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Oletta : à "La Palmola" la gériatrie s'inspire de la médecine spatiale


Philippe Jammes le Dimanche 22 Mai 2022 à 16:36

Le docteur Jeremy Saget, qualifié en médecine aérospatiale et en gériatrie, a récemment donné dans les jardins du centre de soins de suite et de réadaptation La Palmola à Oletta, deux conférences intitulées « De la médecine spatiale à la gériatrie », destinées aux patients, aux soignants et au public en général. Elle a démontré les liens étroits entre la médecine spatiale et la gériatrie.



Oletta : à "La Palmola" la gériatrie s'inspire de la médecine spatiale
Le docteur Jeremy Saget, médecin de vol parabolique pour les agences spatiales, instructeur pour les vols de découverte de l'impesanteur et ancien chef d’équipage de missions de secours hélicoportées en zones d’accès difficile pour les Nations-Unies, titulaire d'un master européen de recherche en sciences de la cognition, est arrivé au CSSR La Palmola d’Oletta en mai 2020.


Manifestant un grand intérêt pour les problématiques de télémédecine depuis 2004 et il a participé à l’organisation du congrès Medispace en 2019 pour l’application des innovations spatiales au secteur de la Santé.  Venu au CSSR Palmola initialement pour un mois, il y est toujours. Sensible aux nouveaux axes dans lesquels l’établissement s’est engagé et à son fort potentiel, il a décidé de s’investir durablement aux côtés de la direction de cet établissement de santé qui considère que les enjeux tant médicaux que sociétaux de la gériatrie sont un territoire fertile à l’exploration et à l’innovation.


Une médecine spatiale qui s’ouvre à tout
« La médecine spatiale n’est pas une médecine de niche c’est une médecine qui conduit à des applications dans tous les domaines de la médecine » souligne le docteur Saget. « Je passe d’un laboratoire en vol, avec Novespace, par qui toutes les agences spatiales européennes volent et s’entraînent, à un laboratoire en gériatrie, qui est la Palmola. C’est l’expérimentation qui me motive, tout comme l’attrait pour le fragile et le vulnérable et surtout la chance de travailler, tant pour Novespace que pour le CSSR, au sein d’une équipe engagée et qui avance dans des missions qui font sens ».


Ces deux conférences passionnantes donnent une idée des rapports étroits entre la médecine spatiale et la gériatrie. « Depuis 60 ans existe un dialogue soutenu entre la médecine spatiale et la médecine terrestre » explique Astrid Bonavita, directrice de La Palmola, « par exemple télémédecine, médecine en situation isolée ou de catastrophe, algorithmes d’imagerie, miniaturisation, formation des non-médecins aux urgences médico-chirurgicales, avec beaucoup d’enjeux sociétaux actuels. Les contraintes spatiales se sont par ailleurs avérées comme merveilleux vecteur d’innovation et de transfert technologique comme IRM, pompe à insuline, cœur artificiel, robotique chirurgicale, tests sanguins rapides, thérapie photodynamique, prothèses et exosquelettes, aliments lyophilisés et enrichis, textiles intelligents et capteurs, etc. avec des applications aujourd’hui omniprésentes en santé. Mais ce que l’on imagine peut-être moins c’est que les retombées des missions spatiales de longue durée concernent en premier lieu le reconditionnement et la réhabilitation dans le champ du vieillissement, qui se trouve aussi au cœur de la prise en charge en SSR à orientation gériatrique.

L’astronaute est en effet un modèle particulièrement instructif du vieillissement et de la sédentarité. Les modifications physiologiques liées à l’impesanteur ressemblent à la sénescence pour tous les organes et systèmes : une mission spatiale de 6 mois prend l’apparence d’un vieillissement de 10 à 20 ans de l’organisme. Au cours de ces conférences données dans notre établissement, le grand public a pu ainsi découvrir en quoi la médecine spatiale résonne fortement avec la gériatrie et ce que l’une a à apprendre de l’autre. La gériatrie c’est forcément un projet global qui ne convoque pas seulement le savoir-faire chez les soignants et les médecins, mais du savoir-être. Ces moments partagés tous ensemble permettent aux patients d’adhérer au projet thérapeutique, de ne plus subir les actes de soins, parfois vécus comme dégradants. Ici nous faisons tous équipe, nous sommes une vraie équipe couteau suisse. Et tout le monde s’investit. Pour exemple pour venir en renfort aux soignants, le gérant et le directeur médical  n'hésitent pas eux-mêmes à pousser les chariots des repas ! 
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