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PLU, aménagement de l'arrière-port, tenue unique à l'école : les projets de Bonifacio en 2024


le Dimanche 28 Janvier 2024 à 08:49

Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, liste les projets qui occuperont une bonne partie de son temps, ainsi qu'à ses services, en 2024. Il profite de cet entretien pour souhaiter Pace è Salute aux Bonifaciens et aux Corses, tout en appelant ses collègues élus "à faire preuve de responsabilité en mettant l'intérêt supérieur de la Corse au-dessus des engagements partisans et d'ambitions politiques futures."



Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, détaille les projets qui vont animer l'année 2024.
Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, détaille les projets qui vont animer l'année 2024.
- Le plan local d’urbanisme (PLU) sera inauguré cette année selon le calendrier que vous vous êtes fixé. Vous avez déclaré qu’il serait « suicidaire » de ne pas en élaborer un, malgré tous les écueils patrimoniaux et environnementaux qu’un PLU implique pour Bonifacio. Pourquoi, « suicidaire » ?
- Lors de la venue à Ajaccio de la commission nationale du développement économique, le maire de Vico avait pris la parole pour dire qu’il ne ferait pas de PLU, compte tenu de toutes les contraintes à en faire un. En termes d’urbanisation, il y a eu plus de possibilités d’urbanisation à Porto-Vecchio, qui est soumis au règlement national d’urbanisme, que chez nous, qui avons toujours été dotés d’un document d’urbanisme (jusqu’en février 2022, quand le tribunal administratif l'a abrogé). Mais je lui ai dit que je ne pouvais pas valider cela. Avec un PLU, c’est vrai qu’on ne choisit plus tellement les zones où on va construire, car le législateur a sorti tout un tas de lois qui nous ont enlevé notre capacité à choisir si telle zone sera constructible ou non. Mais les parcelles restantes, on peut choisir ce qu’on va y faire. Sans PLU, on peut avoir un supermarché à côté du cimetière… Et ce serait une faute politique que de laisser un tel laxisme s’installer. Et le deuxième point que je vois arriver gros comme une maison, c'est que nos amis législateurs - ceux qui ont décidé qu'il fallait plus d'étalement urbain, qu'il fallait densifier et avoir une construction verticale - sont en train de conditionner toutes les aides publiques par l'existence d'un plan local d'urbanisme. On n'a pas le choix, sinon ne va plus avoir de financement. 

- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? 
- Les lois qui sortent. Un exemple concret : nous ne pourrions plus être classés station balnéaire sans le PLU. Et c’est ce qui m’avait permis de garder mon office municipal du tourisme, sinon il fusionnait avec celui de Porto-Vecchio. Donc aujourd'hui, on n'a pas le choix.

- Vous souhaitez pouvoir accueillir 640 nouveaux habitants à l'horizon 2035. Comment avez-vous calculé cet objectif ? N’est-il pas trop ambitieux ? 
- Bonifacio a eu par le passé jusqu'à 4 000 habitants. Ce n’est pas une fin en soi d'avoir une augmentation démographique. Ce qu'il faut, c'est améliorer le quotidien des gens qui sont déjà présents. Cet objectif me paraît ambitieux, mais raisonnable. On souffre encore un peu aujourd’hui d’un déficit démographique.

- Mais compte tenu de la densité urbaine dans la citadelle et de la loi Zéro artificialisation nette (ZAN), où pouvez-vous encore construire ?
- Les lois qu'on me demande d'appliquer à Bonifacio sont les mêmes qu'à Cannes et à Aulnay-sous-Bois... Or je trouve qu’elles sont inadaptées à notre territoire. On va essayer d'aller d'abord en continuité d'urbanisation, tel que défini par la loi. Et je ne vous cache pas que, effectivement à Bonifacio, c'est un vrai casse-tête. Intra-muros, on cumule toutes les contraintes urbanistiques et au-delà, on est en rupture d’urbanisation. Il me reste à défendre quand même le principe de continuité d'urbanisme.  Il y avait 1 200 hectares constructibles dans le PLU de 2007, on sera en 2024 sur une diminution drastique. Il est évident que nous respecterons les espaces stratégiques agricoles et les enjeux sur les espaces proches du rivage. Je n'ai pas d'ambition en bord de mer, je cherche à densifier à l'intérieur. Je souhaiterais aussi pouvoir différencier la maison principale de la secondaire. Or aujourd'hui, le cadre législatif ne me le permet pas. Dans le cadre des discussions sur l'autonomie, j'espère que l'on pourra revendiquer le transfert de la compétence d’aménagement du territoire. Car aujourd'hui, les quelques hectares qui resteront constructibles pourront être ouverts, malgré moi, à la spéculation foncière. On va prévoir des zones où l'idée du bail social solidaire (qui dispose que l’on devienne propriétaire du logement, mais pas du terrain) puisse être possible.

