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Pascal Zagnoli, nouveau secrétaire national du PNC : "Les nationalistes ne sont jamais aussi forts que lorsqu'ils sont unis"


Naël Makhzoum le Mercredi 14 Décembre 2022 à 19:29

Réunis ce week-end à Corte, des centaines de militants du Partitu di a Nazione Corsa ont désigné Pascal Zagnoli comme successeur de Jean-Christophe Angelini en tant que secrétaire national du PNC. A 24 ans, le vice-président de l'Assemblea di a Giuventù - qui sera épaulé par Saveriu Luciani à la présidence du cunsigliu naziunale - livre ses premières impressions et dévoile ses ambitions pour le parti.



Pascal Zagnoli
Pascal Zagnoli
- Comment vivez-vous cette responsabilité qui vous a été confiée ? Et comment gérez-vous les doutes qui peuvent émaner en raison de votre jeune âge notamment ?
- Sur un plan personnel, c'est un honneur et une grande marque de confiance de la part de Jean-Christophe Angelini et des cadres du parti de me proposer d'en devenir le nouveau secrétaire national. C'est un parti vieux de vingt ans, structuré avec des militants, des élus à l'Assemblée de Corse, un député... D'un côté, on ne part de zéro mais de l'autre, il y a une historicité impliquant qu'il fallait mettre quelqu'un dont on pensait qu'il avait le niveau pour succéder à Jean-Christophe et assurer la tête de l'exécutif pour l'avenir. 
Malgré mon jeune âge, je pense faire preuve d'assez de maturité et de compétences pour assurer la mission qui m'a été confiée. Et surtout, je ne serai pas seul à la tête du navire puisque dans mon exécutif, il y aura beaucoup de jeunes et des militants qui sont là depuis vingt ans, qui connaissent bien le parti et le mouvement nationaliste, avec une historicité incontestable. Je pense aussi à Saveriu Luciani, qui sera le président de notre cunsigliu naziunale. J'aurai autour de moi une équipe homogène, entre jeunesse et expérience.

- Selon vous, quel bilan peut-on tirer après vingt ans d'existence du PNC ?
- Ce sont vingt années riches. Il faut se rappeler que le PNC a été créé en 2002, à une époque où la lutte armée clandestine était de mise. Le parti a été un des artisans de la pacification de la vie politique en Corse et des victoires de 2015, juin et décembre 2017. On retrouve au sein du PNC des militants historiques qui, à l'époque, étaient aussi dans d'autres mouvements nationalistes. C'est un parti à la croisée des chemins qui, par son passé, a marqué le mouvement national dans son histoire contemporaine. Mais c'est aussi un PNC avec de nouveaux visages qui préparent les vingt ans à venir.

- A court terme, quels vont être les premières missions à effectuer sous vos nouvelles fonctions ?
- Sur les jours et semaines à venir, la priorité pour nous va être avec le nouvel exécutif, de faire le tour de Corse pour aller à la rencontre de toutes nos sections, tous nos militants. On en a aux quatre coins de l'île, mais il va falloir restructurer tout ça, les rassembler, faire rencontrer ceux qui ne se connaissent pas encore et faire en sorte qu'il y ait une symbiose qui se reforme, pour véritablement se redéployer sur le terrain.

- Et à l'avenir, quelles sont vos ambitions et comment vous projetez-vous avec le PNC ?
Au PNC, on pense que malgré nos différences, nos divergences, les nationalistes ont vocation à se réunir autour d'une table à moyen terme, pour discuter et mettre en place une unité stratégique. Les nationalistes - et même globalement les Corses - ne sont jamais aussi forts que lorsqu'ils sont unis : on peut avoir ce supplément d'âme qui fait que rien ne peut nous arrêter. On va devoir être capables de solder les comptes, se mettre autour d'une table et travailler sur un projet clair d'avenir pour la Corse, en réunissant l'idéologie du mouvement national pour fédérer tous les nationalistes et faire en sorte qu'on puisse peser, tous ensemble, dans la même direction vis-à-vis de Paris.

- Corsica Libera s'est dit peu soutenu par les autres composantes et regrette notamment la division régnant dans la camp nationaliste. Comment pouvez-vous essayer de réunir le mouvement ?
- On regrette aussi cette désunion, notamment lors des dernières territoriales de juin 2021, même si elle n'est pas de notre fait. En ce qui me concerne, je ne me lamenterai pas - et au PNC non plus - sur notre exclusion de la majorité. On pense que tout ne fonctionne pas mieux depuis à la Collectivité de Corse, mais il faut surtout se focaliser sur l'avenir.
Comment peut-on recréer cette unité ? Je pense qu'il faut trois ingrédients : temps, dialogue et jeunesse. Il va falloir faire - en termes de querelles et d'égo - table rase du passé et espérer penser à la suite tous ensemble.

- C'est l'un des plus gros défis auquel vous devez faire face ?
- Notamment, oui. La Corse va plus ou moins mal dans tous les domaines. On est, proportionnellement parlant, en tête des consommations de stupéfiants, du décrochage scolaire, du taux de précarité... Je ne parle même pas du niveau culturel et linguistique, puisqu'on parle aujourd'hui de moins en moins corse, donc on perd la bataille sociétale, culturelle. Le solde naturel est négatif, il y a plein de critères alarmants.
Le PNC, mais surtout la Corse, est aujourd'hui à un point d'étape très important donc on doit tous en prendre conscience. Tout ne va pas se faire du jour au lendemain, mais on doit déjà essayer en interne de se redéployer, redynamiser notre parti, travailler sur une ligne politique claire, rénovée, voir quels sont les ressentis et besoins des Corses. Et puis, plus globalement, construire un projet et l'élargir à toutes les forces politiques de l'île, les syndicats, les jeunes et tout ce qui fait la force de la Corse.