Corse Net Infos - Pure player corse

Paul-André Colombani : « Il faut un Ségur de la santé spécifique à la Corse »


Nicole Mari le Mardi 7 Juillet 2020 à 20:31

Six propositions à l’échelle nationale et onze propositions pour la Corse. C’est la contribution que vient de livrer le Député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, le Dr Paul-André Colombani, dans le cadre du Ségur de la santé, cette grande concertation pluri-professionnelles post-Covid, initiée par le gouvernement pour mettre en place une nouvelle politique de santé plus performante. Avec un axe fort : une méthode pour repenser le mode de gouvernance.



Le Dr Paul-André Colombani, médecin généraliste, député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, membre du groupe parlementaire Libertés & Territoires.
Le Dr Paul-André Colombani, médecin généraliste, député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, membre du groupe parlementaire Libertés & Territoires.
« C’est dans le cadre du Ségur de la santé initié par le gouvernement que j’apporte, en ma qualité de député de Corse-du-Sud, ma contribution à cette consultation nationale. Cette contribution a pour ambition de tirer les enseignements de la crise sanitaire du Covid-19 à l’échelle nationale, mais aussi et surtout à l’échelle de la Corse, région durement frappée par la crise du Covid-19 dont le système de santé est particulièrement en difficulté », explique, en préambule, sur son blog, Paul-André Colombani. « Si j’ai pu constater les ressources dont dispose notre système de santé local qui a su s’appuyer sur une mobilisation exemplaire de tous les acteurs de la santé corse, l’émergence d’une solidarité collective qui a permis de pallier les manques humains et matériels et notre formidable capacité de réaction qui nous a permis, face à l’urgence, d’inventer de nouvelles organisations pour répondre au mieux aux besoins de la population corse, cela ne doit pas occulter la nécessité pour notre politique de santé d’être à la hauteur des efforts fournis par tous les professionnels de la santé ».
 
Des spécificités ignorées
Pour lui, le constat est simple : le système de santé corse n’est pas à la hauteur. La raison : ses problématiques spécifiques ne sont pas prises en compte : « Durant cette crise, la Corse n’a pas fait l’objet de mesures prenant en compte ses nombreuses spécificités. La lourdeur de la technostructure du système de santé ainsi que l’absence d’une vision territoriale de sa gouvernance ont empêché de prendre des décisions qui auraient largement facilité la gestion de la crise sanitaire sur l’île ». Il a, donc, décidé d’organisé une série de consultations avec les acteurs du monde médical et socio-médical insulaire afin de recueillir leur ressenti sur ce Ségur de la santé et sur la gestion de la crise du Covid-19. L’objectif : bénéficier de leurs retours d’expérience pour mieux cerner les enjeux des réformes à mener et leurs attentes à cet égard. « J’ai ainsi eu l’occasion d’échanger avec les directeurs des hôpitaux d’Ajaccio, de Bastia, de Sartène ou encore de Bonifacio, avec les différents syndicats hospitaliers corses, les URPS, les directeurs des EHPAD, les services d’aide à la personne ou encore avec l’Agence régionale de Santé (ARS) de Corse. Nous avons défini ensemble une méthode de travail axée autour de 2 points essentiels : identifier les forces et les faiblesses de notre système de santé local en situation de gestion de crise et recueillir les demandes et les attentes des professionnels de la santé afin d’améliorer ce système », précise-t-il.

17 propositions
Ces contributions, le Dr Colombani les a traduites en une série de 17 propositions, dont 6 à l’échelle nationale et 11 spécifiques à la Corse.

6 propositions à l’échelle nationale

Proposition n°1 : Revaloriser les salaires des personnels soignants.
Proposition n°2 : Réformer la gouvernance des Agences régionales de Santé.
Proposition n°3 : Créer une commission d’enquête parlementaire ayant pour mission de récolter des éléments d’informations relatives à la gestion de la crise sanitaire de l’épidémie de Covid-19 par les autres pays européens.

Proposition n°4 : Développer le recours à la télémédecine.
Proposition n°5 : Créer une commission d’enquête parlementaire sur les conflits d’intérêts en matière d’expertise sanitaire.

Proposition n°6 :
Faciliter l’intervention des SSIAD dans les EPHAD.

11 propositions spécifiques à la Corse

Proposition n°7 : S’appuyer sur une méthode de travail qui a déjà fait ses preuves en Corse
Proposition n°8 : Repenser la méthode de financement des hôpitaux insulaires.
Proposition n°9 : Doter la Corse d’un Centre Hospitalier Universitaire.
Proposition n°10 : Doter la Corse d’un Centre Hospitalier Régional (CHR) et d’une Assistance Publique Corse
Proposition n°11 : Revaloriser le coefficient géographique de la Corse.
Proposition n°12 : Créer un service d’odontologie au Centre Hospitalier d’Ajaccio.
Proposition n°13 : Doter la Corse d’un dispositif spécifique de zonage infirmier.
Proposition n°14 : Pourvoir la Corse en médecins spécialistes.
Proposition n°15 : Proposer une formation d’Infirmier de bloc opératoire diplômé d’État (IBODE) en Corse.
Proposition n°16 : Créer un diplôme d’hygiéniste dentaire en Corse.
Proposition n°17 : Réformer la tarification des SAAD.

Des remèdes mi-juillet ?
Le Ségur de la santé, lancé en mai dernier par le gouvernement, a pour ambition de tirer collectivement les enseignements de la crise sanitaire liée au Covid-19 et de moderniser le système de santé français. Pour cela, il a pris le pouls de la profession médicale et médico-social à travers une série de consultations pluri-professionnelles qui reposent sur 4 piliers : transformer les métiers et revaloriser les soignants, définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins, simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes, enfin fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers. L’ancien Premier ministre avait promis d’en tirer un diagnostic et des « solutions fortes » la mi-juillet.