendide et immense salle de spectacle, sa salle des congrès, sa bibliothèque Prélat… Ce bâtiment, bombardé en 1943, n’est pas tel qu’il devrait être !
 

Les voûtes de la cathédrale de Bastia sont ornées d’un riche décor peint, terminé en 1835. Il fut réalisé par une équipe d’artistes toscans. Les peintres Sforza et Tudicci ont réalisé les ornements en trompe-l’œil et Geronimo Sari s’est consacré au grand médaillon central. ©Ville de Bastia – cl. Pascal Renucci.
Les voûtes de la cathédrale de Bastia sont ornées d’un riche décor peint, terminé en 1835. Il fut réalisé par une équipe d’artistes toscans. Les peintres Sforza et Tudicci ont réalisé les ornements en trompe-l’œil et Geronimo Sari s’est consacré au grand médaillon central. ©Ville de Bastia – cl. Pascal Renucci.
- Bastia jouit du label de ville d’Art et d’histoire. Ce label peut-il être remis en cause ?
- Non ! Bastia le mérite. Il y a juste des contraintes à respecter dans l’évolution du PLU (Plan local d’urbanisme). J’aimerais que les jardins, le jardin Romieu et le jardin suspendu du Palais des gouverneurs, obtiennent le label de jardins remarquables. Le maire, Gilles Simeoni, y tient beaucoup. Un label permet de faire connaître et de situer un lieu ou un monument en réseau. Ces jardins forment un tout dans les parcours. Le jardin Romieu, qui domine le Vieux Port, est romantique et très beau. Il représente le plus bel accès de la citadelle à partir de la ville basse.
 
- Une ambition de la nouvelle municipalité est de développer le tourisme. La mise en valeur du patrimoine est-elle au cœur de cette stratégie ?
- Absolument ! Même si le tourisme est une compétence de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia). Son patrimoine est la chance de Bastia pour devenir une ville touristique. Le tourisme est une source d’enrichissement, mais il exige une ville propre, où l’on peut se promener à pied, où les monuments sont attirants, donc mis en valeur… Le musée joue un rôle essentiel. Enfin, il faut des lieux d’hébergement. La capacité hôtelière de la ville semble limitée. Un hôtel 4 étoiles est en cours de construction à la Citadelle. Ce chantier dans un centre historique et dans un quartier haut pose des problèmes de nuisance.
 
- Les Bastiais connaissent mal leurs trésors. Vous avez décidé de profiter de chaque manifestation dans un lieu historique pour combler cette lacune. De quelle manière ?
- Bastia compte de nombreux érudits, des passionnés d’histoire et de superbes bibliothèques privées. Des familles, génération après génération, ont travaillé sur le passé de leur ville. L’abbé Letteron, créateur du Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles qui a dépassé ses cent ans, est un des leaders de ce mouvement de compréhension historique. Mais il est vrai qu’il faut rendre vivante l’histoire de la ville et s’adresser à tous les publics. Nous avons beaucoup d’ambition concernant les animations, les évènements, les manifestations culturelles et artistiques, la fête… Nous voulons que, chaque fois, que ceux-ci s’appuient sur un monument historique, ce monument soit expliqué.
 
- Comme ce fut le cas pour la Saint Jean ?
- Oui. Michel-Edouard Nigaglioni, directeur scientifique du patrimoine, a présenté, à Saint-Charles, l’histoire de l’urbanisme bastiais devant un public nombreux. Le 19 juillet, pour a Notte di a Memoria, qui a remplacé la Relève des gouverneurs, Antoine Franzini a fait une conférence sur « le gouverneur, mode d’emploi » et a expliqué le rôle d’un gouverneur génois. Celui-ci était issu d’une grande famille de Gênes, nommé pour deux ans, et se déplaçait dans toute l’île pour recueillir les doléances dans les Atti Fatti in Visita. Il disposait d’une administration avec un vicaire général et était aidé par les Nobles Douze. Il faut, aussi, expliquer les excès de l’époque : on pendait facilement, on payait les têtes des bandits pour éradiquer les guerres privées fort nombreuses et on les accrochait à une potence. Tout cela se raconte sans pour autant totémiser l’histoire !

Philippe Peretti devant un panneau de la nouvelle signalétique patrimoniale.
Philippe Peretti devant un panneau de la nouvelle signalétique patrimoniale.

- D’où aussi la pose des panneaux ?
- Oui. Il s’agit d’une signalétique patrimoniale et culturelle en plusieurs langues. Les premiers panneaux ont été posés à la Citadelle. Ils expliquent le monument et le lieu. Nous allons, bien sûr, continuer à en placer sur le parcours principal qui va de la Place St Nicolas à la Citadelle. Une trentaine devrait être posée prochainement.
 


- Peut-on dire que Bastia possède le patrimoine le plus riche de l'île ?
- Bastia est hors catégorie ! Ce fut la capitale de l’île pendant les siècles de domination génoise et pendant le royaume anglo-corse. Sir Robert Eliott était installé dans la maison de Battisti, que les Français avaient précédemment utilisée comme intendance. L’ancien couvent des Missionnaires (actuel lycée Jean Nicoli) fut longtemps appelé par les Bastiais « u guvernu ». Les familles bastiaises étaient souvent très riches, opulentes, au courant de toutes les modes, et vivaient dans de belles demeures qui n’avaient rien à envier à celles des familles patriciennes de terre ferme, du continent. Ajaccio, ville fondée un siècle après Bastia, possède également un beau patrimoine. Bonifacio est aussi hors-catégorie, c’est une ville libre qui se développe… mais Bastia, c’est la continuité d’un patrimoine exceptionnel.
 
- Est-ce la ville baroque par excellence ?
- Oui ! D’abord par ses églises ! Le goût baroque y est très présent. Si on la classe, par rapport à ses voisines du Sud de la France, du Nord et du Centre de l’Italie, - la proximité géographique impliquant la proximité historique -, Bastia est indéniablement une cité baroque.
 
Propos recueillis par Nicole MARI

A l’intérieur de l’oratoire de la Conception, les murs sont tendus de damas de soie et les pilastres sont recouverts de velours de Gênes. L’usage des parements textiles muraux dans les églises de Bastia est une tradition génoise, introduite par le gouverneur Filippo da Passano, dès 1589. ©Ville de Bastia – cl. Jean-François Bumbt.
A l’intérieur de l’oratoire de la Conception, les murs sont tendus de damas de soie et les pilastres sont recouverts de velours de Gênes. L’usage des parements textiles muraux dans les églises de Bastia est une tradition génoise, introduite par le gouverneur Filippo da Passano, dès 1589. ©Ville de Bastia – cl. Jean-François Bumbt.

Construit à partir de 1703 à l’emplacement de boutiques, le pavillon des Nobles Douze était le siège des représentants élus du "Deçà des monts" (l’actuelle Haute-Corse), délégué auprès du Gouverneur génois. Le bâtiment abrite aujourd’hui la Direction du Patrimoine de la Ville. ©documentation Ville de Bastia – DGST – d’après les relevés du cabinet CITS.
Construit à partir de 1703 à l’emplacement de boutiques, le pavillon des Nobles Douze était le siège des représentants élus du "Deçà des monts" (l’actuelle Haute-Corse), délégué auprès du Gouverneur génois. Le bâtiment abrite aujourd’hui la Direction du Patrimoine de la Ville. ©documentation Ville de Bastia – DGST – d’après les relevés du cabinet CITS.