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PNC : une rentrée aux Salines pour "réinscrire le réel corse dans le politique"


Cécile Orsoni le Samedi 2 Septembre 2023 à 16:26

C’est sur la place Jean Casili, dans le quartier des Salines à Ajaccio, ce samedi à 10h30, que le PNC a fait sa rentrée politique. Le parti souhaite remettre la Corse au centre du jeu politique et ne plus enfermer la discussion dans une relation exclusive avec Paris. Entretien croisé avec Jean-Christophe Angelini, fondateur historique du PNC, et Pascal Zagnoli, secrétaire national depuis le mois de décembre 2022.



Le PNC aux Salines (Photo Marcel Vincenti)
Le PNC aux Salines (Photo Marcel Vincenti)
- Pourquoi cette rentrée aux Salines ?
- Jean-Christophe Angelini : Les nationalistes - nous y compris - font de plus en plus souvent des conférences de presse depuis des tribunes, dans des salles de réunion pour parler de Paris et des discussions avec Beauvau. Nous, nous avons voulu réinvestir un quartier populaire pour parler du quotidien des Corses et des sujets qui fâchent : drogue, addiction, chômage et nécessité d’une prise de conscience pour ne pas circonscrire le débat à la seule relation avec Paris. Il faut réinscrire le réel dans le politique, et s’attacher enfin à résoudre les problèmes de ce pays et de ce peuple.


- Quels sont les enjeux de cette rentrée pour le PNC ?
- Pascal Zagnoli : La situation est préoccupante : difficulté d’accès au logement, disparités en terme d’accès a l’emploi, vie plus chère qu’ailleurs, manque de perspectives pour les plus jeunes. La Corse continue de pâtir des effets d’un afflux massif de populations extérieures qui met à mal ce que nous sommes. Dans nos valeurs, nos coutumes, nos traditions. Si la misère est moins dure au soleil, elle n’en demeure pas moins préoccupante. Sans céder au analystes populistes, le fait migratoire fait désormais partie des problématiques que doit se poser le peuple corse.
On observe également une recrudescence des drogues dans nos villes et dans nos villages et la reprise alarmante des assassinats ces quelques semaines. Dans une île où la jeunesse sera sous l’emprise mafieuse et enfermée dans le carcan de la drogue, il ne pourra jamais y avoir d’émancipation nationale. L’État porte une responsabilité historique dans la situation que connait la Corse aujourd’hui. Préférant combattre les nationalistes, il a laissé prospérer les bandes criminelles qui ont souvent annulé toute tentative de développement sur l’ile.


- Quelles sont vos propositions concrètes ?
- Jean Christophe Angelini : Pendant longtemps, le mouvement national a jeté un voile pudique sur les problèmes de société parce qu’il considérait qu’en réglant la thématique institutionnelle, on allait tout régler. Nous sommes là pour dire que même si la Corse, demain, devait être autonome – et on y aspire de toutes nos forces, c’est notre ligne depuis le début – rien ne serait régler pour autant de manière immédiate. Il faudrait encore du travail, des propositions et des solutions. Le PNC est attaché depuis des mois maintenant à un projet de société. Nous disons, par exemple, sur cette question migratoire, qu’il faut que l’Assemblée de Corse ait la compétence en matière de gestion des flux migratoires. Dans le cadre de processus de Beauvau, il n’en a pas été question. Même chose concernant la question des drogues, on doit avoir des réponses spécifiques contre les addictions de toute nature, mais il faut redonner une place forte à l’éducation, à la culture, et plus généralement à un projet économique qui exclut aujourd’hui des milliers de jeunes et qui devrait dorénavant leur permettre de retrouver une direction. Il y a aujourd’hui des pans entiers qui sont en jachère et que la collectivité elle-même n’investit plus. En cette rentrée, on veut inviter l’ensemble des nationalistes et des Corses à penser.


- Cela nécessite donc une concertation avec les autres groupes nationalistes ?
- Jean-Christophe Angelini : On a appelé par conférence de presse, par communiqué le mouvement national à se remettre autour de la table. On l’a fait quelques heures durant la session des 4 et 5 juillet lorsqu’il s’est agi d’aboutir à une délibération commune autour de l’autonomie. C’est déjà pas mal. Mais, depuis lors, plus aucun contact ni aucune volonté d’avancer ensemble. Nous en prenons acte. On ne va pas a chaque rentrée en appeler à des choses qui demeurent malheureusement sans écho. On va travailler a partir du PNC, d’Avanzemu, de nos ressources, avec tous les nationalistes, et si d’aucun veulent y participer, ils sont naturellement les bienvenus.
- Pascal Zagnoli : Nous restons persuadés que seule une démarche collective et unitaire pourra sortir ce pays de l’impasse dans laquelle elle se dirige chaque jour. Nous continuerons de refuser la logique de la majorité mécanique qui viendrait enfermer les opposants dans le rôle des aigris ou des mauvais perdants. Il existe des patriotes d’avant 2021 et même d’avant 2015 qui continuent de rêver d’un pays, d’une construction nationale, et qui n’entendent ni se résigner, ni courber l’échine.


- Quid du processus de Beauvau ?
- Jean-Christophe Angelini : Nous n’avons pas voulu en faire l’alpha et l’oméga de la rentrée politique. Ça ne doit pas permettre de nous exonérer de notre part de responsabilité et de notre lucidité collective quant aux vrais enjeux du moment. Les vrais enjeux sont autour de l’autonomie, mais aussi autour des autres sujets que nous avons évoqués aujourd’hui. Il faut maintenir une approche qui réconcilie les deux : le fait sociétal, les difficultés de la Corse et le fait institutionnel avec la discussion engagée avec l’État. Nous sommes historiquement dans une opposition aux stratégies de l’État même si nous aspirons qu’il soit un partenaire et plus un adversaire.
- Pascal Zagnoli : Même si la période consiste a miser sur Beauvau, nous n’oublions pas les fins de mois difficiles, les problématiques des chefs d’entreprises, des élus locaux et de ceux qui chaque jour tiennent ce pays à bout de bras. Incapacité à résoudre la crise des déchets, hausse des transports aériens et maritimes, absence de développement culturel et du développement de la langue corse, route à l’abandon, abandon des zones rurales… Le mutisme parisien concernant Beauvau ressemble tout autant à l’inertie de l’Exécutif territorial en ce qui concerne la gestion des affaires courantes de la Corse.