- Les professionnels du tourisme éprouvent des difficultés à loger leurs saisonniers, à Bonifacio peut-être plus qu’ailleurs en Corse, compte tenu de la difficulté à accéder à la ville l’été. Vous souhaitez créer une Maison des saisonniers. Où en est ce projet ?
- Jusqu'à aujourd'hui, beaucoup d'entreprises de Bonifacio avaient tendance à préempter des appartements, notamment dans la vieille ville, pour y loger leurs saisonniers. Ce qui pose un problème, car ce sont des appartements qui sont enlevés du marché, pour les gens qui vivent à l’année à Bonifacio. A Monte Leone, nous avons du logement social en quantité importante, et on va y réaliser 30 nouveaux logements (15 en accession à la propriété et 15 logements sociaux) et dans ce quartier, il y a un parking. Je pense que c'est là que l'on risque de s'orienter pour créer cette maison des saisonniers, avec des logements sous forme de mini-studios. C’est du foncier communal où on va pouvoir faire un accès piéton à dix minutes de la ville. 

- Cette maison des saisonniers n’aurait pas pu être idéalement accueillie dans la caserne Montlaur, propriété de la Collectivité de Corse ? 
- Le président de l’exécutif de la Collectivité de Corse a dépollué le site et poursuivi les projets initiés par Paul Giacobbi. Je pense à la Maison des confréries. Il nous a vendu un terrain pour que l’on puisse y réaliser la crèche. Il est en train de réhabiliter le toit de la caserne génoise. Tout ça, ce sont des millions d'euros investis à Bonifacio et je l'en remercie. Dans la caserne génoise, j’ai un projet dédié au développement durable, à un espace muséographique et aux start-up. J'ai dit à Gilles Simeoni que dans la caserne française, je verrai bien se développer du logement permanent et je crois qu'il est d'accord. Reste à Gilles Simeoni à donner un coup d'accélérateur. Il me l'a promis depuis longtemps. Il veut garder la main, dont acte. Mais maintenant, c'est à lui qu'appartient l'avancement de ce projet.


- Vous souhaitez relier mécaniquement la marine et la haute-ville de Bonifacio. C’est-à-dire ?
- J’ai signé avec le préfet un CRTE (contrat pour la réussite de la transition écologique) dans lequel figure la mise en place d'un parking sur la Carotola, en contrebas de l'hôtel Genovese, et un moyen mécanique de joindre la marine et la haute-ville. Nous en sommes à des études techniques. J'aimerais bien que ce moyen mécanique puisse partir du local des phares et balises sur le port, pour que nous puissions arriver quasiment sur la place d'Armes en ville. Aujourd'hui, je souhaite que les gens puissent aller facilement du port de plaisance jusqu'à la haute-ville, et inversement. 

- Dans votre manière d’accueillir les touristes, quels seraient les axes d’amélioration ?
- Je pense qu'on a fait de gros progrès, notamment en termes de stationnement. Le projet majeur, c'est l'aménagement de tout l'arrière-port de Bonifacio. Hormis la gendarmerie et le restaurant Chez Francis, tout le reste sera bientôt propriété de la commune. L’idée est d’aller vers davantage de végétalisation dans les aires de stationnement, avec peut-être un système de gare routière, avec une place où on pourrait peut-être organiser des concerts. Je souhaite aussi qu'il n'y ait plus de route qui traverse le port, mais qu'elle fasse plutôt un contour pour avoir une vraie place publique. Je veux que les Bonifaciens puissent s’exprimer sur ce réaménagement. Ce n’est pas un projet qui aboutira cette année.

- Par rapport à votre feuille de route en 2024, quels autres projets souhaitez-vous évoquer ? 
- J’en vois deux qui concernent les affaires portuaires. La station d’avitaillement va quitter le quai nord pour aller au quai sud. C'est fondamental pour des raisons de sécurité. Le deuxième projet qui devrait débuter en septembre, c'est la construction de la nouvelle capitainerie. Elle se trouve dans des préfabriqués depuis des années, il était grand temps qu’on y remédie. Un autre projet qui est important pour Bonifacio, c'est le réaménagement du couvent Saint-François dans lequel on va installer les écoles de musique, de danse et de peinture. 

- Vous vous êtes porté candidat pour expérimenter l'uniforme à l'école. Pourquoi ?
- Mes détracteurs vous diront que c'est uniquement par suivisme, pour faire plaisir au président de la République. La réalité est toute autre. Je suis un homme de gauche, mais je ne suis pas sûr que mai 68 ait apporté que des bonnes choses. J'estime que l'école de la République est le pilier qui doit nous permettre de lutter contre le déterminisme social. Dans notre République, on peut faire en sorte qu'un enfant d'ouvrier ou de manutentionnaire puisse devenir ministre ou chef d'entreprise. Et pour ça, il faut lui donner toutes les chances. Et la cour de l'école, ça ne doit pas être le Championnat du monde des marques de vêtements. J'aimerais retrouver dans l'école ce qu'on retrouve sur les terrains de foot. Quand vous portez un maillot, il y a un vrai sentiment d'appartenance, ça crée une communauté et une solidarité. Je n’entends pas souvent parler de harcèlement dans le sport. En tout cas, je pense qu'il est moins présent qu'à l'école. Cette proposition, je l'ai faite dès la rentrée aux chefs d'établissement de Bonifacio, avant même que Gabriel Attal me sollicite pour que je fasse partie de ces écoles tests. Mais j'ai mis une condition : il est hors de question pour moi de l’imposer.